Académie Saint-Louis: des jeunes footballeurs «obligés de jouer en silence»

Des parents et des sportifs de l’Académie Saint-Louis déplorent qu’un vieux règlement municipal prive cette année les jeunes footballeurs de leur annonceur maison et les force à réduire le bruit sur le terrain de l’école pour ne pas déranger le voisinage. 

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«Les enfants déplorent qu’ils vont être obligés de jouer en silence. Et les parents les soutiennent et disent que ça n’a pas de bon sens», a exprimé Gabriel Hardy. 

Avec trois autres parents dont les jeunes évoluent au sein des équipes de football de l’Académie Saint-Louis (ASL), une école secondaire privée axée sur le sport, il a choisi de prendre la parole pour dénoncer la situation, qui survient quelques semaines après le reportage du Journal concernant des affiches à L'Ancienne-Lorette qui avisaient les sportifs de faire moins de bruit sur le terrain de sports.

C’est avec consternation que les parents ont appris que l’annonceur maison des matchs de football des équipes de l’Arsenal ne sera pas de retour cette année. Une décision confirmée au Journal par la directrice des communications de l’ASL, Vanessa Déziel.

Interventions des voisins

L’ASL explique que certains voisins ont fait des interventions auprès de l’école concernant le bruit pendant les matchs. «La Ville [de Québec] a rencontré à l’automne 2023 des représentants de l’école et des résidents des alentours pour préciser son règlement» datant de 2007, a indiqué le porte-parole de la Municipalité, Jean-Pascal Lavoie. La Ville est intervenue de nouveau en mai 2024, précise l’ASL. Par contre, la Ville soutient que depuis un an « aucune plainte concernant ce terrain de sport» n'a été enregistrée au 311.

La direction de l’école a donc décidé de resserrer ses règles, soucieuse de vivre en bon voisinage. «Nous sommes sensibles à la situation de nos voisins, mais nous sommes aussi conscients que celle-ci peut avoir un impact sur l’expérience que vivent nos jeunes lors de ces événements sportifs significatifs pour eux», a affirmé Vanessa Déziel. «Nous faisons tout notre possible pour que nos élèves-athlètes et leurs parents puissent vivre des événements sportifs dynamiques même avec ce règlement.»

«Dénaturer» le sport

«C’est complètement déplorable, ça dénature le football», insiste un parent, Yannick Boucher. L’annonceur fait partie de l’expérience que veulent vivre les jeunes, dit-il. Il anime la foule et décrit le match. Sans annonceur, les jeunes ne peuvent vivre le moment très attendu de l’entrée de l’équipe sur le terrain local, au son de la musique, regrettent les parents.

«Quand on va ailleurs, les autres équipes le font. Là, les autres équipes vont venir ici et nos joueurs vont rentrer sur le terrain la mine basse», évoque Julien Royer. «Nos enfants font beaucoup d’efforts. C’est leur passion, leur fierté, renchérit Julie Tremblay. Ils sont très déçus. La déception, dans le visage de mon fils, je l’ai vue.»

«Mon gars m’a dit: “Je ne veux pas qu’on soit reconnus comme étant les premiers qui jouent des matchs de football en silence. J’ai honte, je suis triste”», relate M. Boucher.

L’Arsenal joue moins de 20 matchs par année à domicile, de la fin août à la mi-novembre, font valoir les parents, qui estiment que le dérangement est minime.

Ils insistent sur le fait qu’ils n’en veulent pas à l’école, qui est prise entre l’arbre et l’écorce. Ils souhaitent que la Ville de Québec revoie son vieux règlement municipal.

«C’est une décision d’adultes qui va impacter les enfants, encore une fois, exprime M. Hardy. On est vraiment en train d’accommoder des personnes qui ne veulent pas de bruit au détriment des jeunes qui essaient de bouger.»

L’école s’expose à des amendes

L’Académie Saint-Louis (ASL) s’expose à des amendes pouvant aller jusqu’à 4000$ par effraction si elle ne se conforme pas au règlement de la Ville de Québec qui interdit les systèmes d’amplification sonore sur son terrain de sports.

Le règlement en question s’applique exclusivement au terrain de l’Académie et il est plus restrictif que le règlement municipal général sur le bruit, souligne le porte-parole de la Ville de Québec, Jean-Pascal Lavoie.

Trompettes et cie

Adopté en 2007, il prévoit que les systèmes d’amplification sonore sont interdits sur le terrain de football de l’ASL. Ceci inclut aussi les objets d’encouragement comme les trompettes, les sifflets, les cloches, les sirènes, etc.

En cas d’infraction, l’école pourrait recevoir une amende d’un minimum de 300$ et d’un maximum de 2000$, qui peut grimper à 4000$ par effraction en cas de récidive.

Selon les documents municipaux datant de 2007, l’école privée avait demandé à l’arrondissement Les Rivières d’autoriser l’usage du «terrain de soccer et de football américain» sur sa propriété. Cela afin de «régulariser la présence de cet équipement sportif qui a été aménagé sans autorisation de l’arrondissement».

Mesures correctrices

Déjà, il y avait des discussions avec «les représentants des condos Châteaux de la Rive-Boisée, Phases 1, 2 et 3», adjacents au terrain. Ceux-ci exigeaient des «mesures correctrices [...] pour résoudre les problématiques associées notamment au bruit et aux éclats de lumière causés par les activités sportives ou récréatives sur le terrain de l’école».

L’arrondissement avait finalement donné le feu vert à l’Académie Saint-Louis en 2007, à condition de limiter les impacts du bruit et de l’éclairage sur le voisinage. C’est à ce moment que les systèmes d’amplification sonore ont été interdits.

Or, disent les parents des jeunes footballeurs, le règlement n’a jamais réellement été appliqué. Aujourd’hui, le sport a évolué, plaident-ils, et l’annonceur maison fait partie de l’ambiance, dans tous les matchs de football.

En dates

1995 : Ouverture de l’Académie Saint-Louis, sur la rue de la Rive-Boisée Sud, dans Lebourgneuf

2006 : Ouverture du terrain de football synthétique

Entre 2004 et 2007 : Construction des édifices à condos à proximité de l’école, sur les rues de la Rive-Boisée Sud et De Celles.

2007 : Adoption du règlement R.A.2V.Q. 127, qui interdit les systèmes d’amplification sonore sur le terrain de l’ASL

2023 et 2024 : Intervention de la Ville de Québec pour faire respecter le règlement

Sources : Académie Saint-Louis et Ville de Québec