Agressions sexuelles à Montréal: un faux policier écope de 8 ans de pénitencier
Il s’en prenait à des travailleuses du sexe qu’il ne voulait pas payer


Michael Nguyen
Un Montréalais qui se faisait faussement passer pour un policier auprès de travailleuses du sexe afin de les agresser sexuellement a écopé de huit ans de pénitencier, durant lesquels il devra développer un peu d’empathie pour les victimes.
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«Les victimes étaient choisies en raison de leur occupation, il est reconnu que les travailleuses du sexe sont particulièrement vulnérables. Il ne s’agit pas d’un geste isolé, mais bien de gestes commis sur quatre victimes sur une période de six mois», a rappelé le juge Yves Paradis en condamnant Mohamad Abdool Koheeallee ce mardi au palais de justice de Montréal.
L’accusé de 38 ans espérait pourtant s’en tirer avec une peine plus clémente, lui qui continue de se trouver des excuses pour ses crimes commis sur une période de six mois, à partir de l’été 2019.
À l’époque, fraîchement séparé, Koheeallee s’était mis en tête d’obtenir des services sexuels, mais sans payer. Et pour cela, il avait développé un stratagème où il se prétendait policier et menaçait les travailleuses du sexe de les arrêter si elles ne se soumettaient pas à ses pulsions.
Traumatisées
Au total, il a fait quatre victimes.
«Les événements ont laissé [l’une d’elles] avec un réel traumatisme, a noté le juge. [Une autre] s’est sentie humiliée d’être tombée dans son piège [...], sa vie a été complètement ébranlée.»
Cette dernière a reçu un diagnostic de maladie transmise sexuellement, une autre victime est devenue anxieuse au point de ne plus vouloir marcher seule en ville, tandis que la quatrième victime a maintenant de la difficulté à faire confiance aux autres.
«Pendant cette période, il n’a démontré aucune compassion ou considération pour ces femmes», a déploré le magistrat.
Et même maintenant, l’agresseur sexuel semble avoir peu cheminé.
«Bien que les faits criminels soient reconnus par M. Koheeallee, ils sont noyés dans une élaboration rhétorique et intellectuelle qui ne laisse que très peu de place à l’introspection et à l’autocritique», a noté le juge.
Pas de clémence
Ainsi, même si le risque de récidive est relativement faible, il n’était pas question de le laisser s’en sortir avec cinq ans de pénitencier, tel que le demandait son avocate Marie-Hélène Giroux.
Rappelant que Koheeallee avait manipulé des femmes vulnérables soigneusement choisies, le juge a plutôt décidé de suivre la recommandation de Me Anna Levin de la Couronne, en condamnant le faux policier à huit ans d’incarcération. Il sera également inscrit au registre des délinquants sexuels pour les 20 prochaines années.
«Ça envoie le message aux victimes que même si elles ont peur de dénoncer, elles peuvent le faire, a commenté Me Levin. Ici, ça a mené à une condamnation et à une peine très sérieuse.»
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