Antony Auclair rêve de Jeux olympiques en flag football


Stéphane Cadorette
La NFL a confirmé cette semaine qu’elle permettrait à ses joueurs de tenter leur chance en flag football aux Jeux olympiques de 2028. Même si l’ex-ailier rapproché Antony Auclair est à la retraite, il entend lui aussi essayer de percer, avec l’équipe du Canada.
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Celui qui a porté les couleurs des Buccaneers, des Texans et des Titans avant de tirer un trait sur sa carrière dans la NFL est depuis fort impliqué dans le développement du flag football.
Le natif de Notre-Dame-des-Pins dirige, avec son frère Adam, la Ligue de flag football de Beauce-Québec. Les deux frangins ont aussi offert un camp entièrement réservé aux dames de 14 à 18 ans, en mars.
Sans le crier sur tous les toits, Auclair s’est sérieusement entraîné dans cette discipline, qui en sera à sa première présence aux Jeux, dans trois ans, à Los Angeles.
«Je me suis entraîné pas mal pour faire partie de l’équipe canadienne. Dans la NFL, je jouais à 265-270 livres et je suis descendu à 225-230. Je suis plus rapide et plus endurant. J’ai pris ça au sérieux dans l’ombre», a confié l’athlète, qui aura 32 ans dans une semaine.
Un processus de sélection
À compter de jeudi et jusqu’à samedi, Auclair participe d’ailleurs à un camp de sélection nationale, à Montréal.
Chaque province a tenu, au préalable, ses sélections et il fait partie d’une quarantaine d’invités, en raison de son statut d’ex-joueur de la NFL. Seulement 10 joueurs feront partie des équipes des six pays qualifiés pour les Jeux, dans une formule cinq contre cinq.
«Je regarde l’équipe américaine et ils sont 18 en ce moment. Au Canada, ils visent une quinzaine de joueurs. Il va y avoir 10 joueurs pour le match, mais j’ose croire qu’il y en aura plus pour les entraînements», a expliqué Auclair.
Du sérieux
Après le camp de Montréal, l’équipe canadienne participera à des compétitions en juin à Los Angeles et en septembre au Panama.
«Cette année, pour les mondiaux en Chine, l’équipe masculine canadienne n’est pas qualifiée, mais les femmes le sont. Football Canada a fait un gros pas. C’est beaucoup plus sérieux que c’était avec un comité de sélection et des entraîneurs», s’est réjoui Auclair.
Celui qui est également entraîneur des ailiers rapprochés avec le Rouge et Or sait qu’il ne sera pas évident de représenter son pays aux Jeux olympiques.
«Je vais donner une réponse politique et dire que je vais y aller une année à la fois. Pour l’instant, je me concentre sur les camps de sélection. Si tout va bien, le reste va devenir plus palpable dans les prochaines années. J’ai beau me sentir jeune, mais dans trois ans, je vais avoir presque 35 ans. C’est à suivre...», a-t-il glissé.
«Jamais un joueur de football n’a pu rêver à une médaille olympique et c’est l’opportunité», a-t-il ajouté.

Mais au-delà d’une présence aux Jeux, Auclair apprécie le fait de pouvoir prolonger sa carrière athlétique sans risque énorme pour sa santé.
«J’ai réalisé que la seule raison pour laquelle j’ai arrêté le football, c’est les blessures. C’est une façon de continuer le football sans le risque de blessures parce que je ne veux pas être hypothéqué pour le reste de ma vie. Cette opportunité se présente et j’aurais essayé de faire l’équipe canadienne par esprit de compétition, même si ce n’était pas un sport olympique.»
Des émotions partagées sur les joueurs de la NFL

Antony Auclair se dit convaincu que les vedettes de la NFL ont leur place sur la scène olympique en flag football, mais il comprend parfaitement pourquoi la nouvelle de la semaine n’a pas fait que des heureux.
«C’est une super bonne nouvelle», a spontanément réagi celui qui a fait partie du circuit Goodell de 2017 à 2022.
«Si les joueurs de de la LNH peuvent participer aux Jeux et que les joueurs de la NBA peuvent le faire, pourquoi pas les joueurs de la NFL?» a-t-il questionné.
Dans le même souffle, Auclair réalise pleinement que le flag football représente une discipline en soi.
«Dans la communauté de flag aux États-Unis, je suis ça de près et c’est très controversé. Je comprends le point des athlètes de flag parce qu’ils s’entraînent pour ça à l’année. Il reste que les receveurs et demis défensifs de la NFL sont vraiment des athlètes exceptionnels», a-t-il exposé.
Que du respect
À travers son processus d’entraînement en préparation de la sélection nationale, Auclair a été à même de réaliser les efforts à investir pour se développer dans cette variante du football, sans contact, qui gagne en popularité.
«Je ne veux surtout pas manquer de respect à la communauté de flag parce qu’il y a d’excellents joueurs qui peuvent jouer à plusieurs positions. J’espère que la sélection sera juste pour tout le monde. Les gars de la NFL doivent passer par les camps de sélection et compétitionner contre les athlètes de flag. C’est là qu’on va voir ce que ça donne. Ça va se régler sur le terrain», a-t-il souligné.
À ce jour, des joueurs étoiles bourrés de talent comme Tyreek Hill et Justin Jefferson ont signalé leur intérêt. La NFL permettra à un seul joueur par équipe, à l’exception des joueurs internationaux, d’aller représenter leur pays.
«Il ne faut pas oublier que les joueurs de la NFL sont payés à l’année pour s’entraîner. Le receveur court des tracés de passe tous les jours et le demi de coin est opposé aux meilleurs receveurs de l’univers tout le temps. Ces gars-là n’auront pas besoin de plusieurs semaines pour s’adapter au flag», a conclu Auclair.