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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

5 questions à Stéphane Lafleur, auteur, réalisateur et monteur de «Chef d’orchestre»

Radio-Canada
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Photo portrait de Emmanuelle Plante

Emmanuelle Plante

2025-03-01T11:00:00Z
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Créateur unique, Stéphane Lafleur fraye souvent avec la comédie noire. Comme cinéaste, on lui doit Continental, un film sans fusil, En terrains connus, Tu dors Nicole et tout récemment Viking. Des films qui ont tous été primés. Entre deux projets personnels, il est aussi monteur. Philippe Falardeau, Anaïs Barbeau-Lavalette et Xavier Dolan lui font confiance. Parallèlement, il évolue comme chanteur et guitariste du groupe Avec pas d’casque. Sa passion pour la musique a rencontré son désir d’explorer un nouveau format: la série web. Chef d’orchestre suit la peine d’amour du directeur musical Joseph Marchand (qui accompagne Ariane Moffat, Pierre Lapointe, Safia Nolin) alors qu’il veut entreprendre un projet solo. Une série fictive qui multiplie les clins d’œil et qui se dévore comme un film.

Marc-Etienne Mongrain
Marc-Etienne Mongrain

Pourquoi avoir réfléchi à cette histoire en série plus qu’en film?

L’idée est venue d’une vraie peine d’amour de Joseph. J’avais envie de penser l’histoire en épisodes, comme des petits films qui doivent se conclurent en 14 minutes. C’était nouveau pour moi. À partir de là, le filon des cinq étapes du deuil est arrivé. Voir Joseph en contexte de malaise me fait rire. Le plus grand pari était de voir s’il était capable de jouer. Il a fait de la scène, de la télé. Ça ne l’intimide pas. Il n’a aucune pudeur. On a fait un démo pour les demandes de financement et il s’est tout de suite laissé aller.

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Tu joues avec la fine ligne entre le vrai et le faux. Plusieurs artistes (Pierre Lapointe, Michel Rivard, France D’Amour, Emile Bilodeau, Louise Forestier) jouent leurs «propres rôles». Comment as-tu jonglé avec ce mélange des genres?

Le personnage de Joseph est proche de ce qu’il est, mais c’est vraiment de la fiction. On s’est inspiré d’anecdotes. Par exemple, c’est vrai que sa mère lui faisait écouter du Léo Ferré quand il était jeune. Ça crée une personnalité. Tout est un heureux mélange de mise en scène, de jeu. On ne voulait pas tomber dans le faux documentaire, mais plutôt avoir un truc plus décalé, fantaisiste, humoristique. Comme le thérapeute (un mannequin programmé). Même dans son anxiété, Joseph est capable de rire de lui-même. On n’aurait jamais pu faire ce projet sans son autodérision. Quant aux artistes invités, on leur a expliqué que la joke était toujours sur Joseph. J’étais ouvert à modifier des choses dans la situation qu’on leur imposait. C’est leur face, leur image. Mais tout le monde a embarqué. Ce tournage m’a aussi permis un grand privilège: travailler avec Marcel Sabourin. Voir sa technique a été très instructif.

On peut regarder la série plus d’une fois et découvrir chaque fois de nouveaux détails. Les trophées de Michel Rivard dans une boîte, le certificat du psy qui a juste un prénom, les nombreuses bouteilles de tabasco. Est-ce que tout était au scénario?

C’est un immense travail d’équipe. Tout ce qui est à l’écran est le fruit de tous les départements. Ce sont des gens créatifs qui se sont impliqués malgré un budget de série web. La directrice artistique a cousu à la main l’arc-en-ciel du personnage d’émission pour enfant (joué par Charlotte Aubin). Son look, je l’ai vu le matin même. Même chose pour le diplôme quand on a fait un gros plan dessus. En cinéma, on aurait fait des tests pour tout alors que pour le web, avec 12 jours de tournage, ça va à grande vitesse.

Tu es toi-même musicien. Quelle importance accordes-tu à la musique dans la série?

Joseph a composé la musique et je n’ai pas cherché à savoir tous ses secrets. J’aime le son. Il fait partie de nos vies. Il influence notre psyché. Des avions qui passent, le bruit de la machine à café qui nous interrompe. Le bruit vient souvent de la technologie. On s’est créé des irritants.

Vivian Gaumand
Vivian Gaumand
Dans la série, Joseph énerve un peu tout le monde avec sa déprime. Quelle était l’atmosphère sur le plateau?

Ça riait beaucoup. C’est bon signe. Les gens sur le plateau sont le premier public. Joseph était vraiment content. Il débarquait tous les matins avec beaucoup d’enthousiasme. Je pense que l’épisode qui a été le plus difficile à tourner est celui sur la colère. Il devait renverser une poubelle et ne savait pas trop comment faire. Il ne sait pas comment être fâché, ce n’est pas dans sa nature. C’était très drôle pour moi de voir Joseph regarder Joseph dans le moniteur.

Chef d’orchestre, disponible sur ICI Tou.tv extra

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