5 questions à Myriam Berthelet, réalisatrice de «Divergentes», une série documentaire qui aborde la neurodivergence au féminin


Emmanuelle Plante
Le facteur humain, c’est ce qui intéresse Myriam Berthelet dans les projets qu’elle embrasse. Chacun son île, La cour est pleine, Tenir salon, Chassés-croisés et De garde 24/7, dont elle entreprend la 11e saison, en témoignent. Avec Divergentes, elle aborde la neurodivergence au féminin à travers le regard de Coco Belliveau et Naadei Lyonnais, toutes deux diagnostiquées à l’âge adulte. Une série très instructive qui met en lumière des comportements et des ressentis sur lesquels on peut désormais mettre des mots, les filles passant trop souvent sous le radar quand il est question de définition de l’attention.
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On parle de plus en plus de neurodivergence. En quoi cette série peut-elle faire une différence?
On parle surtout de la neurodivergence et de ses symptômes au masculin. Les femmes sont diagnostiquées tardivement. Si les garçons courent au plafond, l’hyperactivité chez les filles est plutôt mentale. On en échappe beaucoup. Toute leur vie, d’autres choses vont émerger comme la dépression et les troubles anxieux. Naadei Lyonnais et Coco Belliveau, nos deux porteuses de quête le vivent. Elles ont la générosité de nous ouvrir leur vie, la confiance qu’elles ont en elles, leur rapport avec les autres, leur hypersensibilité. Elles ont été très game. Leurs symptômes et leur manière de vivre sont différents. La série permet d’aborder toutes sortes de thèmes: le diagnostic, l’amour, l’amitié, la maternité, le travail, l’avenir.
Tourner avec des protagonistes neurodivergentes, est-ce que ça demande des ajustements?
Ça demande de l’adaptation pour que tout le monde soit bien, de la délicatesse et de l’écoute. Nous sommes, avec Maxine Pilon-Lalande [directeur-photo-caméraman] et Patrick Ferland [son], une petite équipe très humaine. On sait par exemple que jaser avec un invité est plus demandant pour Coco. Elle restait dans l’auto pendant qu’on se plaçait pour ne pas avoir à faire le chit-chat du début. Il arrivait que Naadei soit en retard. Pas grave, on prenait de l’avance sur le visuel.
Toutes les protagonistes, y compris les invitées, se livrent avec beaucoup de générosité. As-tu senti que de parler de leur particularité est un soulagement?
Coco et Naadei sont très différentes l’une de l’autre, mais restent toutes deux elles-mêmes. Elles sont très assumées. Coco est drôle. Naadei est multitalentueuse. Elle peut faire plein de choses, mais pas son épicerie. Elles sont charismatiques. Elles nous ont accueillis chez elles, nous ont présenté leurs proches. C’était important pour elles que l’on comprenne comment ça se passe dans leur tête. Mélanie Maynard et Kim Rusk sont aussi les visages de cette diversité. Les problèmes et enjeux sont devenus des forces. Mélanie se permet d’être elle-même. Son unicité est à prendre comme elle est. Kim s’est demandé si elle pouvait être mère. Elle est une mère pas comme les autres avec ses défauts et ses qualités. Les téléspectateurs vont apprendre beaucoup de l’exploration et du vécu de ces femmes.
C’est un sujet qui se vit et qui peut paraître abstrait. Quels ont été tes trucs pour nous le rendre palpable?
Ça passe beaucoup par le cœur, par les émotions. Tout ce qui est théorique est ancré et humain. Les statistiques, symptômes, trucs doivent être vus autrement. J’utilise des images, des Post-it volants. Les vidéos TikTok de Coco viennent alléger le ton.
Coco et Naadei partagent avec générosité leur expérience. Leurs proches témoignent. En quoi avoir un diagnostic change la donne?
Il n’y a pas plus de honte. Elles l’expriment très bien dans la série. Naadei raconte que son TDH a mis en péril une amitié alors qu’elle a failli manquer le mariage d’une de ses amies bien malgré elle. Leur cercle a vu à quel point ça fait du bien et c’est libérateur. Ça permet de détabouiser. Ça permet de trouver des solutions et une manière d’organiser la vie pour permettre des accommodements. Il y a un côté empowerment.
Divergentes
Mercredi 21h sur Ami-télé ou au amitele.ca