À Gaza, des Palestiniens prudents après l'annonce du plan Trump
AFP
«Tout cela n'est qu'une farce», s'énerve Abou Mazen Nassar depuis la bande de Gaza, peu après la présentation lundi par le président américain d'un plan de paix pour le territoire palestinien, auquel le premier ministre israélien a apporté son soutien.
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«(Donald) Trump et (Benjamin) Netanyahu nous mentent», ajoute le cinquantenaire qui ne voit dans l’offre de Donald Trump «aucune garantie» pour la fin de la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas en Israël.
Cet employé de l'Autorité palestinienne a dû quitter son logement de Beit Lahia, dans le nord du territoire, en raison des combats et des bombardements, et vit désormais sous une tente à Deir al-Balah, dans le centre, avec sa famille, dans des conditions particulièrement difficiles.
La plupart des Palestiniens avec lesquels l'AFP a pu s'entretenir dans la bande de Gaza accueillent les propos lundi à Washington du président américain et du premier ministre israélien avec circonspection.
Plusieurs estiment que le Hamas, qui a dit qu'il allait étudier le plan, n'a aucune raison de l'accepter.
«Remettre les prisonniers israéliens (otages, NDLR) sans garanties de fin de guerre ne sera pas accepté par le Hamas», pose d'emblée Najwa Muslim, également dans le centre de la bande de Gaza, à al-Zawaida.
Le mouvement islamiste avait, par le passé, dans le cadre de négociations indirectes avec Israël pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, exigé d'obtenir un cessez-le-feu permanent et définitif en échange de la libération des derniers otages retenus dans la bande de Gaza.
Alors cette femme au foyer de 29 ans n’y croit pas non plus, et dit se sentir piégée «sous le feu», confiant un fort sentiment d'«impuissance».
Le Hamas avait également demandé que le retrait de l’armée israélienne du territoire palestinien soit clair et délimité dans le temps et l’espace.
Or, le plan présenté lundi mentionne bien un retrait de l’armée israélienne, mais sans donner d’échéance précise, et le conditionne à d’importants changements, notamment une réforme profonde l’Autorité palestinienne.
Plan «irréaliste»
«Clairement, ce plan est irréaliste et il a été élaboré avec des conditions dont les États-Unis et Israël savent que le Hamas n’acceptera pas», confirme Ibrahim Joudeh, un ingénieur informatique de 39 ans originaire du sud du territoire, vivant sous une tente d’al-Mawasi (sud).
Les déclarations à Washington n'augurent que de nouvelles «souffrances», dit cet homme qui a déjà connu plusieurs guerres entre Israël et le Hamas et dit n'espérer que «la fin du conflit et la fin de l'occupation israélienne.»
«Nous attendions l'annonce d’un cessez-le-feu. Trump dit que le Hamas doit accepter et affirme en même temps que ce dernier n'aura aucun rôle à Gaza après la guerre, mais en fait, peu importe qui gouvernera Gaza (...) nous voulons l'arrêt de la guerre», abonde Mohammed al-Beltaji, depuis la ville de Gaza, dans le nord.
«Tout ce que nous voulons, c'est que les bombardements et les morts cessent», ajoute-t-il, depuis ce territoire exsangue après bientôt deux ans d'une guerre dévastatrice.
Ces derniers jours, après que M. Trump a laissé entendre une nouvelle fois qu'il allait mettre un terme à la guerre à Gaza, de nombreux Gazaouis ont déclaré à l'AFP ne plus espérer que la fin de la guerre.
«J'ai encore de l'espoir», avance Anas Sarsour, un vendeur de rue également installé dans un campement de fortune à al-Mawasi.
Alors que l'armée israélienne dit poursuivre sa nouvelle offensive sur la ville de Gaza depuis près de deux semaines, et après plus de 66 000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, Hossam Mansour dit s'en remettre à Dieu.
«Si nous n'avions pas d'espoir, nous serions déjà finis, à chaque fois qu'il y a des négociations ou des accords, nous continuons de prier et d'espérer», résume ce quarantenaire installé temporairement à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza.