Amélie Nothomb raconte son voyage rocambolesque au Japon avec sa grande amie Pep dans «L'impossible retour», son nouveau roman
Choc culturel et grandes émotions

Marie-France Bornais
Née au Japon en 1967, Amélie Nothomb y était retournée, jeune adulte, pensant y faire sa vie. Elle a dû réapprendre le japonais et intégrer le marché du travail. L’expérience lui a fourni la matière pour le roman Stupeur et tremblements. Elle y est retournée en mai 2023 avec sa grande amie Pep, en plein cœur de la saison des azalées. Le séjour rocambolesque, marqué par des visites de temples et de bains, par les repas raffinés et les cocktails, et ponctué de rencontres mémorables, procure un bon choc culturel à Pep et des émotions intenses pour Amélie.

En 2023, donc, Pep achète deux billets pour une visite au pays du Soleil-Levant et invite Amélie. Le séjour, d’une dizaine de jours, sera un véritable feu roulant.
Amélie Nothomb venait tout juste de visiter le Salon international du livre de Québec avec sa sœur Juliette quand ce nouveau voyage a débuté. «Le Québec fut la meilleure préparation possible pour ce voyage au Japon. Après l’Ouest, l’Est! Rien de tel que les contrastes», commente-t-elle en entrevue, via courriel.
«Voyager» en sa compagnie en lisant L’impossible retour est une expérience formidable. Quel fut donc l’élément déclencheur pour l’écriture? «Un mois après mon retour du Japon, je me suis demandé pourquoi je me sentais si mal. J’ai écrit ce livre pour le comprendre», explique-t-elle. «Écrire ce livre fut bouleversant. J’avais l’impression de recoudre ensemble mes morceaux.»
Une curiosité insatiable
Au Japon, son amie Pep veut tout voir: la frénésie de Tokyo, le calme des temples, la beauté des parcs. Ensemble, elles visitent des musées et des quartiers, s’émerveillent. Pep se pâme puis l’instant d’après s’indigne devant certaines coutumes qui lui semblent invraisemblables. Et Amélie le confirme: ce qu’elle décrit dans le livre est vrai.
Pep est éberluée de voir comment des millions d’habitants évitent le chaos total en respectant des règles de vie rigides. Amélie Nothomb explique que «les codes nippons sont d’une complexité folle – et totalement différents des nôtres».
Elle ajoute, en entrevue, qu’elle a eu beaucoup de plaisir à observer les réactions de son amie.
Dans le métro, par exemple, Pep n’en revient pas. «C’est l’heure de pointe et personne ne bouscule personne, personne ne touche personne, on cède les places assises aux vieux et aux femmes enceintes, les bras m’en tombent!» relate l’écrivaine dans son roman.
En entrevue, elle explique que Pep a été marquée par la politesse des gens. «Elle a eu beaucoup de mal à se réhabituer à la France, ensuite!»
Des souvenirs
Au Japon, Amélie revit des pans de son enfance, se rappelle les moments passés avec son père. Refusant la nostalgie, elle pleure quand même parfois. «D’admiration.» Ou parce qu’elle perd son billet de train dans le Shinkansen pour Tokyo et craque devant le contrôleur.
Amnésie géographique
L’élément marquant du voyage, précise-t-elle en entrevue, demeure difficile à dire. «Peut-être l’amnésie géographique du Japon.» Pendant le voyage, son amie s’étonne que les souvenirs soient parfois flous. «Je me rappelle les émotions, les paroles, les odeurs. Entre chacune, il y a du vide», écrit Amélie dans le roman.
Mais ce qui la surprend toujours, c’est «combien les retrouvailles sont fortes à chaque fois».
À son avis, le Japon est «inapprivoisable», même si elle y est née et y a vécu. «Et c’est cela que j’aime.»
L’impossible retour
Amélie Nothomb
Éditions Albin Michel
Environ 162 pages
- Amélie Nothomb est née à Kobé, au Japon, en 1967.
- Dès son premier roman, Hygiène de l’assassin, elle s’est imposée comme une écrivaine singulière.
- En 1999, elle a obtenu le Grand Prix de l’Académie française pour Stupeur et tremblements.
- Elle a obtenu le prix Renaudot en 2021 pour Premier sang, un roman qui rend hommage à son père.
- Elle publie cette année son 33e roman.
«Tout retour est impossible, l’amour le plus absolu n’en donne pas la clef.»
– Amélie Nothomb, L’impossible retour, Éditions Albin Michel
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