En pleine crise du logement, 1700 HLM sont vides à Montréal
Tandis que plus de 24 000 personnes sont sur la liste d’attente


Anouk Lebel
En pleine crise du logement à Montréal, 1700 habitations à loyer modique (HLM) vacantes pourraient être louées rapidement pour réduire l’interminable liste d’attente sur laquelle plus de 24 000 personnes pâtissent toujours.
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«Ce n’est pas loin de 10 % du parc locatif, en pleine crise du logement. Je n’ai jamais vu ça en 30 ans», s’insurge Robert Pilon, coordonnateur à la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHMQ).
En tout, 2200 logements sont vacants, soit quatre fois plus que la normale, estime-t-il. Environ 500 sont «barricadés» ou retenus pour des locataires qui doivent être relocalisés en raison de travaux majeurs dans leur habitation.
- Écoutez l'entrevue avec Robert Pilon à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 50 via QUB radio :
Mais l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) «traîne de la patte» pour louer les 1700 logements restants, selon lui.
Ces derniers pourraient être remis en état rapidement après des travaux mineurs ou plus importants, comme l’extermination de vermine ou de moisissures. Certains appartements seraient même déjà prêts pour la location.
Une situation qu’il juge «inacceptable» dans le contexte où 24 312 personnes sont sur la liste d’attente, sans compter les locataires déjà en HLM qui doivent être relogés pour des raisons de sécurité ou en raison de travaux majeurs dans leur habitation.
Tina-Lili Gagné est l’une de celles qui ont dû être relogées dans un autre HLM en raison de travaux majeurs dans les 108 logements des habitations Saint-André, dans l’arrondissement Ville-Marie.
La mère de quatre garçons a attendu plus de cinq ans un logement temporaire, avant que les travaux commencent dans son appartement vétuste et infesté de coquerelles, en août dernier.
«Je n’étais plus capable. J’étais supposée déménager et on ne me déménageait pas. C’était l’incertitude et l’insécurité totale, avec pas de bail de signé», témoigne-t-elle.
Punaises de lit
Antoine, qui a requis l’anonymat par crainte de représailles, attend depuis près de cinq ans.
Dès qu’il a emménagé aux Îlots Saint-Martin, dans le sud-ouest, il a voulu être transféré.
Aux prises avec des infestations chroniques de punaises de lit, son cinq et demie est aussi trop petit pour lui et ses quatre enfants. Sa femme est partie en colocation, ne supportant plus de vivre dans ces conditions.
«Quand ils viennent faire des travaux, c’est cosmétique. Ils ne traitent pas le problème de fond. Ils exterminent [sic] un logement et doivent revenir plus tard, car le voisin est infesté», dit-il.
L’OMHM n’a pas pu fournir le nombre total de logements en attente d’être loués, mais indique que le chiffre de 2200 «n’est pas impossible».
«Pour chacun des logements vacants, il y a une raison», affirme le porte-parole Mathieu Vachon.
La pandémie a fait mal, ajoute-t-il, causant autant de retards dans la location que dans les travaux.
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