Accoucher au Canada: une destination de rêve pour bien des futurs parents de l'étranger
Le CHUL et Saint-François d'Assise constate une hausse de patientes non résidentes et sans RAMQ dans leurs salles d'accouchement


Catherine Bouchard
Que ce soit pour mettre au monde un «bébé passeport» ou profiter de soins de santé de qualité, des patients de l’étranger n’hésitent pas à se rendre au Québec ou ailleurs au Canada pour en bénéficier, qu’ils aient les moyens ou non d’acquitter la facture.
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Le phénomène a déjà fait les manchettes. Des influenceuses africaines avaient notamment fait la promotion de l’accouchement au Canada, afin que l’enfant obtienne la citoyenneté par le principe du droit du sol, d’où l’expression «bébé passeport».
Le Journal a découvert d'autres sites étrangers faisant le même type de promotion auprès de futures mamans.
«Vous pourrez accueillir votre bébé en toute élégance, grâce aux programmes et services d'aide que le Canada met à votre disposition sous forme d’argent [...] Quelle affaire!», peut-on lire sur le site vivirsecanada.com, un site basé en Estonie.
Employés inquiets
Selon les témoignages recueillis auprès d’employés du CHUL, ce phénomène est bien connu et plusieurs patientes viennent y accoucher sur les «conseils d’amis».
«Il y a deux mois, un patient disait que nous n’avions pas le droit de ne pas le traiter, évoquant le serment d'Hippocrate. Il disait: je n’ai pas d’argent, mes amis m’ont dit que je n’étais pas obligé de payer et je ne vous payerai pas. Il a déchiré la facture devant le médecin», confie un employé qui a demandé l’anonymat par crainte de représailles.
La volonté du personnel restera toujours de donner les meilleurs soins, mais souvent, ces patientes arrivent sans historique médical, ce qui peut entraîner des problèmes plus graves.
«On travaille à l’aveugle», déplore l’employée.
Une autre employée en néonatalité souligne, elle aussi, les pièges d’une telle prise en charge. «Ça arrive souvent qu’elles se retrouvent aux soins intensifs, alors les coûts peuvent monter rapidement», souligne-t-elle.
Revoir le droit de sol
Selon l’avocat spécialisé en immigration, Me Maxime Lapointe, le droit du sol peut être attrayant pour un futur parent de l’étranger. Mais à son avis, il devrait être revu, constatant l’ampleur du phénomène.

Le non-paiement d’une facture d’accouchement pourrait-il être considéré comme une fraude par le Canada, suggère-t-il?
«Si oui, est-ce que le Canada veut aller de l’avant pour révoquer la citoyenneté de tous les gens qui l'ont obtenu par fraude [pour leur bébé]», questionne Me Lapointe.
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