À Washington, les habitants critiquent la présence de la Garde nationale pour «nettoyer» la ville

AFP
Tout juste arrivés à Washington, des militaires en treillis vadrouillent devant la gare principale de la ville, à deux pas du Capitole, sous le regard curieux des touristes et méfiant des habitants.
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Ce contingent fait partie des 800 gardes nationaux mobilisés par le président Donald Trump pour «nettoyer» la capitale qu'il dit «envahie par des gangs violents».
Et ce, alors que les statistiques officielles montrent une baisse de la criminalité violente dans la ville.

En voyant les militaires de réserve, Christian Calhoun, 26 ans, se dit «furieux».
«Ils ne font qu'attendre debout pendant des heures», fustige celui qui est né dans la capitale américaine et pour qui les vives critiques de Donald Trump sur la sécurité à Washington ne sont pas justifiées.
«Injustifié»
«Ce qu'on voit, c'est digne d'un système autoritaire (...). Cela montre à quel point le président et le gouvernement dans son ensemble sont hors-sol», ajoute Christian Calhoun.
Larry Janezich, un autre habitant, âgé de 81 ans, déclare n'avoir assisté pour l'instant à «aucune action significative pour prévenir la criminalité» de la part des troupes mobilisées.
À deux pas, Patricia Darby, une retraitée de 65 ans, pense que les militaires «n'ont pas envie d'être ici», en se référant à leurs mines fermées.
Les habitants rejettent catégoriquement le constat apocalyptique de Donald Trump, qui a placé sous sa coupe la sécurité de la ville.

«C'est totalement faux, et cela a été évidemment partagé sur ses plateformes de communication pour justifier cet usage injustifié du pouvoir fédéral», rétorque Larry Janezich.
Pour Gerry Cosgrove, un touriste écossais venu à Washington pour deux jours, la décision de Donald Trump repose sur ce qui peut se résumer à deux mots: «fake news».
Donald Trump a aussi annoncé souhaiter se débarrasser des sans-abris de Washington.
«Où aller?»
«Mais où vont-ils aller?», lâche Patricia Darby après avoir donné une bouteille d'eau fraîche à l'un d'entre eux, pour qu'il puisse s'hydrater sous les 33 degrés et un important taux d'humidité renforçant le sentiment de chaleur.
Randy Kindle, qui fait partie d'un groupe de manifestants contre la politique de Donald Trump, déclare devant la gare craindre que les sans-abris soient arrêtés et mis en prison ou dans un centre de rétention, «alors qu'ils ont simplement besoin d'aide».

Guadalupe, un septuagénaire originaire du Mexique, vit à la rue. Il raconte à l'AFP que des militaires lui ont demandé mercredi de partir des abords de la gare.
«Ils n'ont aucune manière», lance Guadalupe en espagnol.
«Je me suis senti très mal à l'aise» pendant l'interaction, ajoute-t-il.
Christian Calhoun déclare avoir vu jusqu'ici les militaires principalement occupés à traquer la consommation de cannabis, légale à Washington pour un usage privé depuis 2015.
Ces militaires «resteront sur place jusqu'à ce que l'ordre public soit rétabli dans la ville, comme décidé par le président» Donald Trump, a déclaré le Pentagone jeudi.