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L'article provient de Bureau d'enquête

Accès à l’information: nos journalistes vous racontent les pires histoires d’horreur

Les gouvernements vous cachent des choses

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Photo portrait de Jean-Louis Fortin

Jean-Louis Fortin

2024-02-09T16:30:00Z
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Qu’ont à cacher nos gouvernements? Ils n’ont jamais dépensé autant de votre argent, que ce soit en salaires, en contrats publics et subventions de toutes sortes. Et pourtant, ils semblent être de moins en moins transparents.

Le Journal, vous le savez, se porte constamment à la défense de l’intérêt public. Nos journalistes multiplient les demandes d’accès à l’information pour vous permettre d’être des citoyens et des contribuables plus éclairés.

Dans le cadre du dossier que nous vous présentons à compter d'aujourd’hui, nous avons demandé à ces professionnels de l’information de témoigner des pires histoires d’horreur qu’ils ont vécues en lien avec l’accès à l’information.

Des cas troublants

Je dirige des enquêtes journalistiques depuis plus d’une décennie, et je croyais avoir tout vu en matière de manque de transparence. Pourtant, j’ai été sidéré à la lecture des cas fournis par les collègues:


À Ottawa, l’accès à l’information est une farce. Parlez-en à ma collègue Sarah-Maude Lefebvre, journaliste au Bureau d’enquête. Elle a eu le temps d’avoir deux enfants, dont l’aînée a maintenant 6 ans, avant de recevoir une réponse à une demande faite en 2017 à la GRC.


Le gouvernement du Québec ne fait guère mieux. Impossible d’avoir une entrevue au sujet de l’accès à l’information avec Jean-François Roberge. C’est tellement sérieux pour la CAQ, la transparence, que le gouvernement en est à son quatrième ministre responsable de ce dossier depuis son arrivée au pouvoir il y a à peine plus de 5 ans.

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Dans les deux plus gros postes budgétaires qui relèvent de l’Assemblée nationale, soit la santé et l’éducation, le fouillis est complet. Plus du tiers des 72 centres de services scolaires n’ont tout simplement pas répondu à notre journaliste Daphnée Dion-Viens, qui voulait des chiffres sur les enseignants qui démissionnent.


Au municipal, l’accès à l’information relève souvent de l’improvisation. Faut-il se surprendre que le directeur général d’un village refuse d’être transparent lorsqu’il doit répondre sur ses propres dépenses?


Sans parler des corps policiers, qui agissent «souvent comme si la loi d’accès à l’information n’existait pas», selon un professeur de criminologie qui s’est confié à nous.


D'autres cas

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Promesses vides

Pourtant, les grands engagements en matière de transparence n’ont pas manqué.

Du gouvernement libéral de Philippe Couillard, qui avait promis en 2014 d’être «le plus transparent de l’histoire», jusqu’à François Legault, qui a clamé haut et fort pendant la pandémie qu’«il n’y a absolument rien de caché» et que «tout est transparent»...

Au Québec, la loi est pourtant très claire: 

«Toute personne qui en fait la demande a droit d’accès aux documents d’un organisme public».

Et cela ne s’applique pas seulement aux médias. «On a tendance à penser que la loi d’accès à l’information, c’est une bébelle de journalistes, mais ce n’est pas vrai. La grande majorité des demandes sont faites par des citoyens ou des organismes», insiste Éric-Pierre Champagne, le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

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  • Écoutez l'entrevue avec Jean Louis Fortin, directeur du Bureau d’enquête de Québecor au micro d’Alexandre Dubé via QUB radio :

On doit exiger mieux

Il existe bien des exceptions valables pour refuser l’accès à des informations. Par exemple, un secret qui compromettrait la sécurité d’un délateur de police. Ou encore une stratégie de négociation du gouvernement pour ses conventions collectives. Ou encore des renseignements qui relèvent de la sphère privée.

Mais trop souvent, les organismes publics utilisent paresseusement un de ces prétextes pour justifier une fin de non-recevoir totale, plutôt que de transmettre un document en ayant pris soin de cacher uniquement ce qui méritait de l’être.

Sans les demandes d’accès à l’information, personne n’aurait su en novembre dernier l’ampleur des dépenses douteuses à l’Office de consultation publique de Montréal. Nos enquêtes journalistiques ont fait changer la loi à l’Assemblée nationale pour assujettir ce genre d’organismes à plus de contrôle. La Ville de Montréal a aussi revu sa politique de dépenses, même si son directeur général assure avoir commencé à travailler sur cette réforme avant nos révélations.

Il n’y a aucun doute; en matière de transparence, les Québécois peuvent et doivent exiger mieux de leurs gouvernements.

Comptez sur Le Journal pour mener cette bataille.

— Jean-Louis Fortin, directeur du Bureau d’enquête

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