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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Les pots cassés de Fitzgibbon: 12 projets d'aide aux entreprises qui risquent de nous coûter cher

François Legault et Pierre Fitzgibbon lors de l'annonce d'une nouvelle aide de 414 M$ à Airbus, en juillet 2024 à Mirabel.
François Legault et Pierre Fitzgibbon lors de l'annonce d'une nouvelle aide de 414 M$ à Airbus, en juillet 2024 à Mirabel. Photo d'archives, Ben Pelosse
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Photo portrait de Sylvain Larocque

Sylvain Larocque

2025-06-07T04:00:00Z
2025-06-07T16:02:24Z
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Depuis que le gouvernement Legault a fait exploser l’aide aux entreprises en 2018, les dossiers à problèmes se sont multipliés. Le Journal a retracé les 12 projets qui ont coûté – ou risquent fort de coûter – au moins 20 millions $ chacun aux Québécois.

• À lire aussi: Les pots cassés de Fitzgibbon pourraient nous coûter 2 milliards $

• À lire aussi: Aide aux entreprises: Fréchette promet d’être plus «vigilante» que Fitzgibbon

1. Airbus

Un avion A220 d'Airbus.
Un avion A220 d'Airbus. Photo Sylvain Larocque
Somme à risque: 794M$

L’an dernier, le gouvernement Legault a réinvesti 414M$ dans l’A220 d’Airbus (ancienne C Series de Bombardier). L’un des objectifs de cette décision était d’éviter que l’investissement de 380M$ effectué dans la gamme d’avions par Québec en 2022 ne «disparaisse», selon les mots de l’ex-ministre Pierre Fitzgibbon. Les contribuables ont déjà perdu la somme de 1,3G$ que le gouvernement Couillard a injectée dans cette aventure en 2016.

2. Northvolt

L’ex-ministre Pierre Fitzgibbon lors de l’annonce du projet de Northvolt, en septembre 2023.
L’ex-ministre Pierre Fitzgibbon lors de l’annonce du projet de Northvolt, en septembre 2023. Photo Pierre-Paul Poulin
Somme perdue: 268M$
Somme à risque: 140M$

En septembre 2023, Québec et Ottawa ont annoncé une aide pouvant atteindre plus de 7,3G$ à Northvolt pour la construction d’une usine de cellules de batteries en Montérégie. À peine un an plus tard, la jeune pousse suédoise devenait insolvable, donnant vraisemblablement le coup de grâce à son projet québécois. Québec a perdu les 268M$ investis dans Northvolt et pourrait perdre une bonne partie du prêt de 240M$ consenti à l’entreprise pour l’achat du terrain. Comme Ottawa n’avait encore rien déboursé, ses pertes sont nulles dans ce dossier.

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3. Recyclage Carbone Varennes

Le chantier de Recyclage Carbone Varennes est à l'arrêt depuis que l'entreprise s'est placée à l'abri de ses créanciers, en mars.
Le chantier de Recyclage Carbone Varennes est à l'arrêt depuis que l'entreprise s'est placée à l'abri de ses créanciers, en mars. Photo Martin Chevalier
Somme à risque: 222M$

Ce projet méconnu mené par les pétrolières Suncor et Shell aura coûté cher aux Québécois. Lancé à la fin de 2020 par François Legault, il prévoyait la construction d’une usine de biométhanol fait à partir de déchets. La technologie retenue était celle de l’entreprise québécoise Enerkem, qui a connu plusieurs difficultés depuis sa fondation, en 2002, et qui vient de se protéger de ses créanciers.

4. Lion Électrique

Photo FRANCIS HALIN
Photo FRANCIS HALIN
Somme perdue: 127M$

Ce constructeur d’autobus électriques permettait au gouvernement de cocher plusieurs cases: électrification des transports, innovation, développement économique. Pierre Fitzgibbon connaissait bien cette entreprise soutenue financièrement par Power Corporation. Michel Ringuet, qui a longtemps géré sa fiducie personnelle, siégeait au conseil d’administration de Lion depuis 2017. L’entreprise, qui vient d’être rachetée par Vincent Chiara et Pierre Wilkie, pourra profiter du renouvellement d’un programme d’aide financé à hauteur de près de 500M$.

5. Lumenpulse

François-Xavier Souvay, fondateur de Lumenpulse.
François-Xavier Souvay, fondateur de Lumenpulse. Photo d’archives, Pierre-Paul Poulin
Somme à risque: 120M$

Le ministère de l’Économie et Investissement Québec (IQ) ont investi 120M$, principalement en 2021, dans cette entreprise d’éclairage de Longueuil. Comme dans le cas de Lion, Power Corporation est un important actionnaire de Lumenpulse et l’ancien mandataire de la fiducie de Pierre Fitzgibbon, Michel Ringuet, siège à son conseil. Plus tôt cette année, Power a averti que la valeur de l’entreprise avait perdu 383M$, ce qui signifie que l’investissement du gouvernement a fondu.

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6. Lightspeed Commerce

JP Chauvet (à gauche), ancien PDG de Lightspeed, et Dax Dasilva, fondateur de l'entreprise, en 2022.
JP Chauvet (à gauche), ancien PDG de Lightspeed, et Dax Dasilva, fondateur de l'entreprise, en 2022. Photo Lightspeed Commerce
Somme à risque: 68M$

Comme pour Lumenpulse, le placement de 135M$ effectué par le gouvernement et IQ dans Lightspeed en 2022 n’a jamais fait l’objet d’un communiqué de presse. Selon l’ancien PDG d’IQ Guy LeBlanc, l’investissement visait à «protéger un siège social» alors que le cours boursier de Lightspeed avait chuté. Le titre de l’entreprise a toutefois poursuivi sa dégringolade, de sorte que le placement de Québec vaut actuellement moitié moins qu’en 2022.

7. Leddartech

Illustration LeddarTech
Illustration LeddarTech
Somme à risque: 67M$

De 2020 à 2023, le gouvernement Legault a investi 67M$ dans cette entreprise techno de Québec spécialisée dans les logiciels d’aide à la conduite automobile. En difficulté depuis plus d’un an, l’entreprise est à court d’argent. Elle vient de mettre à pied 138 travailleurs, soit 95% de ses effectifs. Le PDG de LeddarTech, Frantz Saintellemy, avait publié un message louangeur sur Pierre Fitzgibbon lors du départ de celui-ci, en septembre.

8. Métaux BlackRock

Somme à risque: 63M$

Pierre Fitzgibbon n’a pas hésité à financer massivement Métaux BlackRock, qui menait un projet de mine de fer, de vanadium et de titane près de Chibougamau et d’usine au Saguenay. À la fin de 2021, l’entreprise est devenue insolvable. Ses actifs ont été acquis par Strategic Resources, une entreprise dirigée à partir de Toronto qui tente de relancer le projet. Québec détient plus de 40% des actions de Strategic, qui vaut environ 27M$ en Bourse.

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9. Tergeo (Alliance Magnésium)

Photo tirée du site web de Tergeo
Photo tirée du site web de Tergeo
Somme perdue: au moins 41,9M$

Cet ambitieux projet de plus de 1 G$ avait tout pour séduire les politiciens: Alliance Magnésium souhaitait traiter les montagnes de résidus d’amiante qui trônent autour de Val-des-Sources pour en tirer du magnésium et de la silice amorphe. Rebaptisée Tergeo en 2023, l’entreprise n’a jamais réussi à trouver les fonds requis pour mener à bien son projet. Elle avait aussi obtenu le soutien des gouvernements Marois et Couillard, mais c’est sous l’ère caquiste qu’elle a reçu le plus de fonds publics.

10. Groupe Sélection

Réal Bouclin, fondateur de Groupe Sélection.
Réal Bouclin, fondateur de Groupe Sélection. Photo MARTIN ALARIE
Somme perdue: 43,6M$

Au début de la pandémie, le MEIE avait accordé 120M$ en prêts et en garanties de prêt au Groupe Sélection, un exploitant de résidences pour aînés. À la fin de 2022, l’entreprise, criblée de dettes, s’est placée à l’abri de ses créanciers. L’an dernier, Québec a dû verser 44M$ à la Banque Nationale afin de permettre à celle-ci de récupérer les pertes qui étaient couvertes par les garanties gouvernementales. W Investments, la firme de Michel Ringuet, l’ex-mandataire de la fiducie de Pierre Fitzgibbon, était actionnaire de trois projets du Groupe Sélection, avait révélé La Presse. M. Fitzgibbon a soutenu ne pas être au courant.

11. Le Panier bleu

Le premier ministre François Legault avec le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon lors du lancement du Panier Bleu en avril 2020.
Le premier ministre François Legault avec le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon lors du lancement du Panier Bleu en avril 2020. Photo d’archives, Didier Debusschere
Somme perdue: 22,5M$

Lancé au début de la pandémie, le Panier bleu avait pour objectif d’aider les commerçants québécois à vendre en ligne pendant la fermeture des établissements physiques. D’abord simple répertoire, il est devenu un site transactionnel à l’automne 2022. Trop tard: le Panier bleu n’a pas pu faire le poids face à des géants comme Amazon et à l’infrastructure numérique que plusieurs détaillants ont développée eux-mêmes. En février 2024, le ministre Fitzgibbon a constaté l’échec et a fermé le site.

12. Taiga Motors

Samuel Bruneau, PDG de Taiga Motors.
Samuel Bruneau, PDG de Taiga Motors. Taiga Motors
Somme perdue: 20M$

Avec Lion, le constructeur de motoneiges et de motomarines électriques Taiga était, pour Québec, un maillon important de l’électrification des transports. La jeune pousse a toutefois été confrontée à des problèmes d’approvisionnement et à des ventes insuffisantes. À court d’argent, Taiga a été cédée l’an dernier à un investisseur britannique qui tente de relancer l’entreprise. Le projet de méga-usine à Shawinigan a toutefois été abandonné.

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