Abolition de la taxe carbone: les Québécois paieront leur plein d’essence plus cher qu’ailleurs au pays

Mathieu Boulay
Les automobilistes québécois pourraient payer, à compter d’aujourd’hui, leur litre d’essence jusqu’à 25¢ plus cher que dans les autres provinces canadiennes en raison de l’abolition de la taxe carbone partout au pays... sauf au Québec.
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«Ça écœure et je comprends très bien les propriétaires de véhicule de ne pas être contents, explique Jonathan Lévesque, qui était en train de faire le plein dans une station d’essence de la Rive-Nord de Montréal.
«Pourquoi on payerait plus que tous les autres au Canada? Ça serait le fun d’avoir un “break” comme les autres. Ce n’est pas juste.»
Mise en place en 2023, la taxe carbone, qui s’appliquait dans toutes les provinces sauf le Québec et la Colombie-Britannique, a été abolie par le chef libéral Mark Carney dans les heures après son assermentation comme premier ministre du Canada.
La raison? Le Québec et la Colombie-Britannique ont leur propre tarification de la pollution. Cependant, le Québec a décidé d’être la seule province à conserver sa tarification.
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Les redevances récoltées par le gouvernement provincial sont remises dans le Fonds d’électrification et de changements climatiques (anciennement appelé «Fonds vert») du ministère de l’Environnement, qui sert notamment à fournir des subventions pour l’achat de véhicules électriques à des particuliers, des villes ou des services de transports en commun.
«Ça ne me dérange pas de payer 20¢ le litre de plus si ça peut servir à de grands projets pour l’environnement, fait valoir Michaël Larose, un automobiliste de Québec. Par contre, en tant que comptable, je veux voir des résultats concrets avec cet argent. Si ce n’est pas le cas et qu’on continue de payer plus cher, ça devient un problème.»

«Le Fonds vert n’a pas été utilisé de manière extrêmement intelligente et efficace pour décarboner l’industrie», mentionne toutefois le directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, Normand Mousseau.
Pour le moment, rien n’indique que le gouvernement de François Legault serait tenté de reculer et d’abolir cette taxe comme dans le reste du Canada.
Facture plus salée
Étant donné que le Québec fait cavalier seul dans ce dossier, les automobilistes d’ici pourraient constater un écart entre 20 et 25¢ le litre par rapport aux autres provinces. Et non, ce n’est pas un poisson d’avril.
Pour un plein de 50 litres, ils pourraient donc payer 12,50$ plus cher qu’un automobiliste de l’Ontario ou du Nouveau-Brunswick.

«Il y a tellement de choses qui coûtent déjà plus cher au Québec. C’est injuste. Ce n’est pas comme si j’avais le choix d’utiliser mon auto pour aller travailler et chercher les enfants à la garderie», constate Imen Ilsayed, une jeune maman rencontrée à la pompe, à Québec.
«Si on payait moins cher le litre comme en Ontario, c’est sûr qu’on pourrait sauver quelques dollars», ajoute M. Lévesque.
Originaire de Casselman, en banlieue d’Ottawa, il a grandi en voyant des écarts importants de prix de l’essence entre les deux provinces voisines.
«Je vois toujours des gens du Québec traverser la frontière pour mettre de l’essence du côté de l’Ontario. Quand je me promène avec mon auto, je m’arrange pour aller mettre de l’essence en Ontario le plus souvent possible.»
Lundi, plusieurs stations d’essence de Casselman affichaient 1,45$ le litre régulier, comparativement à 1,60$ à plusieurs endroits au Québec.
– Avec la collaboration de Vincent Desbiens
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