4 choses à savoir sur Jean Pormanove, le streamer mort en direct

Andrea Lubeck
Le décès d’un streamer français de 46 ans survenu durant une diffusion en direct, le 18 août dernier, n’est finalement pas liée aux sévices qu’il subissait, a révélé l’autopsie. Voici quatre choses à savoir sur la situation.
• À lire aussi: Drake et l’influenceur Adin Ross payeront pour les funérailles du créateur de contenu français décédé en ligne
• À lire aussi: Mort d’un «streamer» en direct en France: un gars «trop gentil manipulé»?
Qui est Jean Pormanove?
Né en 1979, le vrai nom de celui surnommé JP était en réalité Raphaël Graven.
Il a été militaire de carrière et a passé plusieurs années sur la base aérienne 128 de Metz-Frescaty, où il était affecté à l’entretien.
Sa carrière de streamer a débuté en mars 2020. Il est devenu populaire pour ses vidéos dans lesquelles il avait des excès de colère lorsqu’il jouait à des jeux vidéo comme Fortnite ou FIFA.
Depuis quelques années, il résidait avec ses partenaires de streaming surnommés Safine et NarutoVie. Réunis dans un collectif nommé Lokal, ils produisaient des vidéos d’abord sur YouTube et TikTok, puis sur la plateforme de streaming australienne Kick.
Était-il maltraité?
Le streamer vivait de l’humiliation et de la maltraitance de la part de ses partenaires en direct. On pouvait les voir le ruer de coups, en plus de lui crier des insultes et des propos humiliants, notamment.
Une enquête du média français Mediapart, publiée en décembre 2024, avait incité le parquet de Nice à ouvrir une enquête pour «violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables (...) et diffusion d’enregistrement d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne». Safine et NarutoVie ont été placés en garde à vue et ont été relâchés.
Jean Pormanove avait cependant assuré aux enquêteurs qu’il consentait aux actes qu’il subissait.
Nicolas Frérot, un ancien collègue militaire, le décrivait toutefois comme une personne «crédule» et «très influençable».

De quoi est-il mort?
Jean Pormanove était en direct depuis plus de 12 jours lorsqu’il est décédé dans son sommeil, dans la nuit du 17 au 18 août. Durant les 298 heures du stream, on pouvait voir JP, Safine , NarutoVie et Coudoux — qui a aussi subi des sévices — manger, dormir, jouer à des jeux et relever des défis dans l’œil des caméras. On a vu JP être déguisé en bébé avec couche, bavette et suce pour bébé, être attrapé par la gorge, giflé et insulté lorsqu’il dit vouloir abandonner le stream.
C’est lorsque des spectateurs ont noté que Jean Pormanove a arrêté de bouger que NarutoVie décide de vérifier son état. Il lui a d’abord lancé une bouteille d’eau sur la tête, puis, lorsqu’il a vu qu’il n’a pas réagi, s’est rapproché pour constater qu’il ne respirait plus. Le stream a alors pris fin.
Une enquête a été ouverte pour mieux comprendre les circonstances entourant son décès. Plusieurs internautes croient qu’il s’agit du résultat des sévices qui lui étaient infligés depuis des années.
L’autopsie réalisée jeudi souligne toutefois que son décès «n’a pas une origine traumatique et n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers», indique le procureur de la République de Nice, dans un communiqué.
«Les causes probables du décès apparaissent donc d’origine médicale et/ou toxicologique», ajoute-t-il. Des analyses plus approfondies seront menées pour préciser les causes.
Les médecins ont également relevé la présence d’ecchymoses et lésions cicatrisées sur les membres inférieurs de Jean Pormanove.

C’est quoi, au juste, la plateforme Kick?
Comme sur Twitch, des créateurs de contenu peuvent faire de la diffusion en direct (streaming) sur Kick.
Les règles de modération y sont particulièrement souples, ce qui fait que des contenus démontrant de la violence peuvent y être diffusés, contrairement à son concurrent.
C’est notamment pourquoi on a pu voir des images de la maltraitance que subissait Jean Pormanove, malgré les nombreux signalements qui ont été envoyés à ce sujet.
Plusieurs ont dénoncé l’inaction de l’Arcom, le régulateur français des plateformes numériques. Ce dernier s’est justifié de n’avoir pas agi face aux alertes parce que Kick n’avait pas de représentant légal dans l’Union européenne. La plateforme en a finalement désigné un à la suite des événements.
Kick s’est aussi engagé à revoir ses règles de modération et de supervision des contenus.
— Avec des informations de l’AFP, le Figaro et BMFtv