Amender sa terre avec du compost: lequel choisir et quand l’ajouter


Albert Mondor
Mystérieuse, salissante, voire un peu dégoûtante pour certains, la terre est malheureusement fort méconnue. Pourtant, la réussite d’un potager urbain dépend avant tout de la qualité du sol qui le soutient. Seul un sol bien structuré et en parfaite santé biologique permettra de produire des plantes saines, vigoureuses et productives.
Comme il est en quelque sorte le garde-manger des plantes, le sol doit être en mesure de retenir adéquatement l’air, l’eau et les éléments nutritifs dont elles ont besoin pour bien croître et se développer. Le meilleur moyen de maintenir la terre d’un potager en bon état physique et biologique est de l’amender régulièrement avec du compost.
Un sol bien structuré
Le compost est un mélange friable et homogène qui a l’aspect d’un terreau de couleur noire ou brun très foncé. Il est principalement constitué d’humus provenant de la décomposition de diverses matières organiques – gazon, fumier, feuilles mortes, etc. – par les microorganismes.
Le compost est un produit exceptionnel qui a des effets particulièrement bénéfiques sur le sol et les végétaux. En plus de fournir une quantité appréciable d’éléments nutritifs essentiels aux plantes et de favoriser la vie microbienne, le compost améliore la structure des sols en augmentant leur aération ainsi que leur capacité de rétention en eau et en éléments nutritifs.

Un sol adéquatement structuré est composé d’une multitude d’agrégats aux bords arrondis qui font quelques millimètres de diamètre. Chaque agrégat – ou grumeau, si vous préférez – est formé d’un ensemble de grains de sable liés à de l’argile et à l’humus provenant du compost. Entre les agrégats se forment plusieurs espaces vides où circulent librement l’air et l’eau. On dit des sols riches en agrégats qu’ils possèdent une structure grumeleuse.
Idéale pour la culture de la plupart des végétaux comestibles, la structure grumeleuse possède de nombreux avantages. Elle laisse s’écouler l’excès d’eau, mais retient une quantité suffisante dans des petits pores situés à l’intérieur des agrégats. Elle assure une bonne aération nécessaire à la vie des racines et des microorganismes du sol. Ainsi, les sols amendés régulièrement avec du compost sont bien aérés tout en retenant une humidité bienfaisante, ils favorisent la germination des semences et, par la suite, la pénétration des racines.
Au bon moment
Pour améliorer la qualité des sols argileux ou sableux, rien de mieux que le compost. On peut épandre une épaisseur de 5 cm de compost sur la surface du sol de tout nouveau potager, ce qui correspond approximativement à deux sacs de compost de 35 litres par mètre carré. On doit ensuite incorporer le compost à la terre existante avec une pelle-bêche ou à l’aide d’un motoculteur sur une profondeur d’environ 20 à 25 cm.

Les années subséquentes, assurez-vous d’ajouter du compost chaque printemps ou chaque automne dans votre potager. Plutôt que de le mettre sur la surface entière du sol, on peut alors le mélanger à la terre existante au moment de la plantation des végétaux comestibles. Par contre, dans un verger ou une plantation de légumes vivaces, tels que la rhubarbe ou les asperges, il n’est pas absolument nécessaire de faire pénétrer le compost dans le sol. Il s’agit alors simplement de disposer une épaisseur d’environ 2 à 3 cm de compost sur un diamètre équivalent à la largeur de la couronne de feuilles des végétaux.
L’apport de compost se fait idéalement au printemps, vers la fin du mois d’avril et en mai. On peut également en épandre en octobre, une fois les feuilles des plantes tombées. Évitez toutefois d’effectuer un ajout de compost entre la fin du mois de juillet et le moment de la chute des feuilles, à l’automne, puisque cela empêcherait certains végétaux de bien endurcir leurs jeunes tiges en prévision de l’hiver.
Quel compost choisir ?
Si vous ne faites pas votre propre compost, vous devrez acheter du compost commercial. Devant la quantité de composts offerts sur le marché, vous aurez peut-être de la difficulté à faire votre choix.
Vous pouvez opter pour un compost certifié par l’Alliance de la qualité du compost (AQC). Ce programme de certification garantit que le compost que vous achetez a été fabriqué selon les règles de l’art et qu’il est exempt de bactéries pathogènes telles que E. coli. Le fumier de bétail composté de marque Biomax en est un bon exemple.

Par ailleurs, il est préférable d’éviter d’utiliser les composts contenant de grandes quantités de tourbe de sphaigne, comme certains composts de crevettes ou marins. Par contre, le compost marin et forestier de marque Bionik est à privilégier puisqu’il ne contient aucune tourbe de sphaigne. Il est par ailleurs approuvé et certifié pour l’agriculture biologique par Québec Vrai.
Bien que certains composts municipaux peuvent parfois être d’excellente qualité, ils ne conviennent pas toujours à la culture de plantes potagères. Ils doivent être réservés pour les végétaux ornementaux ou l’entretien du gazon.
Évitez la terre noire
La terre noire, souvent commercialisée à tort sous l’appellation anglaise top soil, est très populaire auprès des jardiniers. Lorsqu’il est vendu en sacs, cet amendement est généralement constitué de tourbe de sphaigne noire, puisqu’il provient de la partie inférieure des tourbières. Malheureusement, lorsque la tourbe noire est prélevée au fond d’une tourbière, cette dernière ne peut pas être renaturalisée une fois son exploitation terminée; cet écosystème précieux est ainsi détruit à jamais. La terre noire a d’autres désavantages puisqu’elle est pauvre en microorganismes ainsi qu’en éléments nutritifs, elle est très acide et elle possède une structure très fine, peu stable. Bref, de la véritable poussière qui ne convient pas du tout à la majorité des potagers !