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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Affaire McKinsey: les partis d'opposition forceront une enquête parlementaire

Photo d'archives, AFP
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Raphaël Pirro

2023-01-10T17:52:15Z
2023-01-10T19:27:54Z
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Les partis d’opposition à Ottawa forceront la tenue d’une enquête parlementaire au sujet de la «grande influence» de la firme internationale de cabinet-conseil McKinsey & Company auprès du gouvernement fédéral.

• À lire aussi: L'inquiétante influence de McKinsey

L’enquête sera menée par le Comité permanent des opérations gouvernementales du Parlement, qui se penche souvent sur les questions entourant les contrats fédéraux, a annoncé mardi le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre.

«Ces consultants peuvent charger des centaines de dollars l’heure. En sous-traitant tout à l’externe, on finit par payer plus», a-t-il dit en promettant d’éliminer «l’influence excessive des multinationales» sur les affaires publiques.

«Radio-Canada» a révélé la semaine dernière que le gouvernement Trudeau a déboursé 66 millions $ en sept ans pour les services de la multinationale. Malgré les sommes investies, peu de résultats tangibles de ce travail de l’ombre sont connus du public.

  • Écoutez la rencontre Dutrizac – Dumont diffusée chaque jour en direct 7 h via QUB radio :

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Le Parti conservateur, le Bloc québécois et le NPD s’en remettent au comité parlementaire, sans toutefois rejeter définitivement la tenue d’une enquête publique de plus grande envergure.

Dans un contexte de gouvernement minoritaire, les Libéraux ne peuvent s’opposer à la volonté de ces partis lorsqu’ils font front commun en comité.

En point de presse, M. Poilievre n’a pas manqué de souligner que McKinsey & Company fait l’objet d’une enquête en France pour ses pratiques financières et que le gouvernement Trudeau a nommé un ancien haut dirigeant de la firme, Dominic Barton, comme ambassadeur en Chine en 2019.

Yves-François Blanchet en a rajouté une couche en après-midi en affirmant que l’«association» entre le gouvernement fédéral et la firme «donne au mieux des résultats pitoyables».

«Les contribuables qui paient déjà pour la fonction publique et qui paient aussi pour des ministres se trouvent à payer une deuxième fois pour des gens à qui l’on demande de se substituer à la fonction publique», a lancé le chef du Bloc québécois.

Au-delà de l’argent, c’est le mystère entourant la proximité de McKinsey avec Ottawa qui fait hausser les sourcils.

«On met rarement le mot transparence et McKinsey dans la même phrase», a soulevé M. Blanchet. «Le gouvernement n’a pas à se prêter à cet exercice-là.»

Ce dernier espère que le gouvernement libéral fournira aux élus du comité tous les contrats accordés à McKinsey, sans caviardage, chose qui risque peu d’arriver, reconnaît-il.

Le NPD, lui, qualifie le tout comme une «campagne soutenue visant à miner» les fonctionnaires.

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Écoutez l'entrevue avec Alain Rayes à l’émission de Richard Martineau via QUB radio : 

«Le Canada dispose d'une solide fonction publique qui peut faire le travail à une fraction du coût des contrats octroyés. Il n'y a donc aucune raison pour que M. Trudeau choisisse de remettre des poches d'argent à ses amis milliardaires à la place», estime Matthew Green, porte-parole en Éthique du NPD.

Parmi les 66 millions $ en contrats conclus avec la firme en 7 ans, 25 millions $ ont été consacrés à l’immigration. Toujours selon «Radio-Canada», McKinsey aurait influencé Ottawa pour sa stratégie d’immigration, notamment en conseillant de rehausser à 500 000 le nombre de résidents permanents à accueillir par année.

Omniprésente dans l’entourage des gouvernements occidentaux, la firme aurait aussi conseillé le gouvernement de François Legault dans le cadre de la pandémie de COVID-19, comme elle l’a fait auprès de plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Allemagne.

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