Agente des services correctionnels corrompue: elle livrait drogue et armes aux détenus de la prison Rivière-des-Prairies
La gardienne de prison depuis congédiée a plaidé coupable d'abus de confiance, de complot, ainsi que de possession illégale de cannabis


Michael Nguyen
Une agente des services correctionnels qui avait livré de la drogue, du tabac, des cellulaires et même des armes à des détenus du centre de détention Rivière-des-Prairies à Montréal est finalement passée aux aveux.
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«Oui», a tout simplement lancé Fania Jean-Charles, la tête basse, quand elle s’est fait demander si elle plaidait bien coupable d’abus de confiance, de complot pour distribution de cannabis et de possession illégale de cette drogue, ce jeudi au palais de justice de Montréal.
Jean-Charles, 39 ans, avait commis son crime au début de 2021. À l’époque, cela faisait 13 ans qu’elle travaillait comme gardienne de prison. Or, pour se mettre quelques dollars dans les poches, elle avait accepté de livrer du matériel interdit à une aile complète du centre de détention.
«Elle va amener des items aux détenus sous le prétexte qu’il manque de nourriture, et ce en utilisant des sacs de papier bruns, des canettes de boissons modifiées ou des contenants de style boîte de Pringles», a expliqué Me Sara Hennigsson de la Couronne.
Aussi des lames
Sauf que le petit manège de l’agente n’a pas échappé à ses collègues, qui avaient constaté à plusieurs reprises des odeurs de cannabis, bien souvent à son arrivée. Jean-Charles avait également été vue faire plusieurs allées et venues vers le secteur problématique, est-il indiqué dans le résumé des faits.
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L’affaire a finalement été résolue le 5 mars 2021, quand elle a été vue déposer un sac brun devant une porte coulissante d’une aile complète de la prison. Des gardiens n’ont pas tardé à saisir le sac, qui contenait 139 g de cannabis, 104 g de tabac, mais aussi trois téléphones cellulaires, cinq lames de couteau, ainsi que des briquets.
Une perquisition à son domicile a permis de découvrir 228 g de cannabis compressé, du tabac, ainsi que d’autres items laissant croire qu’il s’agissait d’une commande pour une future livraison.
Pour 5000 $
Jean-Charles, qui avait encaissé 5000 $ pour ses livraisons mettant en péril la sécurité dans le centre de détention, a rapidement été congédiée, en plus d’être accusée au criminel. Et plutôt que de subir son procès, elle a finalement choisi d’admettre ses torts ce jeudi.
«Sa réhabilitation est bien amorcée, malgré une période difficile [à la suite de son arrestation] elle a maintenu des emplois», a tenu à souligner Me Valérie Acosta de la défense.
Jean-Charles reviendra à la cour dans les prochains mois, pour les plaidoiries des parties sur la peine à lui imposer. D’ici là, elle rencontrera des experts qui dresseront un portrait d’elle, afin d’expliquer les raisons qui l’ont poussée à commettre ses crimes.
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