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L'article provient de Le Journal de Québec
Sports

110e Tour de France: des partisans basques fiers et passionnés pour applaudir Boivin et les autres

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Photo portrait de Jean-François Racine

Jean-François Racine

2023-06-29T22:19:30Z
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BILBAO | Même une pluie forte n’a pas réussi à éteindre la ferveur reconnue des partisans basques, tous vêtus en orange pour acclamer les 176 cyclistes du 110e Tour de France lors de la présentation des coureurs au Musée Guggenheim.

Le ciel menaçant n’a pas fait disparaître non plus le large sourire du Québécois Guillaume Boivin, visiblement très heureux sur la scène devant des milliers de fans entassés près d’un des bâtiments contemporains les plus connus et appréciés au monde. 

Tout souriant, le Québécois Guillaume Boivin a salué avec fierté la foule de Bilbao, au Pays basque, lors de la présentation des équipes du 110e Tour de France.
Tout souriant, le Québécois Guillaume Boivin a salué avec fierté la foule de Bilbao, au Pays basque, lors de la présentation des équipes du 110e Tour de France. Photo fournie par Yves Perret

«Tu vois la passion des gens qui étaient au rendez-vous à la pluie battante dans les rues pour nous encourager. Ça fait chaud au cœur. Une présentation au Tour de France, c’est toujours fort en émotions», a affirmé le cycliste de 34 ans affublé comme les autres de l’authentique béret noir.  

Photo fournie par Yves Perret
Photo fournie par Yves Perret

Les victoires de Simon Clarke et de Hugo Houle en 2022 ont aussi été soulignées au passage de l’équipe Israel-Premier Tech devant le célèbre musée construit dans les années 1990 au coût de 100 millions de dollars. 

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Deux époques

Sur 360 degrés, le spectacle offert à la foule se déroulait également sur le Nervion, fleuve de la péninsule ibérique qui traverse la ville de Bilbao. L’ancienne star Miguel Indurain a salué le public en liesse et le Slovène Tadej Pogacar avait mémorisé quelques mots pour plaire au public local. 

Un peu à l’image du Québec, les Basques sont fiers de leur langue, l'euskara, de leur culture et de leurs revendications. La loi sur la clarté de Stéphane Dion a même déjà été évoquée ici.  

Photo AFP
Photo AFP

Enfin, la Ville de Bayonne a signé une convention avec l'organisateur du Tour de France, pour entériner la place de la langue basque dans la fête actuelle, de même que dans les trois premières étapes de la course.  

Si la tension a baissé depuis quelques années avec la disparition de la lutte armée, notamment depuis la dissolution de l’ETA, les tiraillements existent toujours et la volonté de s’affirmer demeure bien présente.  

En transition

«Pour moi, c’est un attachement fort et une culture à part entière et un sport national, la pelote basque. Nous avons une langue qui se meurt et on se bat pour sa survie. Quand je veux l’expliquer aux Québécois, je fais des rapprochements», explique Benat Urrutia, un Montréalais originaire de Biarritz. 

Selon lui, les Basques vivent une période de transition. «Ça s’est apaisé, mais l’essentiel ne s’estompe pas, soit un patriotisme fort. L’affirmation est toujours là», termine le vice-président de l’association Euskaldunak Québec.  

Sur le plan plus sportif, le Belge Wout van Aert de l’ultra puissante Jumbo-Visma a voulu chasser la pression en désignant son compatriote et adversaire Jesper Philipsen, comme principal candidat du maillot vert aux points.

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Le Belge Wout van Aert
Le Belge Wout van Aert Photo AFP

Des ambitions cachées

«J’y vais pour des victoires d’étape. Pour moi, Philipsen est plus grand favori. Le profil lui est favorable», a lancé van Aert, qui entretient le flou en ciblant celui qui a gagné deux étapes l’an dernier pour Alpecin-Deceuninck.  

Si Wout van Aert fait du patinage artistique au sujet de ses ambitions personnelles, inutile de préciser qu’il devra aussi aider son coéquipier danois Jonas Vingegaard à réussir le doublé sur les Champs-Élysées. 

Le Danois Jonas Vingegaard
Le Danois Jonas Vingegaard Photo AFP

«C'est un changement de mentalité à 100% cette année. Bien sûr, les choses changent quand on gagne le Tour de France», a conclu Vingegaard, qui n’est plus un aspirant, mais un champion défendant. 

Hugo Houle veut pédaler au Tour de France encore en 2024 avant de tourner la page

À l’aube d’un 5e Tour de France où il espère gonfler un peu plus son palmarès, Hugo Houle a évoqué une autre fois la fin de sa carrière, en 2026. 

Les cyclistes québécois Hugo Houle et Guillaume Boivin après la sortie d'entraînement. Vitoria-Gasteiz 29 juin 2023
Les cyclistes québécois Hugo Houle et Guillaume Boivin après la sortie d'entraînement. Vitoria-Gasteiz 29 juin 2023 Photo Jean-Francois Racine

«Est-ce que j’en ferai six, sept, huit? Je ne pense pas, mais après, en 2026... Il n’en reste pas beaucoup», a-t-il lancé en sifflant son départ éventuel du peloton professionnel.  

Le Québécois affirme qu’il aimerait participer à nouveau au Giro, le Tour d’Italie, avant de faire ses adieux. Toutefois, en 2024, la conclusion de la Grande Boucle se fera exceptionnellement près de son lieu de résidence en raison des Jeux de Paris. 

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Une étape en Italie

«Je veux retourner faire le Giro. Pas l’an prochain, parce que ça finit à Monaco et Nice. Si tu veux aller vite aux Jeux, il faut faire le Tour avant. En 2025-2026, je voudrais bien essayer de gagner une étape au Giro», affirme le cycliste de Sainte-Perpétue. 

Son retrait de la compétition devrait coïncider avec les championnats du monde de cyclisme sur route, qui doivent avoir lieu du 20 au 27 septembre 2026 à Montréal. 

Photo fournie par l'équipe IPT
Photo fournie par l'équipe IPT

En attendant cette échéance, Houle entrevoit un Tour de France excitant et assez ouvert. «Le peloton est tellement relevé qu’il n’y a pas une équipe capable de cadenasser la course comme ce fut le cas à l’époque de Sky par exemple. Ça ouvre la porte aux échappées.» 

Avant de plonger dans l’action, le cycliste s’est limité jeudi à une courte sortie tranquille de 60 kilomètres, avec une reconnaissance partielle de certains parcours. 

«Moi je sais où je m’en vais», a-t-il ajouté, pince-sans-rire. «Ça va être difficile et stressant comme chaque début de Tour de France.» 

Le passage dans les Pyrénées dès les premiers jours calmera la nervosité de quelques acteurs de l’épreuve. Moins de gros noms aspirent au maillot jaune.  

«Une bonne étape de montagne, tu peux mettre tout le monde à sept ou huit minutes alors ça devient plus compliqué.» 

Une motivation inébranlable

Houle admet aussi qu’il est beaucoup plus connu en France depuis son exploit en 2022.  

«Ils savent qui je suis, mais il faut se prouver constamment parce qu’on peut aussi être vite oublié. C’est le même rêve de réussir à nouveau. Je ne pourrai pas égaler la façon de le faire, mais la motivation d’être devant est identique.» 

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En 2023, le plan n’a pas changé dans son cas: rester en santé et avoir un peu de chance. Avec les données chiffrées que possèdent maintenant les athlètes, le bluff est encore permis, mais aucun d’eux ne peut se mentir.  

«Je suis certainement dans la même condition physique que l’an dernier. Je suis très heureux de voir comment je me sens.» 

Enfin, au jeu des prédictions, le Québécois favorise Tadej Pogacar, non sans une petite hésitation. 

Dans le calepin de voyage

  • En vol vers l’Europe sur Air Transat, pouvez-vous expliquer ce que fait un grand gaillard intimidant avec un petit chat sorti d’un sac sur ses genoux? 
  • La ville de Bilbao, beaucoup plus populeuse que Québec, possède son tramway, mais aussi de multiples tunnels bitubes partout pour les voitures. 
  • Les premiers jours du Tour de France seront difficiles pour les analystes puisque plusieurs formations porteront de nouveaux maillots. Plusieurs cyclistes enfileront aussi la tenue distinctive de leur pays à la suite de leur victoire en championnat national la semaine dernière, comme le Danois Mattias Skjelmose chez Trek, ou le Français Valentin Madouas chez Groupama-FDJ. 
  • L’accent québécois est souvent reconnu depuis la première présence de David Veilleux, il y a maintenant 10 ans. Le Français Emmanuel Rousseau, préposé à l’accréditation, voulait se plaindre de la complexité des démarches pour aller travailler dans une scierie de La Tuque. 
  • L’ancienne olympienne Karol-Ann Canuel, directrice générale du Tour de Gatineau, prévu en septembre prochain, se retrouve sur le Tour de France avec un autre cycliste canadien retraité, Alex Cataford. Le duo travaille en communication pour l’organisateur ASO.
  • Pour un trajet de 900 kilomètres entre Paris et Bilbao, il en coûte 155 $ CAN pour tous les péages sur le long trajet. À ce prix, on cherche encore les trous. 
  • Dans une décision étrange, le Français Christophe Laporte a été forcé de répondre en anglais en conférence de presse, et ce, même aux questions posées dans sa langue. Il a baragouiné quatre mots et ce fut terminé. 
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