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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Anaïs Barbeau-Lavalette publie un livre illustré sur les fleurs

Pour elle, nommer les fleurs, c’est les aimer et vouloir en prendre soin

Anaïs Barbeau-Lavalette publie un nouveau livre, «Nos fleurs», aux éditions Marchand de feuilles.
Anaïs Barbeau-Lavalette publie un nouveau livre, «Nos fleurs», aux éditions Marchand de feuilles. Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-11-18T08:05:00Z
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Savoir reconnaître et nommer ce qui pousse tisse notre lien avec le territoire et fabrique de la joie. Tel est le constat que pose l’écrivaine et cinéaste de talent Anaïs Barbeau-Lavalette au sujet de son nouveau livre, Nos fleurs. Magnifiquement illustré par Mathilde Cinq-Mars, le recueil présente différentes plantes et fleurs qui poussent dans notre contrée et les décrit de manière poétique, symbolique et très personnelle.  

Savez-vous reconnaître la tanaisie, la vesce jargeau, le sureau, le vinaigrier, la bardane, l’achillée millefeuille? Ce sont pourtant les reines de nos prés, de nos sous-bois, parfois des terrains vagues. Ces fleurs poussent un peu partout sur le territoire et Anaïs Barbeau-Lavalette, une femme nature, leur a prêté attention pour les décrire poétiquement, au «je», dans Nos fleurs

Pendant la pandémie

«La période pandémique, pour moi, est reliée à un retour au territoire», commente l’écrivaine en entrevue. «Je me suis isolée pendant un an dans une maison de campagne, avec une autre famille. On était deux couples et cinq enfants dans une vieille maison toute croche. On avait frette et il y avait des bibittes, mais on était dans le bois.»

«Au fur et à mesure, je me suis rendu compte que même si j’habitais avec mes parents ce territoire-là à la campagne depuis que j’ai 10 ans, je le connaissais très peu. Je voyais la nature comme un seul bloc. Je savais que ce bloc-là me faisait du bien, mais tranquillement, au fur et à mesure des mois qui passaient, j’étais avec les enfants et je me rendais compte que j’étais analphabète du territoire.»

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Avec les enfants, elle a commencé à apprendre le nom des arbres, le nom des fleurs, et à nommer tout ce qui poussait. «C’était infini. À partir du moment où tu commences à t’y intéresser, tu tombes en amour!» dit-elle.

Anaïs Barbeau-Lavalette publie «Nos fleurs», un ouvrage illustré par Mathilde Cinq-Mars aux Éditions Marchand de feuilles.
Anaïs Barbeau-Lavalette publie «Nos fleurs», un ouvrage illustré par Mathilde Cinq-Mars aux Éditions Marchand de feuilles. © Éditions Marchand de feuilles

Un immense savoir

L’envie d’écrire un livre sur ce qui pousse s’est faite plus pressante. «Je suis au début d’un immense savoir. Plus j’avance, plus ça m’émeut, plus je me sens riche. Plus j’ai envie d’aller plus loin.»

Après avoir écrit Femme forêt et Femme fleuve, des romans qui s’attardent à nommer le territoire, elle s’est penchée de façon plus précise sur ce territoire. 

«Je me questionne aussi comme autrice à ce que je peux faire par rapport à la question climatique. La réponse peut paraître basique, limite fleur bleue, mais je trouve que c’est la meilleure réponse: nommer. À partir du moment où tu nommes, tu rencontres. À partir du moment où tu rencontres, tu peux commencer à aimer. Et donc à prendre soin.»

L’épilobe

Et si elle était une fleur, quelle serait-elle? «Il y en a beaucoup que j’aime... Mais je suis très sensible et poreuse par rapport au monde. J’ai du mal à trouver la joie dans le monde qui s’écorche de ce temps-ci. Mais je pense que je suis un épilobe. Et on est plusieurs épilobes, en fait.»

«L’épilobe, c’est la fée des ruines. Après nos feux de forêt, cet été, ce sont des belles fleurs mauves à épis qui poussent par-dessus ça. Elles disent que la beauté va toujours perdurer. Je trouve que [ce sont] des fleurs-vainqueurs, des fleurs de résistance, de résilience, des fleurs de foi.»

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Bombes florales

Anaïs Barbeau-Lavalette invite les gens à recolorer le monde à grands coups de bombes de semences de fleurs et en fournit la recette dans son livre. 

Il s’agit de former une boulette d’argile, de compost, de graines de fleurs, d’un peu d’eau, de la laisser sécher et ensuite de la lancer sur les terrains vagues, dans les ruelles, dans les rues. On laisse ensuite la magie opérer: en peu de temps, de belles fleurs viendront colorer les endroits les plus ingrats! «C’est un acte de résistance coloré!»

Nos fleurs

Anaïs Barbeau-Lavalette

Illustrations de Mathilde Cinq-Mars

Éditions Marchand de feuilles

Environ 100 pages.

– Anaïs Barbeau-Lavalette est cinéaste et autrice.  

– Elle a écrit les textes de l’album Nos héroïnes ainsi que les romans Je voudrais qu’on m’efface, La femme qui fuit, Femme forêt et Femme fleuve

– Anaïs Barbeau-Lavalette participe au mouvement Mères au front (mereaufront.org).

– Elle présentera ses documentaires scéniques Pas perdus au Théâtre Maisonneuve et au Grand Théâtre de Québec en 2024.

– Mathilde Cinq-Mars est illustratrice.

– Elle a illustré, entre autres, les livres Nos héroïnes et Nos oiseaux.

«Pour aimer la Nature, il faut savoir nommer ce qui la compose. Il est difficile de dire qu’on aime «les gens», en général... mais il est facile de dire : j’aime Manoé, Ulysse, Mishka; j’aime Edmond, Oscar, Albert, Romane, Mai, Lou et Jules; j’aime ces personnes et je sais les nommer. Et si je les aime, je veux les protéger. C’est pareil pour la Nature.»
- Anaïs Barbeau-Lavalette, Nos fleurs, Éditions Marchand de feuilles

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