Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Abus sexuels sur un ado: de coach vedette de patinage à pizzaiolo, mais il a du soutien pour peut-être revenir dans le milieu

Coupable d'agression sexuelle et de grossière indécence, Richard Gauthier a été encensé par une figure importante du patinage, sous les yeux d'une victime démolie

L’ex-entraîneur de patinage artistique Richard Gauthier, accompagné de son avocat, Me Giuseppe Battista, au palais de justice de Montréal en janvier 2023.
L’ex-entraîneur de patinage artistique Richard Gauthier, accompagné de son avocat, Me Giuseppe Battista, au palais de justice de Montréal en janvier 2023. Photo Michaël Nguyen
Partager
Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2023-08-16T15:35:24Z
Partager

Un ex-entraîneur vedette de patinage artistique qui a abusé sexuellement d’un athlète de 14 ans travaille maintenant dans une pizzeria, mais il pourrait peut-être revenir dans le milieu, selon un ex-président de Patinage Canada qui l’a encensé malgré des crimes qui continuent de hanter la victime.

• À lire aussi: L'ex-entraîneur vedette Richard Gauthier coupable de crimes sexuels

«Richard Gauthier a laissé beaucoup de très bonnes choses derrière lui. Il va perdre toutes ses reconnaissances, il se retrouve avec rien, je suis très préoccupé, je voudrais l’aider», a lancé Benoît Lavoie ce mercredi, au palais de justice de Montréal.

M. Lavoie, un ex-président de Patinage Canada et qui est actuellement vice-président de l’Union internationale de patinage, ne s’est pas retenu pour défendre son ami, rappelant tous ses accomplissements, au point de presque faire oublier qu’il témoignait dans une affaire criminelle.

Benoît Lavoie
Benoît Lavoie Photo Michaël Nguyen

C’est que Gauthier, 61 ans, n’était pas juste un entraîneur vedette qui «voulait créer des champions» et qui a été intronisé au Temple de la renommée. Il était aussi un agresseur sexuel qui s’en était pris à l'un de ses élèves de 14 ans. 

Victime démolie

Les crimes étaient survenus dans les années 1980, mais l’ado maintenant adulte continue d’en subir les contrecoups, quatre décennies plus tard.

Publicité

«Encore aujourd’hui, je suis incapable de faire des choses banales comme dormir en cuillère ou sentir du parfum d’homme, a fait savoir la victime dans une lettre lue à la cour. J’ai dépensé des milliers de dollars en thérapie, je fais des cauchemars.»

L’homme, dont l’identité est protégée par la cour, a ensuite fait savoir que les abus sexuels commis par Gauthier ont grandement affecté sa sexualité, et que ses problèmes ont perduré même avec sa conjointe.

«J’interprétais ça comme des agressions», a-t-il écrit dans sa lettre.

C’est qu’à l’époque, Gauthier avait la confiance de la victime, qui l’admirait. Cela lui a permis de se baigner nu avec la victime, d’avoir pris des douches où ils se lavaient ensemble et d’avoir dormi nu, en cuillère, avec l’ado.

Ce dernier avait intériorisé les crimes subis pendant des années, jusqu’à finalement porter plainte à la police. Et à la suite du procès, Gauthier avait été déclaré coupable de grossière indécence et d’agression sexuelle.

«En raison du comportement de l’accusé [le plaignant] a subi un grave préjudice psychologique», avait noté la juge Josée Bélanger, en rappelant le lien d’autorité que Gauthier avait sur sa victime.

Expertise «utile»

Malgré ces crimes, le vice-président de l’Union internationale de patinage dit vouloir aider l’agresseur sexuel. Dans son témoignage, M. Lavoie a affirmé que Gauthier peut demander à Patinage Canada d’être réintégré, même si la décision se fait au cas par cas, et que c’est «plus dur avec un gros conseil d’administration».

«Il a une expertise qui pourrait être utile à Patinage Canada», a assuré M. Lavoie.

Juste après, l’ancien champion canadien de patinage en couple Craig Buntin a témoigné en faveur de son ancien entraîneur, tout en soulignant qu’il ne connaissait pas la victime et qu’il se basait uniquement sur ce qu’il connaissait de Gauthier. L'ex-patineur Mervin Tran a ensuite fait de même. Par la suite, 23 lettres de soutien ont été déposées à la cour, dans l'espoir d'obtenir la clémence du juge.

« Je ne peux pas changer le passé, j'offre mes excuses sincères à la victime [...] pour mon manque de jugement », a-t-il mentionné dans une lettre déposée à la cour où il a rappelé ses accomplissements professionnels.

À la suite de tous ces témoignages, la victime présente dans la salle a fait savoir qu'elle souhaitait témoigner sur l'impact des témoignages de ce mercredi. Il le fera ce jeudi, juste avant les plaidoiries des parties.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité