3e lien: Duhaime veut la tête et le siège d’Éric Caire

Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, a lancé aujourd’hui une pétition en ligne pour obtenir la démission du député Éric Caire dans la foulée de l’abandon de l’automobile dans le projet de 3e lien. Si son souhait se réalise, M. Duhaime a l’intention d’être candidat à l’élection partielle, lui qui soutient toujours un pont passant par l’île d’Orléans pour relier les rives nord et sud.

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C’est lors d’une conférence de presse ce matin devant les bureaux d’Éric Caire, dans la circonscription de La Peltrie, qu’Éric Duhaime a dévoilé le site cairedemissionne.com.

Le site rappelle, avec notamment un extrait vidéo, la promesse du député de démissionner si le 3e lien ne se réalise pas.

«Il a choisi de renier ses engagements, de ne pas avoir d’honneur, il a choisi la limousine plutôt que ses citoyens [...] Il a déclaré, jeudi “que vaut ma parole? Je vais laisser mes électeurs décider de la suite des choses”. On veut aujourd’hui que les électeurs décident et on veut le forcer à démissionner», a lancé M. Duhaime.

L’arroseur arrosé

Le leader du PCQ a remémoré le projet de loi sur la révocation d’un député déposé par Éric Caire en 2011. M. Caire était alors indépendant.

Selon le projet, si une pétition récoltait la signature de 50% des électeurs inscrits sur la liste électorale d’une circonscription en 60 jours, le député perdrait son siège, et une élection partielle serait déclenchée. Le PCQ espère amasser 30 547 signatures et forcer la main d’Éric Caire.

«Il a été le premier à réclamer la tête des élus ou des fonctionnaires soupçonnés de mal faire le travail ou de mentir à la population. Dans l’opposition, il aimait se qualifier de shérif. Il va falloir qu’il goûte à sa propre médecine aujourd’hui», a pesté Éric Duhaime.

Ce dernier a précisé que la pétition n’était pas un appui au Parti conservateur – invitant tous les citoyens de La Peltrie à la signer – ni même au 3e lien. «Que vous soyez pour ou contre [le 3e lien], personne ne devrait encourager des politiciens à mentir et à flouer la population.»

Différences et projet du PQ

Éric Duhaime a d’emblée précisé que sa méthode ne respectait pas deux clauses du projet de loi. D’abord, la période minimale de 12 mois après l’élection. «La situation est historique et phénoménale justifie qu’on le fasse à l’intérieur de la première année du mandat», a-t-il plaidé.

L’autre clause étant que les signatures électroniques n’étaient pas acceptées. «Le monde a changé en 12 ans. Le ministre de la Cybersécurité et du Numérique va comprendre qu’il faille se mettre à jour», a raillé Éric Duhaime en soulignant le poste important qui incombe à Éric Caire.

Le PQ a manifesté aujourd’hui son intention de déposer un projet de loi sur la révocation des élus.

«C’est sûr qu’on appuie cette initiative. On aurait aimé que le PQ l’appuie à l’époque où M. Caire l’a présenté», a répondu Éric Duhaime.

Candidat dans La Peltrie

Disant qu’Éric Caire peut très bien se représenter après avoir démissionné, le chef sans siège a soulevé ses partisans en déclarant «s’il le fait, j’ai l’intention de l’affronter et de laisser la population de Québec décider.»

M. Duhaime a affirmé qu’il avait contacté dès samedi 14 députés caquistes des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches.

«J’ai oublié deux députés, a-t-il ironisé. Geneviève Guilbault, parce qu’elle a présenté l’abandon de la promesse, mais aussi Éric Caire, parce qu’il n’est pas bienvenu dans un parti où la parole d’un député vaut quelque chose.»

Il a dit avoir reçu une dizaine de réponses, incluant des accusés de réception, et avoir parlé à certains.

«Je vais continuer. Je sais que François Legault va les rencontrer demain [mardi]. Je sais qu’ils sont dans une opération de tenter de réparer leur gaffe. C’est très insultant pour plusieurs des élus de l’avoir su à la dernière minute [...] Ça ajoute l’injure à l’insulte. À part Mme Guilbault, tous les autres députés de la région de Québec ont été mis devant le fait accompli», a estimé le chef du PCQ.

«Floué»

Éric Duhaime a souligné que son équipe ferait d’autres actions et serait sur toutes les tribunes «pour que la pression soit insoutenable».

Le changement de cap de la CAQ ne passe toujours pas chez les conservateurs.

«Si vous demandez aux candidats, moi-même dans Chauveau, on s’est senti floué. C’est une fraude intellectuelle. Ces gens-là [la CAQ] ont été élus sous fausse représentation. Cet engagement était solennel. Bernard Drainville a dit que c’était la question de l’urne.»

«Ils ont fait élire 16 candidats dans la région de Québec. Aujourd’hui, on se fait cracher dans la face. Des députés m’ont confessé que si cette conférence de presse avait eu lieu il y a huit mois, ils ne seraient pas députés de la CAQ aujourd’hui. Olivier Dumais [Beauce-Nord] a perdu par 200 votes. Pensez-vous qu’il n’y a pas 100 personnes qui auraient changé leur fusil d’épaule?», a demandé M. Duhaime.

Un pont

Contrairement au projet de tunnel de la CAQ, le PCQ plaide pour un pont passant par l’île d’Orléans.

«Les matières dangereuses ne peuvent pas passer dans le tunnel, les coûts sont trop élevés et les dépassements de coûts sont de deux à trois fois supérieurs», craint M. Duhaime.

Les deux hommes ont autrefois été alliés. Quand Éric Caire a été élu une première fois député pour l’Action démocratique du Québec (ADQ) en 2007, Éric Duhaime agissait alors comme conseiller du chef du parti, Mario Dumont.

«J’ai professionnellement très bien travaillé avec lui à l’époque», a convenu Éric Duhaime.