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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Aide aux entreprises: Fréchette promet d’être plus «vigilante» que Fitzgibbon

La ministre garde toutefois le cap sur la filière batterie

Christine Fréchette
Christine Fréchette Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Photo portrait de Sylvain Larocque

Sylvain Larocque

2025-06-07T04:00:00Z
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Alors que les échecs de Northvolt et de Lion Électrique font mal au gouvernement Legault, la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, promet de faire preuve de plus de «vigilance» sur l’aide aux entreprises.

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«Les analyses sont très rigoureuses et vont continuer de l’être. On va rehausser encore plus notre niveau d’analyse, mais à mon sens, c’était déjà le cas», affirme d’abord la ministre au cours d’un entretien téléphonique avec Le Journal.

Puis elle ajoute: «c’est sûr qu’on va être plus soucieux, encore plus vigilants».

Le bilan de son prédécesseur, Pierre Fitzgibbon, est lourd. Le gouvernement Legault a perdu au moins 268 millions $ dans la déconfiture de Northvolt, et ce en un an à peine. Et il a prêté plus de 46 millions $ à Lion Électrique moins d’un an et demi avant que l’entreprise ne devienne insolvable.

En 2023, Le Journalrévélait que ni le ministère de l’Économie, ni Investissement Québec n’ont réalisé d’étude significative sur les risques de la filière batterie, à laquelle Québec a consacré des centaines de millions de dollars.

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«On veut être dans le train»

«C’est important de prendre des risques, justifie Mme Fréchette. Il faut faire en sorte qu’on mise sur nos atouts et qu’on se positionne. Souvent, c’est de manière quand même relativement rapide parce qu’on parle d’une course à l’échelle internationale. [...] On veut être dans le train quand il démarre et non pas quand il arrive à destination.»

Selon elle, des projets de la filière batterie génèrent déjà des retombées au Québec.

«Quand il y a une politique de développement économique, ça ne peut pas être un taux de succès de 100%», martèle la ministre.

De l’aide à des entreprises vendues

Résolu souffle ses 224 bougies cette année. Elle fabrique de la pâte commerciale, du papier tissu et des produits du bois et du papier. Elle fait partie du Groupe Papier Excellence, qui emploie plus de 20 000 personnes dans une soixantaine de sites en Amérique et en Europe.
Résolu souffle ses 224 bougies cette année. Elle fabrique de la pâte commerciale, du papier tissu et des produits du bois et du papier. Elle fait partie du Groupe Papier Excellence, qui emploie plus de 20 000 personnes dans une soixantaine de sites en Amérique et en Europe. Photo ROGER GAGNON

Le gouvernement Legault a versé de généreuses aides financières à des entreprises québécoises qui ont fini par être vendues à des intérêts étrangers. C’est notamment le cas de Produits forestiers Résolu (224M$), d’Uni-Sélect (34M$), de H2O Innovation (29M$) et de Gelpac (14M$). L’investissement dans H2O a même été effectué à partir d’un fonds dont l’objectif est de protéger les sièges sociaux d’ici!

Des millions pour des projets incertains

Photo Flying Whales
Photo Flying Whales

La CAQ a injecté des centaines de millions de dollars dans plusieurs projets dont les chances de succès apparaissent au mieux incertaines. Sous la gouverne de la CAQ, Québec a notamment misé sur Nemaska Lithium (425M$), l’entreprise de dirigeables Flying Whales (75M$) et Fortress (43M$), en plus de promettre 322M$ au groupe coréen EcoPro pour une usine de matériaux de batterie dont la construction, actuellement interrompue, pourrait ne jamais reprendre.

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Du soutien pour des emplois furtifs

Pierre Fitzgibbon lors de l'annonce d'une aide publique de 98 M$ à Polycor, en mai 2022. À ses côtés: Patrick Perus, qui dirigeait alors l'entreprise de pierre naturelle.
Pierre Fitzgibbon lors de l'annonce d'une aide publique de 98 M$ à Polycor, en mai 2022. À ses côtés: Patrick Perus, qui dirigeait alors l'entreprise de pierre naturelle. Photo d’archives, Stevens Leblanc

Quand il était ministre, Pierre Fitzgibbon a investi beaucoup d’argent public dans des entreprises qui devaient maintenir ou créer des emplois ici, mais qui ne l'ont pas fait. On pense à Polycor (98M$), Olymel (74M$), AppDirect (40M$) et Sonder (30M$). Dans le cas de Garda World, l’aide de Québec (300M$) a servi à faire des acquisitions à l’étranger, mais les retombées ici ont été minimes.

Des bons coups?

L'usine de Moderna à Laval.
L'usine de Moderna à Laval. Ben Pelosse / JdeM

Le Journal a demandé au gouvernement quels étaient les «centaines de succès» évoqués récemment par François Legault. Le cabinet du premier ministre nous a envoyé une liste de 26 «exemples de réussite» répartis dans 14 régions. Celle-ci comprend l’usine de vaccins de Moderna, l’expansion de la mine de fer du lac Bloom et la relance de l’usine de pâte de Lebel-sur-Quévillon. Il y a aussi des projets non terminés comme l’usine de batteries de GM ou la ligne électrique de la Minière Osisko. D’autres sont carrément discutables comme l’aide de 300 M$ à Garda pour une acquisition aux États-Unis et celle de 58 millions $ pour faciliter la vente d’H2O Innovation à des intérêts américains.

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