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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Intenses affrontements entre la Thaïlande et le Cambodge, au moins 12 morts

AFP
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2025-07-24T07:44:15Z
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Des affrontements frontaliers d'une intensité rare ont opposé jeudi la Thaïlande et le Cambodge: des avions de combat thaïlandais ont frappé des cibles militaires cambodgiennes et des tirs d'artillerie attribués au camp opposé ont tué un civil selon Bangkok. 

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La Thaïlande a mené jeudi des frappes contre des cibles militaires cambodgiennes et Phnom Penh a lancé contre son voisin des tirs d'artillerie et de roquettes, faisant au moins 12 morts selon Bangkok, dans des affrontements frontaliers d'une rare intensité.

Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est se déchirent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie durant l'Indochine française, mais des affrontements à ce niveau de violence n'avaient pas secoué la région depuis presque quinze ans.

Le ministère thaïlandais de la Santé a fait état de 12 morts, dont 11 civils, et 35 blessés. Huit civils ont été tués dans la province de Sisaket, où une attaque à la roquette a touché une supérette près d'une station-service.

«J'ai entendu un grand bruit trois ou quatre fois, et quand j'ai tourné la tête, il y avait un énorme nuage de fumée», a décrit à l'AFP Praphas Intaracheun, un jardinier de 53 ans, qui se trouvait dans une station-service à 300 m de celle ciblée, au moment des faits.

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Un enfant de huit ans a aussi perdu la vie dans la province de Surin (nord-est), selon les autorités.

Des obus ont aussi touché un hôpital d'une trentaine de lits à Phanom Dong Rak, dans la province de Surin, près de la frontière, provoquant l'effondrement partiel du toit.

Le bâtiment avait été partiellement évacuée dans la nuit de mercredi à jeudi par précaution. «On ne sait pas quand les patients pourront revenir en toute sécurité», a déclaré à l'AFP un soldat à l'entrée, souhaitant garder l'anonymat.

Les combats se concentrent autour de six endroits, a indiqué l'armée thaïlandaise, qui a déployé jeudi matin six avions F-16 pour frapper «deux cibles militaires cambodgiennes au sol», a déclaré le porte-parole adjoint des forces armées, Ritcha Suksuwanon.

Le Cambodge n'a communiqué aucun bilan jusque-là. La porte-parole du ministère khmer de la Défense Maly Socheata a refusé de répondre à une question sur d'éventuelles victimes lors d'une conférence de presse.

«Avide de guerre»

L'Union européenne et la Chine, pays qui entretient traditionnellement de bonnes relations avec les deux pays, se sont déclarées "profondément préoccupées" par les affrontements et ont appelé au dialogue.

La France, ancienne puissance coloniale au Cambodge, a également demandé l'arrêt immédiat des combats et l'ouverture de pourparlers. L'ambassade de France en Thaïlande a «fortement déconseillé» les déplacements dans une zone frontalière allant de Phanom Dong Rak à Chong Bok, côté thaïlandais.

Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), a appelé les deux pays à la «retenue».

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Il a indiqué sur Facebook s'être entretenu avec le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, et le dirigeant cambodgien, Hun Manet, pour leur faire part de la «profonde inquiétude» de son pays.

Bangkok et Phnom Penh sont engagés dans un bras-de-fer depuis la mort d'un soldat khmer fin mai, lors d'un échange nocturne de tirs dans une zone contestée surnommée le «Triangle d'émeraude».

Des mesures de représailles, décrétées par les deux camps malgré des appels à l'apaisement, ont déjà affecté l'économie et le sort de nombreux habitants des régions concernées.

Un nouvel échange de coups de feu près de vieux temples disputés, survenu jeudi après 8h (1h GMT) au niveau de la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle cambodgienne d'Oddar Meanchey (nord-ouest), a remis le feu aux poudres.

Les deux armées se sont mutuellement accusées d'avoir fait feu en premier.

Hun Manet a partagé sur Facebook une lettre qu'il a adressée au président du Conseil de sécurité de l'ONU dans laquelle il a réclamé une réunion «d'urgence» du Conseil de sécurité.

Le porte-parole du gouvernement thaïlandais Jirayu Houngsub a condamné les actions du Cambodge «avide de guerre» en ciblant des civils.

L'ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays «le plus tôt possible».

«Guerres du passé»

Mercredi, Bangkok a rappelé son ambassadeur en place à Phnom Penh et expulsé de son territoire l'ambassadeur cambodgien, après qu'un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.

Une enquête de l'armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines à la frontière, selon les autorités thaïlandaises.

Le Cambodge a rejeté ces accusations et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de «guerres du passé».

L'épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.

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