40e anniversaire de «La guerre des tuques»: où sont Luc et Sophie aujourd'hui?

Maxime Demers
«La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal.» Il y a 40 ans, le public québécois craquait en entendant cette réplique pacifique savoureuse dans le film culte La guerre des tuques. Pour souligner le 40e anniversaire de sa sortie en salle, Le Journal revient sur la création et l’immense héritage de ce classique intemporel qui a marqué des générations d’enfants et d’adultes.
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Il s’est écoulé quatre décennies depuis que Cédric Jourde a prêté ses traits au personnage de Luc, un des deux héros principaux de La guerre des tuques. Pourtant, il ne se passe pas une année sans que celui qui est devenu professeur de science politique à l’Université d’Ottawa se fasse parler du film par un de ses étudiants.
«Chacun a sa propre histoire par rapport au film», relate Cédric Jourde, en entrevue au Journal.
«Il y en a qui me disent qu’ils le regardaient avec leurs parents, d’autres me confient l’avoir vu dans leurs cours d’immersion francophones. Mes étudiants sont nés en 2003 ou 2004, donc pour la plupart d’entre eux, c’est un film que leurs parents ont vu pendant leur enfance. Et bientôt, on va entrer dans la zone des grands-parents... C’est fou!»
Comment expliquer que le film d’André Melançon coécrit par Roger Cantin et Danyèle Patenaude reste encore aussi présent dans notre imaginaire collectif? Ses nombreuses rediffusions à la télé (notamment à Ciné-Cadeau) et la sortie d’une version animée (en 2015) ont certainement aidé l’œuvre à traverser les époques. Mais il n’y a pas que cela.
«Je trouve que c’est un film qui résiste à l’épreuve du temps, signale Maripierre D’Amour, l’interprète de Sophie, l’ennemie et éventuellement amoureuse de Luc.
«La musique et les costumes ont un peu vieilli, mais le reste tient vraiment la route. C’est un beau film marquant pour le Québec.»
Pour celle qui travaille aujourd’hui comme directrice des communications au Quartier des spectacles de Montréal, il n’y a pas que le film qui a révolutionné notre cinéma en lançant la franchise à succès Contes pour tous. Son personnage de Sophie, une fille forte et déterminée qui ose prendre sa place dans une bande de garçons, avait aussi quelque chose d’avant-gardiste à l’époque.
«C’est un personnage important pour notre génération parce que des rôles féminins forts comme ça, il n’y en avait pas à l’époque, souligne-t-elle.
«Pour moi, il y a un avant et un après La guerre des tuques en matière de rôles féminins au cinéma.»

Comme une colonie de vacances
Cédric Jourde et Maripierre D’Amour gardent d’excellents souvenirs du tournage de La guerre des tuques, à l’hiver 1984. Le tout premier film de la série des Contes pour tous devait originalement être tourné dans la région de Montréal, mais l’absence de neige dans la métropole cet hiver-là a forcé la production à se déplacer dans la région de Charlevoix.
Les enfants du film, qui avaient presque tous été recrutés directement par André Melançon et Danyèle Patenaude dans leurs écoles montréalaises, se sont donc retrouvés à vivre tous ensemble pendant plusieurs semaines dans une auberge de Baie-Saint-Paul.
«En tant qu’enfant, c’était une expérience hors de l’ordinaire, un peu comme une colonie de vacances, relate Cédric Jourde.
«On n’avait pas l’impression de travailler parce qu’on nous demandait de jouer à la guerre en se lançant des boules de neige, ce qui ressemblait beaucoup à notre quotidien d’enfant à l’époque. J’en garde des souvenirs d’amitié, de jeu et de fous rires à attendre dans les tentes où on allait se réchauffer en prenant des chocolats chauds.»

La sortie du film, le 3 octobre 1984, a évidemment changé leurs vies. Du jour au lendemain, les gens les reconnaissaient à l’école et dans la rue.
«Personne n’avait vu venir le succès du film et l’impact que cela a eu dans nos vies, confie Maripierre D’Amour.
«Le succès du film nous a pris de court. Je pense qu’on n’était pas prêts pour ça!»
Quarante ans plus tard, Cédric Jourde et Maripierre D’Amour assurent qu’ils prennent encore du plaisir à revoir le film.
«Je l’ai regardé avec mes enfants quand ils avaient l’âge de le voir et je le revois à l’occasion quand il passe à Ciné-Cadeau, indique Cédric Jourde. Ce qui est drôle, c’est que le cerveau fonctionne tout seul et que les répliques sortent oralement ou juste dans ma tête. J’ai encore un attachement très fort au film.»

À propos de La guerre des tuques
- La guerre des tuques a pris l’affiche le 3 octobre 1984.
- Produit par Rock Demers des Productions La Fête, il s’agit du premier long métrage de la populaire série de films pour enfants Contes pour tous.
- La guerre des tuques a récolté plus d’un million de dollars au box-office canadien au moment de sa sortie en salle, ce qui lui a permis de devenir la première production française du Québec à remporter la Bobine d’or, un prix attribué chaque année au film canadien ayant obtenu le plus de recettes aux guichets.
- La guerre des tuques a aussi été vendu dans 125 pays.
- Une version animée, La guerre des tuques 3D, a pris l’affiche en 2015 et a été distribuée dans plus d’une soixantaine de pays.