110e Tour de France: Antoine Duchesne dévoile quelques secrets sur Thibaut Pinot
Thibaut Pinot: «Un être sensible, maladroit et attachant» selon son ami Antoine Duchesne


Jean-François Racine
BILBAO - Grande vedette en France, le futur retraité Thibaut Pinot s’apprête à accrocher son vélo, comme l’a fait son meilleur copain Antoine Duchesne l’an dernier.
• À lire aussi: 110e Tour de France: des partisans basques fiers et passionnés pour applaudir Boivin et les autres
Antistar de l’Hexagone, Pinot a toujours préféré la vie tranquille à celle de champion. Fort déçu de voir le caribou québécois quitter le cyclisme en 2022, Pinot a décidé qu’un an plus tard, il retournerait bichonner ses animaux de ferme, en particulier ses chèvres.
Comme n’importe quel athlète professionnel, les cyclistes redoutent ce moment, mais Pinot n’a jamais beaucoup aimé les projecteurs. Dans trois semaines, 11 ans après son premier Tour, il tournera la page.
«Je pense qu’il va en profiter pour la première fois. Il y a beaucoup de contradictions dans ce qu’il fait. Il n’aime pas l’attention, mais il est bon dans les médias. Il veut sa vie privée, mais il la partage sur Instagram», explique Duchesne, qui a participé à deux camps d’entraînement de son pote comme soutien moral, masseur et cuisinier.

«Après, on allait voir les vaches et les moutons dans la montagne!» raconte-t-il.
Des attentes énormes
Sur le point de conclure un chapitre, Pinot a vécu un superbe Giro en mai, avec l’agressivité d’un attaquant expérimenté.

«Il est dans un bel état. Il a fait ce qu’il fallait, ce qui est rare chez lui. Il a toujours eu trop de choses dans sa vie. Il a envie de bien finir, comme moi l’an dernier», ajoute Duchesne, père d’un petit garçon d’un an et demi.
Vainqueur d’étape à son premier Tour de France et 10e du classement général à 22 ans seulement, Pinot était monté sur la 3e marche du podium final en 2014 avec le maillot de meilleur jeune.

Dans un pays qui attendait alors son gagnant depuis près de 30 ans, les attentes ont été gonflées à grands coups de pompe.
Au cours des années suivantes, c’est toutefois sur le Giro et le Tour d’Espagne qu’il a cumulé les tops 10. Le Tour de France lui a quand même procuré une prestigieuse victoire d’étape au col du Tourmalet en 2019, mais suivi d’un abandon qualifié «de plus grosse claque de sa carrière». Pinot pourrait écrire un bouquin entier sur les espoirs et les désillusions.
Transition difficile
Selon Antoine Duchesne, plusieurs cyclistes qui ont aujourd’hui entre 32 et 35 ans ont connu une transition difficile par moments. Pinot est du nombre.
«Nous sommes arrivés pros un peu old school. C’est devenu tout calculé, on vit comme des moines, on pèse notre bouffe et il faut vivre trois mois en altitude. C’est mieux maintenant, mais c’était plus drôle avant!»
De son côté, Thibaut Pinot est déçu de voir que son ami quittera bientôt l’Europe pour revenir vivre au Québec, mais le duo prépare déjà un voyage ensemble en 2024. «C’est quelqu’un d’extrêmement sensible et pudique. Il veut cacher cette sensibilité qu’il montre d’une façon très maladroite. Ça le rend attachant», a confié Duchesne.
Un beau Tour
À quelques heures de prendre le départ de son dernier Tour de France, les contrastes du Français de 33 ans ont aussi fait sourire son directeur, Marc Madiot, de Groupama-FDJ.
«Comme je lui ai dit, tu vas m’emmerder jusqu’au bout!» a dit le manager, sourire en coin.
À l’aube de sa retraite, Pinot semble serein et confiant. «C’était la dernière fois que je bouclais une grosse valise. Il y a quand même plus d’envie sur ce départ du Tour que certaines fois.»

«Je suis presque sûr à 100%. Il va faire le plus beau Tour de sa carrière», a lancé Madiot.
Les femmes se battent pour faire progresser leur sport

En marge de la plus grande course au monde chez les hommes, les femmes veulent aussi leur part de gâteau, mais l’élan actuel du cyclisme féminin reste très fragile.
En 2023, les trois tours majeurs organisent une course féminine d’environ une semaine. Le Giro féminin s’élance d’ailleurs ce vendredi 30 juin de Toscane.
L’élite mondiale du cyclisme a connu l’été dernier une petite révolution avec la première édition du Tour de France Femmes avec Zwift, le nom de l’épreuve.
La deuxième édition se profile bientôt: le départ se fera sur les Champs-Élysées le 23 juillet, quelques heures avant la finale des hommes.
Une nécessité
«Le Tour était nécessaire pour hisser notre sport un peu plus haut», a affirmé la Slovène Urska Zigart.
Plusieurs équipes professionnelles connues ont aussi une structure féminine sur route, mais la partie est loin d’être gagnée pour obtenir la parité.
La Québécoise Gabrielle Pilote, de l’équipe Cofidis, est toujours en attente d’une confirmation pour le Tour de France.

«Je ne sais pas encore. Pour être prête, je me prépare comme si je le faisais. C’est cool que les organisateurs soient motivés à mettre des plus gros événements pour nous. Ce sont des courses qui font partie de l’histoire et on veut y être. C’est super important, mais parfois, ça se fait un peu de travers. Comme pour les équipes, il faut une véritable volonté et non pas qu’on l’impose», explique l’athlète de 30 ans originaire de Neuville, près de Québec.
Selon la cycliste, il est faux de croire que tout le monde sur la planète vélo est intéressé par le sport féminin.
«On voit de beaux efforts, mais parfois, c’est mieux que des gens ne s’impliquent pas pour éviter des situations désobligeantes. En ce moment, il y a énormément d’argent qui est injecté de notre côté et c’est positif. Quand j’ai commencé, c’était complètement différent.»
Dans cette progression, Gabrielle Pilote perçoit toutefois des inégalités flagrantes. En France, par exemple, les coureuses cyclistes licenciées dans les équipes World Tour ont désormais une licence professionnelle. Ce changement de statut est une victoire pour le vélo féminin. Le niveau de performance des coureuses demeure également un enjeu.
Dénoncer l’inacceptable
«Il y a des équipes avec beaucoup d’argent. Il y a des courses bien bâties aussi, mais sur de plus petits événements, il reste encore des choses qui n’ont jamais été acceptables.»
En 2023, les femmes n’hésitent donc plus à mettre leur pied à terre.

Face à des conditions de sécurité jugées déplorables sur le parcours du Tour féminin international des Pyrénées, la dernière étape de la course cycliste a été annulée le 11 juin dernier. Même si des vidéos ont montré des situations dangereuses, le directeur de course a qualifié le geste des femmes de «caprices d’enfants gâtés».
Le programme basque des trois premières étapes 2023:

- 1er juillet: Bilbao > Bilbao, 185 km
- 2 juillet: Vitoria-Gasteiz > Saint-Sébastien, 210 km
- 3 juillet: Amorebieta-Etxano > Bayonne, 187,4 km
- Samedi, avec départ et arrivée à Bilbao, le duel entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard pourrait déjà être lancé.
- Un puncheur devrait être le premier maillot jaune avec 3300 mètres de dénivelé samedi et deux tremplins dans les 30 derniers kilomètres, les côtes de Vivero et de Pike.
Trois coureurs basques ont déjà porté le maillot jaune:
- 1967 - José Maria Errandonea
- 1968 - Gregorio San Miguel
- 2002 - Igor Gonzalez de Galdeano
- 23 victoires d’étapes pour des coureurs basques
- Afin d’honorer la mémoire de Gino Mäder, décédé sur le Tour de Suisse, le numéro 61 n’a pas été attribué chez Bahrain-Victorious.
- En marge du grand départ, la création de l’organisme SafeR a été annoncée afin d’améliorer la sécurité sur les courses professionnelles.
- Sur les 176 coureurs du Tour de France 2023, l’Américain Quinn Simmons, 22 ans, sera le plus jeune coureur au départ, tandis que le doyen est Dries Devenyns, bientôt 40 ans, chez Soudal Quick-Step.
- Le peloton comptera 12 champions nationaux, un record.
-Le patron de l'équipe Israel-Premier Tech, Sylvan Adams, est le nouveau champion canadien sur route et au contre-la-montre dans sa catégorie chez les maîtres.