Alerte Amber en 2021: acquittés de l’enlèvement de leur sœur
La jeune femme avait changé sa version des événements et avait témoigné pour la défense des accusés
Camille Payant
Une jeune femme a réussi à faire acquitter ses deux frères sur presque toute la ligne en jurant qu’ils voulaient l’aider plutôt que l’enlever en allant brusquement la chercher au resto où elle travaillait, ce qui avait pourtant mené à une alerte Amber à Montréal.
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«Mensonge ou malentendu?» s’est questionné à plusieurs reprises le juge Thierry Nadon lundi matin, au palais de justice de Montréal.
Au procès, la jeune femme a tenté de disculper ses deux frères accusés de séquestration, d’enlèvement, de menaces et de voies de fait pour des événements survenus à l’été 2021, dans l’ouest de Montréal.
Le juge n’a «pas été impressionné» par le témoignage de celle qui était âgée de 16 ans au moment des événements. Il a tout de même acquitté les accusés, âgés de 25 et 26 ans, de la majorité des chefs d’accusation qui pesaient contre eux puisqu’il «subsistait un doute raisonnable».
Les deux hommes, dont les identités sont protégées afin de conserver l’anonymat de leur sœur, ont débarqué un soir où l’adolescente travaillait dans un restaurant. L’un d’eux a avoué ne pas avoir eu de ses nouvelles dans le mois précédent.
Scène filmée
Des images de vidéosurveillance, «abondamment claires», selon le juge, montrent l’ado qui panique et qui se réfugie en arrière du restaurant. S’ensuit une empoignade entre les accusés et des collègues.
Les deux hommes ont été reconnus coupables de voies de fait sur un employé qui tentait de défendre leur sœur.
«Elle courait et son frère courait derrière elle, ça se poussait, ça s’est transporté à l’arrière... Elle criait d’appeler le 911, elle était en panique», avait témoigné Ali Ahmed.
L’adolescente avait été rattrapée et mise dans une voiture. Une alerte Amber avait alors été déclenchée jusqu’à ce que les accusés déposent leur sœur devant un poste de police.
Version changeante
Peu après l’événement, elle avait expliqué aux policiers être contrôlée par un de ses frères, qu’elle devait s’habiller d’une certaine façon ou encore qu’il l’avait déjà frappée au point où elle avait dû se rendre à l’hôpital.
«Il y a beaucoup de zones grises. Ce qu’on sait, c’est que la victime s’est rétractée devant le tribunal», a souligné le procureur de la Couronne, Me Charles Doucet, à sa sortie de l’audience.
Quatre ans plus tard, elle a changé de bout en bout sa version des faits. Sa peur en voyant ses frères débarquer au restaurant était finalement attribuable à un mystérieux harceleur qui s’en serait auparavant pris à elle. Et elle jure avoir consenti à ce que les accusés la traînent jusque dans le véhicule.
L’adolescente n’avait pas été frappée par ses frères, selon leur version. Elle avait déjà une marque au visage à leur arrivée et elle aurait même reçu de leur part de la glace pour soigner ses blessures.
«Ça n’a pas été facile, c’est une cause qui est triste», a mentionné l’avocat de la défense, Me Gary Martin.
Les deux jeunes hommes seront de retour en cour en octobre pour la suite des procédures.
– Avec Michaël Nguyen