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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

42 chefs à caractère sexuel: troublante preuve amassée contre l’ex-coach de cheerleading Matthieu Martel

L'ex-entraîneur de cheerleading accusé notamment d’agressions sexuelles et de leurre a renoncé vendredi à son enquête sur remise en liberté. Il restera détenu jusqu'à la fin des procédures

Tirée de l'Instagram ''matthmartel''
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2023-10-20T20:30:00Z
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Les faits allégués contre l’ex-entraîneur de cheerleading Matthieu Martel et relatés vendredi dans le cadre de son enquête sur remise en liberté font le portrait d’un présumé prédateur prêt à manipuler ses jeunes athlètes pour assouvir ses instincts sexuels.

• À lire aussi: Visé par 38 chefs d’accusation de nature sexuelle: une campagne de sociofinancement qui choque

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La procureure de la couronne Geneviève Corriveau a fait le long exposé des allégations qui pèsent contre l’ancien entraîneur de cheerleading vendredi. Au total, 42 chefs d’accusation ont été déposés, impliquant 14 plaignantes, sur une période allant de 2010 à 2021.

Les victimes alléguées sont pour la plupart des membres du club de cheerleading que possédait l’homme de 42 ans, le Phoenix.

«Plusieurs se sont senties manipulées», a insisté Me Corriveau, en rappelant le contexte d’autorité dans lequel seraient survenues les infractions.

Trip à trois et grossesse

Le portrait dressé par le ministère public vendredi donne froid dans le dos. 

Les faits rapportés lors de l’enquête sur remise en liberté restent toutefois à être prouvés en cour; il ne s’agit pour le moment que d’allégations.

Matthieu Martel aurait notamment impliqué une adolescente de 14 ans dans une relation sexuelle à trois avec une autre femme majeure, elle aussi forcée.

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Tirée de la page Facebook Matthieu Martel
Tirée de la page Facebook Matthieu Martel

«Il avait prévu que ça se passerait cette journée-là et pour ce faire, il a pris la [femme adulte] par le cou et lui a dit que ça se passerait qu’elle le veuille ou non». Martel aurait également eu une relation seul à seul avec l’adolescente le même jour. 

Au matin, il se serait rendu avec les deux plaignantes à la pharmacie pour acheter la «pilule du lendemain».

Cette ado aurait d'ailleurs eu des relations sexuelles avec le coach à une fréquence de deux à trois fois par semaine pendant presque trois ans.

Une autre victime serait potentiellement tombée enceinte après une relation sexuelle non désirée avec Matthieu Martel. Chez lui, pour discuter d’une rupture et trouver du réconfort, son entraîneur l’aurait plutôt conduite vers sa chambre pour la pénétrer. 

«Elle est tombée enceinte et s’est fait avorter», a indiqué la procureure de la couronne, avant de préciser que les résultats d’un prélèvement récent étaient toujours attendus afin de prouver que Martel était bel et bien le géniteur.

Plaignante de 7 ans

La plus jeune victime était âgée de sept ans seulement lorsque Martel lui aurait exposé des vidéos sexuellement explicites. Actif dans le monde de la spiritualité où il se présentait comme «Traducteur de l’âme», il aurait rencontré la fillette d’une amie alors que l'enfant vivait certaines problématiques personnelles. Deux séances «d'accompagnement» se seraient déroulées avec le «consultant en développement».

«L’enfant a expliqué que Martel lui a montré deux vidéos», a précisé la procureure de la couronne, soulignant que la fillette avait décrit celles-ci dans ses mots d’enfants. 

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«Elle a dit qu’elle se cachait les yeux et que lui disait que c’était beau.»

Crédit photo: Tirée de la page Facebook Matthieu Martel
Crédit photo: Tirée de la page Facebook Matthieu Martel

Des contacts sexuels divers auraient eu lieu avec plusieurs autres plaignantes, notamment lors d'entraînements de cheerleading. Il y aurait aussi eu de nombreuses discussions à caractère sexuel et transmissions de photos obscènes qui ont mené au dépôt d’accusations de leurre et d’exploitation sexuelle.

L’accusé aurait également dit à plusieurs jeunes femmes que «ça leur ferait du bien de coucher avec lui» ou qu’il avait «guéri la fertilité d’une femme avec du sexe». 

Renonciation à l’enquête

Au terme de la présentation de la lourde preuve de la couronne, Matthieu Martel a fait le choix de renoncer à son enquête sur remise en liberté. Le juge Thomas Jacques a donc ordonné sa détention pour toute la durée des procédures judiciaires.

Plusieurs soupirs de soulagement ont émané à ce moment de la salle d’audience bondée où se trouvaient une trentaine de personnes, dont des plaignantes et plusieurs proches et amies les appuyant.

Rappelons que l'homme de 42 ans est détenu depuis sa première comparution en juillet dernier. 

La suite des procédures aura lieu le 7 décembre. 

Le détail des accusations

42 chefs au total

14 victimes

  • Leurre
  • Contacts et incitation à des contacts sexuels
  • Exploitation sexuelle
  • Agression sexuelle
  • Extorsion 
  • Avoir rendu accessible du matériel sexuellement explicite à des mineurs
  • Pornographie juvénile

Exemples d’événements qui sont reprochés à Matthieu Martel

  • Disant vouloir «guérir» une amie de son trauma lié à une agression sexuelle passée, Martel lui aurait dit que le «seul moyen de s’en sortir» était de revivre une agression sexuelle. Même si elle pleurait et le suppliait, l’accusé aurait insisté pour la pénétrer.
  • À une athlète accroupie en douleur dans une salle de bain d’hôtel en raison d’une commotion cérébrale survenue durant une compétition, Martel aurait dit qu’elle se plaçait ainsi pour l’exciter et qu’elle «voulait qu’il la prenne».
  • À une adolescente qui avait de la difficulté à acquitter ses frais d’inscriptions, Martel aurait conseillé de se prostituer. «Il est même allé jusqu’à lui envoyer un lien de site d’escortes», a souligné Me Geneviève Corriveau dans son exposé de preuve. L'accusé aurait également envoyé des photos obscènes à cette adolescente en plus de tenter de la convaincre de faire un «trip à trois» avec sa conjointe et lui.
  • En compétition à l’étranger, dans un hôtel, quand une jeune le rejoint à sa chambre pour se rendre à la piscine, Martel aurait ouvert sa porte nu, avant de prendre la main de l’adolescente pour la placer sur son pénis et de tenter de lui enlever son maillot.
  • De nombreux propos déplacés auraient été tenus par Matthieu Martel envers les adolescentes qu’il entraînait. «Quand tu vas avoir 18 ans, ça va se passer. Attache ta tuque.» «J’aimerais te voir nue.» «Prépare ton condom, ça va se passer.» «Tu n’es pas ouverte au niveau sexualité, si tu étais ouverte, tu serais bi.»
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