5 questions à Alec Pronovost, réalisateur de la série «Agence Brainsto»

Alec Pronovost fait partie de ceux qui ont hissé les séries web à un niveau télévisuel prouvant que le format court est un média artistique en soi, un moyen de raconter une histoire avec une signature particulière. Il s’est aussi fait un nom en comédie auprès d’une bande d’humoristes qui, comme lui, apprécient la liberté artistique du web. Depuis cinq ans, il multiplie les projets. Le killing, Le bœuf haché ou le tempeh, Symphonie pathétique, J’adore le jus sont du nombre. Et que dire de Complètement Lycée, énorme succès en format court qu’Alec a pu mener pour la télé. Le réalisateur a aussi été récompensé pour son travail sur Club Soly. Il termine actuellement À la poursuite du rêve glacé avec Pierre-Yves Roy-Desmarais et Sam Breton. Le voilà qui tire les ficelles de l’Agence Brainsto, une comédie créée par Lelouis Courchesne et Isabelle Larivière qui nous plonge dans des rencontres plutôt loufoques pour venir en aide à des vedettes.

Ton approche diffère-t-elle d’un projet web quand tu entreprends un projet télé?

Mon approche reste la même, mais ce sont les paramètres qui sont très différents. On n’est pas payés en graines de biscuit! Quand j’ai tourné Le Killing, mon premier projet financé, je n’ai pas vu les contraintes budgétaires comme un frein, mais plutôt comme un tremplin. À force à trouver des trucs. J’ai un professeur, Paul Tana, qui disait: «L’art meurt dans la liberté et naît dans la contrainte». Cette citation, j’y pense tout le temps. Des fois, trouver des solutions, c’est plus le fun, ça devient un moteur.

Agence Brainstom est un sitcom, un genre qu’on ne fait plus beaucoup. Quels sont les codes à respecter?

Le sitcom a évolué beaucoup, même aux États-Unis. On n’a qu’à regarder des séries comme Brooklyn 99. Elles sont enregistrées sans public, la caméra est réactive, le focus est sur les personnages, l’action. Je tourne à deux caméras. Il y a beaucoup de texte. Ça me permet plus de marge de manœuvre. Avec une caméra à l’épaule, tu peux zoomer et ajouter de l’humour, du dynamisme.

En quoi la réalisation et le montage contribuent à l’effet comique?

En comédie, la marge de manœuvre est mince. Il y a un rythme, une mélodie. Si tu rates, fais une fausse note, ça ne fait pas rire. C’est un travail de précision. La mise en scène et le montage sont portés par les acteurs. L’amalgame de tout ça nous fait rigoler. Il faut être sévère. Une joke qui ne passe pas, on l’enlève. Pour ce projet, on a eu le plaisir de faire des lectures. Tout le monde a ajouté un flash.

Les membres de l’agence reçoivent de vraies vedettes qui jouent leur propre rôle. Comment les as-tu dirigés comme ils sont eux-mêmes, mais dans des circonstances loufoques?

Avec beaucoup d’autodérision. Lelouis [Courchesne] et moi, on leur a pitché la situation à l’avance. Ils doivent jouer sur une fine ligne. Ils étaient tous là parce qu’ils avaient le goût de s’amuser. Antoine Pilon est un acteur qui va deep dans ses rôles, au point de sauter dans un autre métier. Arnaud Soly veut écrire un livre pour enfants et pense que c’est facile. On a eu un beau défi pour l’épisode avec Lou-Pascal Tremblay. Il teste un jeu de rôles. Ça a été ambitieux pour les décors, les costumes. Il y avait du foin partout.

Avoir une bande d’acteurs comiques autour d’une table doit entraîner quelques fous rires?

Nous avions 30 pages à tourner par jour. On a goalé. Le défi, c’est de garder la discipline. Quand je participe au décrochage, mon assistante à la réalisation me rappelle à l’ordre. Étienne Galois est un bon rieur. Il rit 25 fois par jour. Antoine et lui sont deux bons amis et deux bons décrocheurs. Mais c’est toujours bon signe quand les gens ont du plaisir sur un plateau.

Agence Brainsto

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Dès le 8 avril 21h sur Unis tv