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L'article provient de Bureau d'enquête

10 ans d’enquêtes: tout le Québec en parlait

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Jean-Louis Fortin et Éric Yvan Lemay

2023-04-15T04:00:00Z
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La Caisse de dépôt embarrassée 

Photo d'archives, Martin Alarie
Photo d'archives, Martin Alarie

« Malheureusement, Le Journal de Montréal a fait un excellent travail. »

Cet aveu, lancé en mai 2019 par le PDG de la Caisse de dépôt, Michael Sabia, en conférence de presse, en dit long sur le désarroi qu’a vécu son organisation à la suite d’une série d’articles de notre Bureau d’enquête.

Nous avions révélé dans les semaines précédentes une cascade de manquements à l’éthique au sein d’Otéra Capital, la filiale de prêt immobilier commercial de la Caisse.

Notamment :

  • Une vice-présidente d’Otéra, Martine Gaudreault, qui était en affaires et en couple avec un prêteur privé longtemps associé au clan mafieux Rizzuto.
  • Le PDG, Alfonso Graceffa, qui bénéficiait de prêts de sa propre organisation pour ses immeubles à logements.
  • Un économiste d’Otéra, Edmondo Marandola, qui exerçait en même temps des activités personnelles de promoteur immobilier.

La Caisse de dépôt a commandé une enquête externe de 5 M$ à la suite de nos reportages. « Certaines personnes chez Otéra avaient des liens directs ou indirects avec le crime organisé et ceci s’effectuait à l’inté-rieur de transactions personnelles », a notamment conclu Me Stéphane Eljarrat, l’avocat embauché par la Caisse pour chapeauter l’enquête externe.

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Otéra est ressortie de cette saga avec quatre cadres congédiés, dont son PDG, un nouveau code d’éthique digne du 21e siècle... et une réputation à rebâtir. 

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Charest sous surveillance

En avril 2017, notre Bureau d’enquête crée une onde de choc partout au Québec avec une série de révélations concernant la plus importante opération de l’histoire de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) : l’enquête Mâchurer.

Les Québécois apprennent alors que l’ex-premier ministre, Jean Charest, et l’argentier libéral, Marc Bibeau, ont fait l’objet de surveillance policière, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de trafic d’influence, d’abus de confiance et de financement politique illégal. Leurs déplacements à la frontière ont été épiés et de nombreuses informations personnelles les concernant ont été amassées par l’UPAC.

« La police étudie la thèse selon laquelle de grandes firmes de génie et de construction auraient fourni d’importantes contributions politiques illégales en retour de l’octroi de contrats gouvernementaux et de subventions sous le règne libéral, entre 2003 et 2012 », écrivions-nous alors. Des dizaines de témoins ont fourni des déclarations en ce sens à la police.

Mâchurer deviendra l’un des principaux sujets de l’actualité politique, policière et judiciaire au cours des années suivantes. 

Marc Bibeau contestera notamment jusqu’en Cour suprême, pendant près de trois ans, des perquisitions qui visaient ses entreprises. Finalement, en février 2022, après 8 ans de travail et des millions de dollars engloutis, l’UPAC met fin à l’enquête et aucune accusation criminelle n’est déposée. Jean Charest poursuivra l’État québécois, alléguant des dommages à sa réputation. Au début avril 2023, il a gain de cause et obtient un dédommagement de 385 000 $. 

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Le vol du siècle

Photo d'archives
Photo d'archives

Dans l’histoire du Québec, difficile de trouver un crime qui a fait plus de victimes que le méga-vol de données personnelles commis chez Desjardins à partir de décembre 2018. Pas moins de 9,7 millions de personnes, des clients actuels et anciens de l’institution financière, ont vu leurs renseignements subtilisés. Une panacée pour les fraudeurs et les usurpateurs d’identité.

L’employé identifié par Desjardins comme étant le responsable de la fuite, Sébastien Boulanger-Dorval, a été prestement congédié et fait l’objet d’une enquête criminelle par la Sûreté du Québec, mais aucune accusation n’a été déposée à ce jour, 4 ans plus tard.

Au fil des mois, de nombreux reportages de notre Bureau d’enquête ont permis d’y voir plus clair : une poignée de petits prêteurs privés et d’individus au passé criminel se sont échangé les renseignements personnels, entre autres pour cibler des clients potentiels qui pourraient vouloir emprunter de l’argent. Aujourd’hui, les millions de fichiers de clients sont dispersés à jamais sur le dark web. Chaque profil pouvait valoir 1,50 $ sur le marché noir, avions-nous notamment exposé dans nos reportages.

Et dire que Boulanger-Dorval, aujourd’hui reclus et sans le sou, n’a reçu que quelques cartes-cadeau d’épicerie et de restaurants pour son butin...

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