7 controverses qui ont marqué le règne de Pierre Fitzgibbon

Lydia Labbé-Roy
Le «superministre» caquiste Pierre Fitzgibbon quittera ses fonctions, a-t-on appris mardi après-midi.
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Élu député de Terrebonne en 2018, son parcours politique a été parsemé de controverses qui ont fait les manchettes.
Ses liens étroits avec la communauté des gens d’affaires de la province ont souvent été remis en question.
Celui qui a été nommé ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie en octobre 2022 a d’ailleurs fait l’objet de six rapports d’enquête de la part de la commissaire à l’éthique et à la déontologie.
Voici sept de ces situations qui ont créé la polémique au fil des ans.
Move Protéine
Un des blâmes de la commissaire à l’éthique est en lien avec la vente d’actions de l’entreprise Move Protéine que Pierre Fitzgibbon détenait à son ami lobbyiste Luc Laperrière.
La transaction a eu lieu en novembre 2018 et quelques semaines plus tard, le ministre recevait M. Laperrière à son bureau, a révélé le Bureau d’enquête.
Cette situation a créé une apparence de conflit d’intérêts, a conclu la commissaire à l’éthique.
«Le fait qu’un lobbyiste, lié par une grande relation d’amitié avec un membre du Conseil exécutif, et qui accepte de lui acheter des actions d’une entreprise pour lui rendre service, puisse communiquer directement avec celui-ci afin d’organiser des rencontres professionnelles, nuit au maintien de la confiance de la population envers les membres de l’Assemblée nationale», pouvait-on lire dans le rapport de la commissaire d’octobre 2020.
Polycor
Un souper entre Pierre Fitzgibbon et son ami lobbyiste Luc Laperrière avait fait les manchettes en juin 2022.
Ce repas avait eu lieu le soir même de l’annonce d’un investissement de près de 100 M$ de fonds publics dans l’entreprise Polycor, pour laquelle Luc Laperrière avait réalisé des mandats de lobbyiste, avait révélé Le Journal.
La commissaire à l’éthique avait toutefois jugé qu’il s’agissait d’un souper privé et n’avait pas ouvert d’enquête à ce sujet.
White Star
Alors qu’il était ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon a présenté le premier ministre François Legault au co-fondateur de White Star, une entreprise dans laquelle il détenait toujours une participation.
La rencontre de janvier 2019 a d’ailleurs été immortalisée dans une photo publiée sur le compte Twitter du premier ministre, a révélé le Bureau d’enquête.

Pierre Fitzgibbon a mis presque trois ans après sa nomination à titre de ministre de l’Économie pour se départir de ses actions dans le fonds d’investissement White Star.
En avril 2021, le Bureau d’enquête révélait le ministère de l’Économie et Investissement Québec avaient eu plus de 20 millions $ engagés dans White Star et que ces sommes étaient toujours engagées depuis l’entrée en poste du ministre Fitzgibbon en 2018.
En février 2021, François Legault avait retiré les dossiers impliquant White Star des mains du ministre.
La chasse aux faisans
Pierre Fitzgibbon a participé, en octobre 2022, à une partie de chasse aux faisans sur une île privée appartenant à de riches hommes d’affaires, a révélé le Bureau d’enquête.
Les entreprises de ces hommes d’affaires bénéficiaient de fonds publics, ce qui a soulevé des questions d’éthique.
Le ministre de l’Économie avait alors refusé de révéler s’il avait payé pour cette activité au lac Memphrémagog, puisqu’elle concernait sa vie privée, selon lui.
À la suite d’une enquête, la commissaire à l’éthique avait conclu, dans son rapport de mai 2023 , qu’il n’y avait pas de manquement, mais avait toutefois fait une mise en garde.
«La frontière séparant les sphères personnelle et professionnelle est parfois mince. Il suffit d’un dossier impliquant une amie ou un ami, une connaissance, voire une ou un membre de la famille pour que cette frontière soit franchie et qu’un contexte privé devienne alors un contexte professionnel. Il ne s’agit pas d’interdire au ministre de participer à des activités de nature privée, mais de l’inviter à faire preuve de vigilance en tout temps», pouvait-on lire dans le rapport.
W Investments
Le ministère de l’Économie et Investissement Québec ont versé, en 2020 et 2021, près de 150 M$ en aide financière à six entreprises qui étaient codétenues par Michel Ringuet.
Ce dernier était à ce moment-là mandataire de la fiducie de Pierre Fitzgibbon.
Ces six entreprises: Lion Électrique, LMPG, E2IP, Averna, Gelpac et Meubles Saint-Damase, comptaient toutes W Investments, une firme de placements cofondée par Michel Ringuet en 2019, parmi leurs actionnaires, rapportait Le Journal.
Les dirigeants de ces entreprises avaient toutefois tous assuré que Michel Ringuet n’avait joué aucun rôle dans les transactions avec Québec.
Immervision
Alors qu’il était ministre, Pierre Fitzgibbon est apparu, lors d’un événement public à Las Vegas en janvier 2020, avec la PDG de l’entreprise Immervision, dont il était actionnaire, selon le Bureau d’enquête.
Il y avait ainsi apparence de conflit d’intérêts.
De plus, cette entreprise fournissait du matériel à une entreprise chinoise qui fabriquait des caméras utilisées pour la répression des Ouïghours en Chine, a aussi révélé le Bureau d’enquête.
Le cabinet du ministre avait toutefois déclaré que le ministre ignorait cette information.
Le lave-vaisselle la nuit
Dans la foulée de son projet de loi sur l’avenir énergétique, le ministre Fitzgibbon avait souligné que toutes les avenues pour que le Québec économise de l’énergie étaient envisagées, comme démarrer son lave-vaisselle la nuit et baisser le chauffage à la maison.
Un exemple qui avait suscité de vives réactions chez les Québécois.
– Avec les informations du Bureau d’enquête et du Journal