Analyse: Québec peut-elle vraiment rivaliser avec Atlanta, Salt Lake City et Houston?


Kevin Dubé
Si un processus d’expansion à quatre équipes devait être enclenché avec Atlanta, Salt Lake City, Houston et Québec, la Vieille Capitale jouerait encore le rôle de négligé.
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Afin de ne pas débalancer les associations, Québec devrait probablement rivaliser davantage avec Atlanta pour la 17e place dans l’Est et, encore là, elle serait négligée, il faut l’admettre.
En 2016, lorsque Vegas a devancé Québec pour l’obtention d’une équipe, Gary Bettman avait fait valoir que la volatilité du dollar canadien et le débalancement des associations étaient notamment en cause.
Pour le premier point, la valeur du dollar canadien n’a pas beaucoup changé depuis ce temps. Selon le site ExchangeRate, le dollar canadien avait valu en moyenne 0,76$ américain en 2016, contre une moyenne de 0,74 en 2023 et 0,75 depuis le début de 2024.
Un petit marché
Le propriétaire des Bruins de Boston et gouverneur influent du circuit, Jeremy Jacobs, avait aussi qualifié Québec de marché «extraordinairement petit». Si on compare avec les trois autres marchés intéressés, c’est encore le cas.
La région métropolitaine d’Atlanta compte un peu plus de 6,14 millions d’habitants, selon un recensement de Statista en 2021, contre 1,26 pour Salt Lake City et 7,12 pour Houston.
À Québec? Le site officiel de la communauté métropolitaine de Québec parle d’une population de 837 033 habitants en 2020.
De plus, selon Nielsen, Atlanta est également le septième marché télévisuel en importance aux États-Unis, alors que Houston vient au sixième rang et Salt Lake, au 27e. Selon le même rapport, Québec est le septième marché en importance au Canada, tout juste devant Winnipeg.
Il s’agit là d’une donnée non négligeable mais qui ne fait pas foi de tout, comme nous l’expliquait le professeur en communication et spécialiste de la publicité et du marketing Luc Dupont, il y a quelques mois.
«Gary Bettman a peur du fromage gruyère. Quand il négocie ses droits télévisuels, il donne comme argument le pourcentage du marché qu’il couvre et les revenus potentiels.
«Ça revient à la notion de fromage gruyère. Si je suis Amazon et que je veux placer mon dollar publicitaire, et que je vois que les marchés 6, 7 et 11 en importance ne sont pas là, je vais regarder ailleurs», avait-il tout d’abord expliqué, avant de tempérer.
«C’est un argument de 1995 qui se base sur la télévision classique et les abonnements au câble et le nombre de spectateurs qui vont accepter de payer les frais. On n’est plus là aujourd’hui. Tout est en streaming.»
Alors, pourquoi Québec?
L’espoir de Québec se rabat donc sur les installations modernes dont elle dispose, la passion des amateurs d’ici, qui n’a plus besoin d’être prouvée mais, surtout, la démonstration que la situation économique de la ville, maintenant, est différente de ce qu'elle était en 2016.
Le fait que Québecor souhaite toujours participer à un processus d’expansion et que l’entreprise désire s’allier avec des partenaires afin d’avoir les reins encore plus solides ravive-t-il l’espoir?
Ça ne peut pas nuire mais cet espoir, il faut l’avouer, en a pris pour son rhume au cours des dernières années et encore plus, récemment, lorsque le ministre Eric Girard a estimé à 10% les chances de revoir les Nordiques à Québec, un jour.