Au moins 12 ans de prison pour la nettoyeuse de la mafia

La « nettoyeuse » de la mafia qui a aidé un tueur à gages à éliminer deux frères chez elle, à Saint-Jude, a écopé de la prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant d’avoir purgé au moins 12 ans derrière les barreaux. 

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« L’emprisonnement à perpétuité demeure donc telle une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête pour le reste de ses jours », a commenté le juge Éric Downs en condamnant Marie-Josée Viau, vendredi, au Centre judiciaire Gouin, à Montréal.

Viau, 47 ans, est une technologue en génie civil qui, à la suite d’une rencontre avec un mafieux, s’était mis en tête de se hisser dans les rangs du crime organisé traditionnel italien. Elle avait ainsi permis à un criminel d’entreposer des armes à feu chez elle, en Montérégie, et le laissait les tester sur sa propriété.

« Cela l’a conduite sur une route extrêmement dangereuse et périlleuse », a expliqué le magistrat.

Nettoyage

Car, de fil en aiguille, Viau a fini par comploter le meurtre des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, en juin 2016, puis a assisté le tueur. Par la suite, elle a fait disparaître toute trace des crimes en nettoyant la scène.

« Elle se débarrasse des corps des deux victimes en les brûlant et en disposant des restes, a rappelé le juge. Elle se débarrasse également du véhicule dans lequel ces derniers sont arrivés. »

Les corps n’ont jamais été retrouvés et l’affaire aurait pu ne jamais être élucidée, mais, trois ans plus tard, l’assassin s’est lui-même rendu à la police pour confesser ses crimes. Il est ensuite devenu agent civil d’infiltration et a pu recueillir des déclarations incriminantes de la bouche de Viau elle-même.

Douleur

Cela avait mené à l’arrestation de Viau, mais aussi à celle de son conjoint Guy Dion. Cet ex-chef pompier de Saint-Jude a été acquitté au terme de son procès. 

Viau avait pour sa part été reconnue coupable de meurtre au deuxième degré, ainsi que de complot pour meurtre. Au procès, elle avait juré n’avoir jamais brûlé les cadavres, mais plutôt les avoir abandonnés chez un certain « Guidou », qui habitait dans une municipalité proche de Saint-Jude.

« Marie-Josée Viau a volé notre famille, nous n’avons pas de cimetière à visiter quand nos cœurs souffrent ni pour leurs anniversaires. Non seulement elle n’a pas eu le cœur de laisser les corps pour faire notre deuil, elle les a fait disparaître, comme s’ils n’avaient jamais existé », avaient commenté des proches des victimes lors des observations sur la peine.

Le juge a d’ailleurs rappelé qu’encore aujourd’hui, « un gigantesque sentiment de vide habite toujours les proches, plus particulièrement lorsqu’ils se retrouvent en famille ».

« Les souffrances sont toujours aussi omniprésentes et ne semblent pouvoir s’estomper », a ajouté le magistrat en souhaitant aux proches de « trouver la paix ».

La Couronne réclamait la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant une période de 15 à 17 ans d’incarcération, tandis que la défense suggérait une période de 10 ans. Le jury qui a entendu l’affaire recommandait lui aussi 10 ans. 

Le juge a finalement tranché qu’une période de 12 ans était plus appropriée.