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L'article provient de 24 heures

Armes «cruelles»: pourquoi il faut craindre le retour en force des mines antipersonnel?

Un drapeau servant à indiquer la présence d’une mine antipersonnel lors d’un exercice militaire en Ukraine, en 2023.
Un drapeau servant à indiquer la présence d’une mine antipersonnel lors d’un exercice militaire en Ukraine, en 2023. AFP
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Gabriel Ouimet

2025-07-09T20:09:27Z
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Interdites par le droit international, les mines antipersonnel reviennent en force, notamment sur les champs de bataille en Europe. On vous explique pourquoi ces armes «cruelles» et imprévisibles inquiètent.

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Depuis juin, six pays voisins de la Russie ont indiqué à l’ONU leur intention de se retirer de la Convention d’Ottawa, un accord signé par plus de 160 pays qui interdit l’utilisation, le stockage, la production et le transfert de mines antipersonnel depuis 1997.

La Lituanie, l’Estonie, la Lettonie, la Pologne et la Finlande et l’Ukraine estiment qu’en disposant des mines antipersonnel le long de leurs frontières, ils pourraient mieux se défendre contre la Russie.

L’ONG Handicap international tire la sonnette d’alarme et s’inquiète d’un «tournant dramatique» qui pourrait avoir des conséquences importantes pour les civiles. 

Voici pourquoi les mines antipersonnel préoccupent autant.

1- Un danger pour les civils

Les mines antipersonnel, ce sont de petits engins explosifs enfouis dans le sol, ou cachés à sa surface, qui se déclenchent lorsqu’une cible passe dessus ou à proximité.

Elles servent généralement à ralentir la progression de l’armée ennemie en zone de combat.

Bien que restreint par un traité international – que Moscou et Washington n’ont pas signé –, leur usage augmente chaque année dans le monde, notamment en Ukraine. 

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Le problème, c’est qu’elles sont invisibles à l’œil nu et souvent utilisées dans des champs, des terrains vagues ou des forêts à proximité de zones habitées.

Résultat: plus de 1500 civils ukrainiens ont été blessés ou tués par ces engins entre février 2022 et mai 2025.

En 2024, ce sont plus de 5757 personnes qui ont été blessées ou tuées par des mines terrestres et des restes explosifs de guerre dans le monde.

Cela représente une augmentation de 22% par rapport à 2022.

Une grande partie de ces victimes, soit 84%, étaient des civils, et 37% des enfants, selon Handicap international. 

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

2- Des armes «barbares»

Si les mines antipersonnel sont interdites, c’est aussi en raison de leurs effets dévastateurs permanents sur les individus et les communautés visées.

Il faut savoir qu’il existe plus d’une centaine de types de mines antipersonnel.

Certaines explosent dès qu’elles sont déclenchées, tuant instantanément leurs victimes, alors que d’autres infligent des blessures qui mènent à des amputations ou à la cécité, en plus de provoquer des traumatismes psychologiques importants.

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Par exemple, les mines à fragmentation dispersent de petites pièces de métal tranchantes en explosant. D’autres mines sont quant à elles projetées dans les airs avant d'éclater.

Pour ces raisons, les chirurgiens de guerre considèrent que les blessures causées par les mines antipersonnel sont parmi les plus difficiles à traiter, selon un rapport publié par la Croix rouge en 2007.

3- Un danger pour plusieurs décennies

L’autre enjeu majeur, c’est qu’une fois activées, les mines antipersonnel peuvent rester enfouies dans le sol pendant des décennies avant d’exploser de manière imprévisible.

Des mines posées au Vietnam pendant la guerre, il y a presque un demi-siècle, continuent ainsi de tuer et de mutiler plusieurs centaines de personnes chaque année. C’est la même situation au Cambodge et au Laos.

Il est d’ailleurs presque impossible de savoir où se trouvent les explosifs qui n’ont toujours pas été déclenchés, ce qui en fait des armes «cruelles», selon le professeur au département des études de la défense au Collège militaire royal, Éric Ouellet.

«En théorie, quand une armée utilise des mines, elle doit cartographier le secteur où elles les utilisent et bien marquer où se trouve chaque mine, pour savoir combien il y en a et pour participer à l’effort de déminage si jamais le conflit prend fin. Mais c’est très rarement fait», expliquait-il en entrevue avec 24 heures en 2022.

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