Apprivoiser le Soldier Field
Le Fire est retourné au centre-ville de Chicago, pour le meilleur et pour le pire


Dave Lévesque
CHICAGO | Installé en banlieue depuis 2006, le Fire de Chicago a fait le pari de revenir au cœur de la ville en s’installant au Soldier Field en 2020. Récit d’un déménagement dont le succès n’est pas encore garanti.
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C’est en fait un retour au vénérable stade situé près du lac Michigan puisque le Fire y a joué de 1998 à 2005 avant de s’installer au Toyota Park (aujourd’hui SeatGeek Stadium,) de Bridgeview, un tout nouveau stade inauguré en 2006, mais qui se trouve à 25 kilomètres au sud-ouest du centre-ville.
« Le positionnement géographique de Bridgeview rendait l’accès difficile pour les gens qui habitent en ville, surtout pour ceux qui se trouvent au nord, ça impliquait une heure dans la circulation », explique le directeur des communications du club, Jhamie Chen.
« On a aussi un nouveau propriétaire qui est arrivé au cours de la même période, en 2019, et qui est très passionné par la ville de Chicago. Il veut investir et redonner à la ville. »
Joe Mansueto, fondateur de la firme de courtage Morningstar, est plusieurs fois milliardaire, il a donc les poches très profondes.
Des embûches
Déménager d’un stade où l’équipe s’était enracinée pendant 14 saisons a changé la donne et il y a une relation à construire en s’installant dans un nouveau quartier.
« La relation ne va pas se bâtir du jour au lendemain, mais on sent que ça se passe bien et qu’on crée une bonne connexion avec la communauté », soutient Chen.
« Être en ville nous permet de nous rapprocher des partisans et surtout de mieux connecter avec eux plutôt que d’être cachés en banlieue », ajoute-t-il.
Comble de malheur, l’équipe est revenue en ville juste avant que la pandémie de la COVID ne frappe. « On a amorcé l’année 2020 avec une fébrilité que le club n’avait pas connue depuis très, très longtemps. On devait avoir une salle comble pour notre match d’ouverture, on attendait plus de 60 000 spectateurs, mais la pandémie est arrivée une semaine avant », précise Chen.
Selon le site Soccerstadiumdigest.com, le Fire attire en moyenne 15 738 spectateurs par match cette saison (13 907 samedi soir), la première sans restrictions liées à la COVID depuis le retour en ville. Ce sont des chiffres comparables à ceux obtenus à Bridgeview.
Cohabitation difficile
Par contre, l’équipe doit partager le Soldier Field avec les Bears de la NFL et c’est ce qui est le plus compliqué.
« La Ville est propriétaire du stade, mais c’est comme si les Bears en étaient les propriétaires », explique Jeremy Mikula qui couvre le Fire pour le Chicago Tribune.
« Les problèmes qui existaient de 1998 à 2005 existent encore. Les Bears sont locataires principaux et ils détruisent le terrain à compter de septembre. De plus, leur contrat stipule que personne ne peut utiliser le terrain dans les cinq jours précédant un match et ils sont très stricts. »
C’est ainsi que le Fire doit parfois retourner au SeatGeek Stadium.
Il l’a d’ailleurs fait la semaine dernière, mais c’était parce que le gazon du Soldier Field était en mauvais état à la suite de deux concerts consécutifs quelques jours plus tôt.
Des solutions
L’entente qui lie le Fire à la Ville de Chicago est d’une durée de 12 ans avec des renégociations tous les trois ans. On arrive à la fin du premier terme.
« Il y a certaines conditions que nous aimerions améliorer afin de rendre l’atmosphère plus agréable pour les joueurs et les partisans », reconnaît Jhamie Chen.
Et il va falloir que les deux colocataires s’entendent parce qu’ils vont partager le Soldier Field pendant encore quelques années.
« Les Bears vont probablement quitter le Soldier Field, mais peut-être pas non plus. Ils reluquent la banlieue », précise Mikula.
La suite des choses ne repose pas uniquement entre les mains du Fire qui voudrait bien se bâtir un nouveau stade en ville, mais c’est une procédure complexe.
« Il y a beaucoup de bureaucratie à Chicago et c’est une des raisons pourquoi ça sera difficile pour le Fire de construire un stade en ville », souligne Mikula.
« Ils sont un peu pris au Soldier Field avec les Bears pour une dizaine d’années parce que je ne pense pas que les Bears vont partir avant 2030... s’ils partent. »