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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Agression sexuelle: un pharmacien retraité écope d'une peine de 18 mois de prison pour avoir fait des attouchements à une employée il y a 32 ans

«Il m’a déshumanisée», a lancé sa victime avant le prononcé de la peine contre Jacques Raymond, maintenant âgé de 79 ans

Jacques Raymond, le 29 mars 2023, alors qu'il a été reconnu coupable d'agression sexuelle sur une adolescente de 16 ans. Les gestes se sont produits dans une de ses pharmacies, après les heures d'ouverture, en avril 1991.
Jacques Raymond, le 29 mars 2023, alors qu'il a été reconnu coupable d'agression sexuelle sur une adolescente de 16 ans. Les gestes se sont produits dans une de ses pharmacies, après les heures d'ouverture, en avril 1991. Photo Pierre-Paul Biron, Journal de Québec
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2023-10-03T20:24:08Z
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La victime d’un pharmacien agresseur a livré un puissant témoignage mardi sur les conséquences qu’a eues l’agression survenue il y a 32 ans dans le commerce de l’homme. « Il m’a déshumanisée, je suis devenue un objet servant à satisfaire les désirs d’un prédateur », a-t-elle dit à propos de celui qui a été condamné à 18 mois de prison.

• À lire aussi: Coupable d’une agression sexuelle commise dans sa pharmacie

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Jacques Raymond a été condamné mardi à une peine d’un an et demi de détention.

Un soir d’avril 1991, se retrouvant seul dans l’une de ses pharmacies avec une jeune employée de 16 ans, il lui demande d’essayer de nouveaux sarraus récemment reçus. Or, l’homme a demandé à la jeune femme de retirer son chandail et son soutien-gorge, avant de la toucher et de la photographier.

Pour la victime, cette soirée traumatisante aura transformé le cours de sa vie.

« Il a anéanti l’adolescente d’à peine 16 ans que j’étais, mais aussi la femme et la mère que j’allais devenir », a-t-elle confié avec solidité au juge Jacques Trudel mardi.

Angoisse constante

Jacques Raymond avait évoqué lors de son procès que la victime était celle qui avait pris l'initiative de la séance photo improvisée, disant avoir ressenti un « immense malaise ». Ces prétentions avaient été balayées du revers de la main par le juge dans sa décision, mais la victime a tenu à y répondre devant le tribunal.

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« Je n’ai jamais été cette adolescente dévergondée dépeinte par l’accusé. [...] Je n’étais qu’une adolescente en couple avec un garçon de mon âge », a insisté la femme maintenant âgée de 48 ans. « Cette ado qui brûlait d’envie de vivre avant ce soir d’avril 1991, je l’ai perdue. »

Depuis, l’anxiété, la peur, l’angoisse ont pris le contrôle de sa vie, a-t-elle ajouté. 

« Les rires, mais aussi les larmes m’ont quittée. J’aimerais parfois m’effondrer en larmes, parce que là, j’aurais peut-être le sentiment d’être en vie », a-t-elle affirmé, disant regretter d’avoir transmis, bien involontairement, ses craintes à ses propres enfants.

Parmi les autres conséquences du crime sur sa vie, elle a abordé de sérieux impacts sur sa vie professionnelle liés à cette angoisse constante. Elle a notamment expliqué avoir refusé des promotions et avoir même dû décliner un poste où son arrivée avait déjà été annoncée.

« La peur d’avoir peur me fait reculer. »

Renverser le fardeau de la honte

Après toutes ces années, la femme a raconté mardi avoir choisi de porter plainte dans l’espoir que justice soit enfin rendue après toutes ces années « dans la honte et le déni ». 

Surtout que son agresseur, lui, « poursuivait sa vie dignement ».

« [Aujourd’hui] mes pensées vont à cette femme épanouie, à cette mère équilibrée, à cette femme libre, à cette femme sexuée, à cette amie présente et cette conjointe rayonnante que je ne suis pas. Je m’adresse à cette femme brisée, privée de sa féminité et de sa liberté de vivre sereinement », a-t-elle exposé avec force.

La peine de 18 mois d’emprisonnement découle d’une suggestion commune présentée par les parties. Le juge Jacques Trudel a entériné cette proposition, félicitant au passage la femme pour son courage, elle qui a réussi à se tenir debout devant son agresseur.

« Elle l’a fait comme, malheureusement, bien des victimes ne sont pas capables de le faire. Elle le fait pour elle-même aujourd’hui, mais elle le fait aussi, au fond, pour beaucoup d’autres victimes », a salué le juge Trudel. 

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