Après 10 ans de métier, on découvre enfin l’ampleur du talent de Katrine Duhaime dans «Antigang»
Alicia Bélanger-Bolduc
Depuis sa sortie de l'école en 2012, Katrine Duhaime s'est imposée tant au théâtre qu'à la télévision. C'est toutefois grâce à son rôle de Karine dans la quotidienne Antigang que le public découvre véritablement son immense talent. Très attachée à son personnage, cette artiste polyvalente cultive sa passion pour le métier depuis sa tendre enfance.
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Parle-moi de ton expérience dans Antigang.
Dès l'audition, j'ai eu un gros coup de cœur pour Karine. Elle évolue dans l'entourage de la criminalité, mais n'est qu'une victime collatérale de ce milieu violent. Malgré tout, c'est une femme insoumise qui n'a pas peur de tenir tête, non seulement à son chum, mais aussi aux criminels qui l'entourent. Elle me touche profondément et je la trouve extrêmement courageuse. J'ai eu la chance d'être sur le plateau dès la première semaine, ce qui nous a permis d'apprendre ensemble à naviguer dans cette grande aventure. Plusieurs personnes de l'équipe technique venaient de terminer STAT, on forme donc une machine déjà bien huilée. Ayant joué un rôle dans l'ancienne quotidienne, j'ai retrouvé certains repères. Je me pince encore de faire partie de ce projet.

Que penses-tu de ta performance jusqu’à maintenant?
J'écoute l'émission le plus souvent possible et en direct. J'aime vraiment ce rendez-vous télévisuel et le plaisir qu'il procure au public. Je prends un réel plaisir à écouter mes collègues, je nous trouve très bons ensemble. J'ai rapidement réussi à faire une distinction entre mon personnage et moi-même. Je ne me vois pas beaucoup à travers elle, ça a été un gros travail de composition. Cette séparation me permet de regarder l'émission pour son ensemble, tout en prenant des notes sur mon interprétation pour mes prochains jours de tournage. Je suis une vraie première de classe.
Parmi les gens avec qui tu tournes, as-tu découvert certains coups de cœur humain?
C'est drôle puisque c'était la première fois que je jouais avec eux. Pourtant, ce sont des gens que j'admire depuis longtemps. Je regardais leur travail, j'allais voir leurs spectacles, j'écoutais leur musique, mais je ne les connaissais pas personnellement. Ç'a été un immense coup de cœur pour tout le monde. Je trouve qu'ils incarnent leurs personnages avec brio. Je les trouve très humbles, intègres et extrêmement travaillants.

C’est un rôle assez charnière dans ta carrière. Remarques-tu l’engouement du public à ton égard?
J'ai l'impression que mon arrivée dans STAT a eu un plus gros impact, particulièrement auprès de ma famille. C'était ma première apparition dans leur télévision, dans une émission qu'ils connaissaient déjà très bien. Un véritable choc s'est produit à ce moment-là. Aujourd'hui, on dirait qu'ils sont déjà blasés de me voir! (rires) J'habite sur le Plateau et je me fais rarement aborder. Ce n'est pas la première personnalité publique que les gens voient dans leur voisinage! Quand je quitte l'île, je remarque un peu plus de regards. L'émission est encore très récente, j'ai hâte de voir comment ça va évoluer. Nous sommes dans leur télévision chaque soir, mais l'attachement prendra plus de temps.
Est-ce que l’obtention de ce rôle a été un soulagement?
Bien évidemment, je ne suis pas naïve par rapport à ce que ce rôle pourrait m'apporter. Il y a une visibilité et une notoriété incomparables à ce que j'ai vécu avant. Mon personnage est, pour le moment, au centre de l'histoire. Rien n'arrive pour rien dans la vie et je suis heureuse que ce genre de rôle me soit parvenu dans la trentaine, ce qui me permet d'avoir le recul nécessaire pour ne pas trop m'emballer. Savoir qu'un million de personnes me regardent, plus jeune, ça aurait pu m'intimider beaucoup plus. En ce moment, j'ai un certain laisser-aller et je fais confiance à la vie pour la suite. En quelques épisodes, on me voit vivre beaucoup de choses, j'ai un personnage avec de la chair autour de l'os, qui me permet de m'amuser dans une palette très large. Fabienne Larouche a cette qualité de mettre des personnages féminins au cœur de ses séries.
Vis-tu bien avec les fluctuations du métier?
Pour être heureuse dans cette carrière, il faut bien vivre avec l'incertitude. On doit avoir un certain lâcher-prise. J'ai décidé de faire une AEC en graphisme pendant la pandémie et ça me permet de rester calme quand les contrats se font plus rares. Je n'ai pas besoin de ça pour mettre du beurre sur mon pain. Ça me permet d'être dans la gratitude et dans le plaisir. Vivre l'engouement autour de la série me permet de réaliser ma chance et de ne pas avoir d’attentes démesurées envers ma carrière. On ne le sait pas, le rôle de ma vie qui changerait tout pourrait arriver demain. En auditionnant, je ne savais pas quelle ampleur le personnage de Karine allait prendre. Bien sûr, j'ai eu des périodes de doute, mais ce sont ces moments qui sont formateurs.

Parle-moi de ce choix de faire des cours en graphisme
M'inscrire à ces cours a été l'une de mes meilleures décisions. C'était la première année sans théâtre à mon programme, et je savais que mon emploi du temps comportait de grands trous. J'ai découvert ma passion pour le graphisme en 2017, lors de la création d'un atelier de médiation artistique avec une amie. Nous devions concevoir notre propre publicité et nos affiches. Ma collègue a rapidement remarqué à quel point je m'amusais. Je ne voyais plus le temps passer, ce qui a été mon signe et l'élément déclencheur. Le graphisme n'est pas un simple à-côté pour moi. Le graphisme et le jeu sont tous deux mes plans A, et je souhaite les conjuguer dans ma carrière. Je continue également d'intervenir dans les écoles, de donner des conférences et d'animer des ateliers de médiation culturelle. J'ai besoin de toutes ces activités pour me sentir pertinente.
Parle-moi de ton enfance. Comment en es-tu venue à devenir actrice?
Je ne viens pas d'une famille d'artistes du tout. Je suis née à Lévis. Ma mère est technicienne en microbiologie et mon père est dans l'immobilier. Ils ont toujours été ouverts et avaient un intérêt pour l'art. Ma mère adore la couture et nous confectionnait les plus beaux costumes d'Halloween. C'est elle qui m'a emmenée au théâtre pour la première fois quand j'avais cinq ans et j'ai eu la piqûre. J'ai déménagé à Saint-Hyacinthe pour l'école à seulement 17 ans, puis à 21 ans, je suis arrivée à Montréal, où j'ai habité avec ma sœur pendant quelques années.

Penses-tu parfois à la jeune Katrine qui réalise enfin son rêve?
Beaucoup, et c'est pourquoi c'est important pour moi d'aller à la rencontre des jeunes. Tu ne sais jamais quand tu vas changer la vie de quelqu'un, planter une graine d'espoir dans sa tête. Je fais beaucoup de pièces que nous présentons à des publics scolaires et tu ne sais pas qui en est à son premier contact avec l'art. Je pense souvent à la petite que j'étais et la passion qui m'habitait. Ce métier vient avec un rêve, une passion et un désir très grand. C'est rare qu'on y tombe par accident.
Partages-tu ta vie avec quelqu’un en ce moment?
Je suis seule, mais j'habite avec mon chat Barnabé que j'aime de tout mon cœur. Il est la meilleure décision de ma vie. J'ai choisi une race de chat réputée très affectueuse, mais le mien ne correspond pas tout à fait à cette description. Nous sommes toujours très proches, même s'il n'aime pas trop qu'on le colle. Après une séparation, je trouvais mon appartement bien vide. J'ai longtemps réfléchi à l'idée d'avoir un animal. Je voulais d'abord un chien, mais ça ne correspondait pas à mon mode de vie. Ça fait maintenant un an que j'ai adopté Barnabé, et c'est le grand amour.
Aimerais-tu un jour fonder une famille?
Oui, bien sûr, quand le temps sera opportun. Pour le moment, je consacre beaucoup de temps et d'énergie à mon travail. Mon futur partenaire devra aimer mon chat, puisqu’il vient avec moi; c’est non négociable.