746 étrangers dangereux à expulser du Québec
Les trois Chiliens qui se sont évadés samedi du Centre de surveillance de l’immigration de Laval s’ajoutent à une longue liste

Anne Caroline Desplanques
Les trois Chiliens qui se sont évadés samedi du Centre de surveillance de l’immigration de Laval s’ajoutent à près de 750 étrangers considérés comme dangereux qui se trouvent au Québec et qu’Ottawa est incapable d’expulser.
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En date du 5 décembre, la liste des personnes à expulser de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) comptait 746 individus interdits de territoire pour des motifs liés à la sécurité.
Violence, crime organisé, espionnage, subversion, terrorisme, crime contre l’humanité, crime de guerre, génocide... La nature des soupçons qui pèsent contre ces individus est large.
Soixante-dix-huit d’entre eux sont d’ailleurs emprisonnés pour avoir commis un crime au pays et ils ne pourront être renvoyés chez eux qu’une fois qu’ils auront purgé leur peine. Mais d’autres sont tout simplement en cavale comme c’est maintenant le cas du trio de Laval, Bryan Ulises Moya Rojas, Daniel Eliseo Gonzalez Ihrig et Diego Nicolas Flores Sepulveda.

«Les agents de l’ASFC entreprennent des enquêtes proactives pour localiser et arrêter les personnes visées par un mandat d’immigration, et ce, par ordre de priorité, ce qui garantit que les cas à risque élevé bénéficient du maximum des ressources», assure la porte-parole de l’Agence Jacqueline Roby.
Criminels en cavale
Mais l’organisme fédéral n’est pas reconnu pour son efficacité à pourchasser ces individus afin de les expulser.
En 2020, la vérificatrice générale, Karen Hogan, a même dénoncé le fait que l’ASFC ne mène que rarement des enquêtes annuelles pour localiser les gens visés par un mandat d’interdiction de territoire, y compris ceux qui ont des antécédents criminels, comme Bryan Ulises Moya Rojas dont Le Journal a retrouvé le dossier de cour au Chili.
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«À l’aide d’un échantillonnage représentatif, nous avons déterminé qu’au moins 70% des cas concernant des criminels n’avaient pas été examinés annuellement et que 75% des cas concernant des demandeurs d’asile déboutés n’avaient pas été examinés tous les trois ans comme ils auraient dû l’être», écrivait Mme Hoggan dans un rapport incendiaire.
Obstacles à l’expulsion
Mme Roby explique que plusieurs obstacles peuvent empêcher l’ASFC d’exécuter une mesure de renvoi, «comme le refus de coopérer des ressortissants étrangers et des gouvernements étrangers, la difficulté d’obtenir des documents de voyage et l’incapacité de faire appel à des transporteurs aériens commerciaux dans certains cas».
Le Canada suspend aussi les renvois vers les pays «où il existe un risque généralisé pour toute la population, comme une guerre ou un désastre écologique», notamment en Haïti ou en Afghanistan, indique le gouvernement.
Pourquoi 746 personnes sont interdites de territoire au Québec pour motifs graves?
• 680 pour criminalité
• 35 pour crime organisé
• 19 pour violations des droits de la personne
• 12 pour la sécurité
Source: ASFC, 5 décembre
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