Avez-vous mordu à l'hameçon d'Hélène Boudreau? On vous explique le «rage bait»


Andrea Lubeck
Hélène Boudreau affirme avoir voulu faire du rage bait en publiant une vidéo dans laquelle on la voit simuler l’allaitement du bébé d’une amie. C’est quoi, exactement, le rage bait et qu’est-ce que ça donne? On vous explique.
• À lire aussi: La vidéo d’Hélène Boudreau n’a «rien de sexuel», selon la DG du Mouvement allaitement Québec
• À lire aussi: Vidéo de bébé allaité par Hélène Boudreau: une avocate explique pourquoi la fille de l'UQAM n’a rien fait d’illégal
«La vraie raison de cette vidéo c’était pour faire du rage bait. C’était vraiment maladroit de notre part, j’en conviens, et très, très immoral et un manque d’éthique flagrant», s’est justifiée la créatrice de contenu dans une vidéo publiée mercredi. Celle-ci a depuis été supprimée.
«J’utilise beaucoup le rage bait dans certaines de mes vidéos pour que les gens soient enragés dans les commentaires et que ça apporte plus de commentaires et plus de hate. Ça a fonctionné, mais ça beaucoup, beaucoup trop fonctionné.»
Le rage bait, que l’on peut traduire par «incitation à la colère», est une technique de création de contenu qui vise à attirer l’engagement sous forme de commentaires, de partages ou de mentions j’aime en faisant délibérément des publications qui suscitent la colère.
«Comme les modèles des médias sociaux sont basés sur le fait de retenir l’attention (...), ça va faire en sorte qu’on va créer du contenu pour faire des réactions», souligne Laurence Grondin-Robillard, professeure associée à l’École des médias de l’UQAM.
Et il s’avère que la colère est un excellent vecteur d’engagement.
«J’interagis avec ce contenu-là sous le coup de l’émotion, j’écris un commentaire. Parce qu’un commentaire vaut plus qu’un like aux yeux des plateformes, cette vidéo-là va circuler et elle va être offerte à d’autres personnes qui seraient aussi susceptibles de réagir», illustre la professeure Grondin-Robillard.
Comment reconnaître du contenu rage bait?
«Dès que la vidéo commence et que vous ressentez un malaise avec celle-ci ou qu’elle suscite une émotion trop forte», vous avez affaire à du rage bait, explique-t-elle.
Un autre indice qui ne ment pas: si la publication compte de nombreux commentaires offusqués, enragés ou d’insultes envers le créateur du contenu ou son sujet qui font que la conversation perdure dans le temps, ajoute la professeure.
«Le problème, c’est que ça [le rage bait] peut laisser place à davantage de problématiques. Ça polarise le public et ça alimente les algorithmes des plateformes. Ça peut favoriser la désinformation ou la déformation des propos de certaines personnes, surtout quand on reprend des extraits hors contexte juste pour faire réagir», dit-elle.
Laurence Grondin-Robillard s’inquiète finalement des impacts des contenus de type rage bait sur la santé mentale des créateurs de contenu. Même si ces derniers cherchent à faire réagir avec leurs publications, les commentaires haineux qu’elles suscitent peuvent être difficiles à recevoir.