Visé par 38 chefs d’accusation de nature sexuelle: une campagne de sociofinancement qui choque
Des gens de l’entourage de Matthieu Martel ont sollicité des dons pour aider l’accusé qui offrait de l’accompagnement spirituel en plus d’être entraîneur de cheerleading


Pierre-Paul Biron
Des gens qui ont participé à des ateliers spirituels offerts par Matthieu Martel sont outrés d’avoir été sollicités pour aider financièrement le coach de cheerleading et «traducteur de l’âme» qui fait face à 38 chefs d’accusation de nature sexuelle, la majorité sur des mineures.
Une campagne de sociofinancement mise en ligne lundi et qui s’intitule «Entraide - Héros» a été largement publiée auprès des gens ayant participé à l’une ou l’autre des activités organisées par Matthieu Martel au cours des dernières années.


«Merci de partager aux bonnes personnes et de donner généreusement», écrit l’organisatrice de la campagne Gofundme dans un message envoyé sur les réseaux sociaux dans l’espoir de solliciter des dons.
«Matthieu ne peut pas travailler en ce moment malgré les comptes et les frais qu’il doit payer», pouvait-on lire dans le descriptif initial de la campagne de sociofinancement, qui a depuis été suspendue, puis complètement retirée de la plateforme.

Vulnérabilité
«Je suis tombée en bas de ma chaise quand j’ai vu ça», témoigne une femme qui a participé à quelques rencontres avec celui qui se présente comme «lecteur d’aura».
Cette dame décrit Martel comme un manipulateur et affirme que son emprise sur ses «fanatiques» est forte. Elle déplore que dans les deux sphères de sa vie, le cheerleading et le coaching spirituel, Matthieu Martel ait réussi à abuser de la vulnérabilité de ceux et celles qu’il accompagnait.

«Autant les jeunes filles mineures qui voulaient se développer, devenir meilleures, gagner des championnats de cheerleading que les gens qui se lancent dans une quête de réponse en raison d’un sentiment de vide intérieur sont vulnérables. Dans les deux cas, c’est une relation bâtie sur la vulnérabilité et la dépendance à lui», raconte-t-elle.
Un affidavit des enquêteurs de la SQ, dont les allégations restent à être prouvées en cour, parle d’ailleurs de ce «contrôle». « [...] Elles avaient une confiance aveugle en lui», peut-on y lire à propos de ses jeunes athlètes.
Événements payants
L’aspect financier de la campagne de sociofinancement choque également alors qu’une source explique avoir abandonné les séances de Matthieu Martel en raison des demandes pécuniaires qui s’y rattachaient.
Le Journal a pu consulter des invitations à divers événements où la contribution demandée va jusqu’à 50$ par personne.
«Toujours en argent, sans reçu», insiste une autre femme qui a elle aussi participé à une activité par le passé.
«À 30 ou 35 personnes par séance, j’ai même déjà vu 60 personnes présentes, ça monte vite, surtout quand c’est direct dans tes poches», soutient l’une de ces personnes, dépassée de voir l’organisatrice placer l’objectif de la campagne de sociofinancement à 50 000$.
Martel offrait aussi des séances individuelles de lecture d’aura ou de nettoyage des esprits à la maison selon nos informations. Encore une fois, payé en argent, sans reçu qui indique les sources. «C’était 90$ de la visite, en virement Interac dans son compte. Puis son horaire avait l’air bien rempli.»
Lourdes accusations
Une intervenante du milieu du cheerleading au fait du dossier et jointe par Le Journal s’est elle aussi dite choquée de voir que certaines personnes étaient prêtes à aider financièrement un présumé agresseur sexuel.
«Ça démontre qu’il a une emprise sur beaucoup de gens. Il y a des mères là-dedans qui ont elles-mêmes de jeunes filles. Ça me dépasse de voir qu’elles le supportent malgré les accusations», confie cette jeune femme qui a côtoyé l’accusé par le passé.

Matthieu Martel fait pour le moment face à 38 chefs d’accusation, notamment d’agression sexuelle, de leurre, d’extorsion, de pornographie juvénile et d’exploitation sexuelle. Son dossier pourrait toutefois s’alourdir alors que la couronne a indiqué mardi avoir reçu un nouveau complément de preuve des enquêteurs à analyser.
L’homme de 42 ans demeure détenu d’ici la tenue de son enquête sur remise en liberté, qui n’a toujours pas été fixée.
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