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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

11 aînés fraudés pour 89 700$: la Couronne conteste la peine clémente offerte à une jeune fraudeuse de Laval

Elle avait pu s’en tirer sans casier judiciaire

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Photo portrait de Valérie Gonthier

Valérie Gonthier

2025-07-09T15:30:00Z
2025-07-09T17:01:19Z
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La deuxième chance offerte par un juge à une fraudeuse, qui échappe à un casier judiciaire même si elle a dépouillé 11 aînés de près de 90 000$, est contestée par le ministère public, qui estime qu’une peine d’incarcération est nécessaire.

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«Le tribunal retient comme éléments et facteurs aggravants qui nuisent à la délinquante qu’elle s’est volontairement impliquée dans un stratagème criminel simple, mais hautement répréhensible considérant qu’il vise spécifiquement les personnes âgées parce que ces dernières sont vulnérables à cause de leur âge, leur isolement et parfois leur incapacité physique», avait dit le juge Simon B. Dolci au palais de justice de Laval, en mai dernier.

Le magistrat avait aussi rappelé que les fraudes de type «grands-parents» sont «un fléau grave».

Malgré cela, le juge avait accordé une absolution à Hajar Benbouhoud, qui s’en est pris à des aînés pour s’enrichir. La Couronne suggérait plutôt une peine d’incarcération de huit à neuf mois.

L’accusée avait 24 ans lorsqu’elle s’est impliquée dans le stratagème frauduleux. Elle venait de perdre son emploi d’agent de bord en raison de la pandémie.

Dans ce type de fraude, une personne appelle un aîné en se faisant passer pour son petit-fils prétendument détenu. L’escroc demande alors de l’argent pour payer sa caution.

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• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Appât du gain

C’est Benbouhoud qui allait récupérer des enveloppes remplies d’argent. Elle a dérobé une somme de 89 700$ à 11 personnes âgées en moyenne de 78 ans.

Chaque fois, elle empochait 250$ à 350$. En trois semaines, elle a amassé 4000$.

Elle avait même demandé de se faire confier davantage d’adresses de victimes pour parfaire ses gains personnels.

Benbouhoud avait été prise en flagrant délit par des policiers. Une victime les avait appelés, après avoir été alertée par le personnel de sa banque.

Lors de la fouille de son véhicule, 24 pièces d’identité frauduleuses ont été retrouvées.

«Elle était motivée par l’appât du gain facile et la cupidité afin de s’offrir des biens de luxes et sortir dans les bars en vogue», avait noté le juge.

Mais depuis, sa vie a pris un véritable tournant. Elle dit avoir mis fin à ses mauvaises fréquentations, elle a terminé sa formation professionnelle en soins infirmiers et elle travaille dans un hôpital ainsi que dans une clinique médicale.

Fait étonnant compte tenu de ses crimes, elle a fait du bénévolat dans une résidence pour personnes âgées.

Rêve de devenir infirmière

«[Elle] a fait le choix d’offrir son aide, pendant 300 heures, auprès de personnes comme celles qu’elle a volées. Certes, ceci ne rembourse pas à proprement dit ses victimes, mais a contribué à la prise de conscience de la délinquante», avait dit le juge.

Même si le «travail d’introspection [de Benbouhoud] reste quelque peu à parfaire», le juge avait rendu une peine qui évite à l’accusée un casier judiciaire. Un dossier criminel mettrait un terme définitif à son rêve de devenir infirmière.

Or, le ministère public est en désaccord avec l’analyse du juge et estime qu’un poids trop grand a été attribué à la réhabilitation de l’accusée.

La magistrat aurait dû accorder une plus grande importance à la gravité subjective des infractions, selon un avis d’appel déposé le mois dernier.

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