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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Abolition de la taxe carbone: les Québécois sont-ils les dindons de la farce?

L’abolition de la taxe carbone fera baisser le prix de l’essence partout au pays, sauf au Québec

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Photo portrait de Annabelle Blais

Annabelle Blais

2025-04-01T04:00:00Z
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L’abolition de la taxe carbone fera baisser le prix de l’essence partout au pays, sauf au Québec, où la taxe n’était pas appliquée parce que la province a son propre système de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Nous avons demandé à Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion de l’énergie à HEC Montréal, si la fin de la taxe carbone était injuste pour les Québécois.


• À lire aussi: Abolition de la taxe carbone: les Québécois paieront leur plein d’essence plus cher qu’ailleurs au pays

• À lire aussi: La guerre des prix de l'essence monte d'un cran


Est-il exact de dire que le marché du carbone qui finance notre Fonds d’électrification et de changements climatiques est surtout financé par les automobilistes?

Oui. C’est essentiellement la vente de droit d’émission aux distributeurs d’essence et de produits pétroliers qui alimentent le Fonds d’électrification. [Ces distributeurs transfèrent ensuite le coût aux automobilistes.]


Ça représente combien à la pompe pour les Québécois?

9 cents le litre. Et les autres Canadiens, eux, payaient jusqu’à aujourd’hui 18 cents avec la taxe carbone.


Quand le Québec a déployé son marché du carbone en 2013, on croyait que plusieurs provinces le rejoindraient. Nous sommes aujourd’hui les seuls à faire payer nos automobilistes pour lutter contre les GES. Nous sommes-nous fait rouler dans la farine?

Non. On a toujours payé des taxes plus élevées sur les carburants que dans les autres provinces. En fait, cette année était la première fois où la taxe sur le carbone dans le reste du Canada faisait en sorte que les autres provinces payaient plus en taxe que le Québec.

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Photo Pierre-Paul Poulin
Photo Pierre-Paul Poulin


Est-ce que les Québécois seront tentés de revendiquer l’abolition de notre marché du carbone?

Si les autres provinces décident de s’enlever des outils pour améliorer l’efficacité énergétique, c’est leur problème. Ce n’est pas intelligent et elles le font pour des raisons populistes.

Il faut maintenant démontrer aux Québécois que notre politique est bonne. Je ne dis pas que notre modèle est parfait. Il y a beaucoup d’améliorations à faire, mais c’est malgré tout une bonne politique.


Et combien d’argent le Québec a-t-il amassé avec son Fonds d’électrification?

On est rendu à 10 milliards $.


Est-ce que monsieur et madame Tout-le-Monde voient la couleur de cet argent?

Oui. Ça profite à ceux qui participent à des programmes comme Rénoclimat, Roulez vert, etc. Il y a des programmes pour les entreprises, il y a aussi une partie de l’argent qui finance l’électrification des transports en commun.

Mais je suis très critique de la manière dont le gouvernement alloue ces fonds. C’est fait sans une très grande transparence, sans beaucoup d’égards pour l’efficacité des mesures. Il y a un surplus d’environ 1,8 milliard $ qui n’est pas dépensé.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Une carte que le gouvernement pourrait jouer serait d’envoyer un chèque aux Québécois, comme le gouvernement fédéral l’a fait avec la taxe sur le carbone.


Est-ce que notre marché du carbone réussit à nous faire diminuer nos émissions de GES?

On a des cibles ambitieuses et le marché du carbone ne nous permet pas, dans l’état actuel des choses, d’être sur la bonne trajectoire parce que ce n’est pas assez contraignant. 

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