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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Après le fiasco SAAQclic, un autre scandale moins bruyant qui risque de coûter cher au Québec

Photo Stablex/BAPE
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Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

2025-03-13T04:00:00Z
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Il existe une bombe à retardement à Blainville. Un site d’enfouissement de déchets toxiques, géré par l’entreprise américaine Stablex, est situé tout près de résidences, d’un esker et de la tourbière de Blainville.

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Depuis son installation, cette entreprise ne cesse de vouloir plus de territoire pour continuer à enfouir du mercure, de l’arsenic, du plomb et j’en passe dans les sols de Blainville, mettant à risque toute une région d’une grave crise écologique et sanitaire.

Que Stablex demande un territoire comptant 580 000 m2 de zones boisées et 90 000 m2 de milieux humides habités par plus de 190 espèces vivantes, dont plusieurs sont protégées, je le comprends! C’est une entreprise dont le seul objectif est de faire pousser des dollars.

Mais que le gouvernement Legault la soutienne, en déposant un projet de loi au détriment de la population de Blainville, de la région et des agriculteurs ainsi que de ses engagements internationaux sur la biodiversité, je reste sans voix.

Bien que le BAPE ait recommandé de ne pas autoriser ce projet, puisqu’il est «inconciliable avec les intérêts de la population et le rôle écologique de la tourbière de Blainville», le gouvernement choisit, par le projet de loi 93, de forcer la Ville à lui vendre le terrain pour le donner sur un plateau d’argent à Stablex, qui le convoitait.

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Il faut savoir qu’en moins de deux ans, ce gouvernement aurait autorisé qu’on empiète sur plus de 10 millions de mètres carrés de milieux humides où vivaient des espèces menacées.

Y a-t-il un ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs dans ce gouvernement?

Une bombe à retardement

Au-delà du débat entourant l’agrandissement du site, l’enjeu fondamental demeure la fiabilité du procédé (il a été breveté au Royaume-Uni en 1973) utilisé par Stablex.

Dans le rapport du BAPE, plusieurs experts ont remis en question sa fiabilité «ainsi que l’innocuité et la stabilité du produit... Plusieurs ont indiqué qu’aucune autre usine dans le monde n’utilise cette technologie, qu’une revue de littérature britannique concluait que le procédé est risqué et que le stablex n’est pas inerte».

Pire encore, cette entreprise américaine n’aurait jamais fait la démonstration de l’efficacité de son procédé, qui date de Mathusalem, à partir d’échantillons réels pris sur les cellules d’enfouissement.

On apprend que leurs fameux blocs qui emprisonneraient les déchets toxiques ne résisteraient pas aux intempéries. Quoi de plus stratégique que de cacher la réalité avec des échantillons de laboratoire?

Une ministre des Ressources naturelles déconnectée

Outre le silence du ministre de l’Environnement, le plus choquant est les propos de la ministre des Ressources naturelles.

Alors qu’un rapport de 141 pages du BAPE confirme que le terrain visé se trouve à côté de la tourbière de Blainville – considérée par son homologue de l’environnement comme «faisant partie de l’Atlas des territoires d’intérêt pour la conservation dans les basses-terres du Saint-Laurent» – et est constitué de milieux humides, la ministre persiste à forcer la main à la Ville de Blainville.

Un de ses arguments: la tourbière serait truffée de bunkers ayant servi à l’entreposage de poudre explosive après la Seconde Guerre mondiale. Ouf!

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