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L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

10 animaux sous la loupe des experts

Des scientifiques ont identifié les virus présents chez les espèces et qui risquent le plus de passer à l’humain

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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2022-06-05T04:00:00Z
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Chimpanzé, gorille, sanglier, voire cheval ou chien : ces animaux possèdent actuellement des virus qui pourraient être responsables de la prochaine maladie d’origine animale à infecter à grande échelle l’humanité.

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« Nous ne pouvons pas dire d’où viendra la prochaine pandémie, mais une dizaine d’espèces ont un très grand nombre de virus communs avec l’Homo sapiens, un prérequis pour la transmission interespèces », explique Timothée Poisot, professeur de sciences biologiques à l’Université de Montréal et auteur principal d’un article qui vient de paraître sur ce sujet dans la revue arXiv

Avec ses collègues du Royaume-Uni et des États-Unis, le chercheur a utilisé l’intelligence artificielle pour identifier les espèces animales les plus susceptibles de transmettre aux humains des virus porteurs de maladies graves, ce qu’on appelle des zoonoses. 

On sait que le coronavirus qui a provoqué la COVID-19 est d’origine animale, même si l’espèce n’est pas encore formellement identifiée, tout comme le virus responsable du sida. La chauve-souris serait à l’origine de la rage et le rat de la variole simienne. Pour savoir quelles zoonoses seraient les plus préoccupantes, les chercheurs ont eu recours à une base de données très complexe comptant 80 000 interactions virus-hôtes possibles.

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De nombreux facteurs

Le chercheur précise que les espèces qu’il a identifiées ne sont pas nécessairement celles qui transmettront à coup sûr le prochain virus capable de déclencher une pandémie humaine, car de nombreux facteurs jouent dans ce phénomène. Un élément capital est la promiscuité que nous entretenons avec certaines espèces.  

« Bien qu’on ait de très nombreux liens génétiques avec les chimpanzés et gorilles, rares sont les humains qui côtoient quotidiennement ces animaux. Par contre, le chien est un animal qui partage l’intimité des humains depuis la nuit des temps », signale M. Poisot.  

Est-ce à dire que la prochaine pandémie pourrait provenir du « meilleur ami de l’homme » ? Il n’y a pas de consensus sur ce point, répond le biologiste, mais le chien est la source de plusieurs « nouveaux » virus qui ont infecté l’humain en Malaisie, à Cuba et en Haïti. 

35 000 heures de calcul  

Hautement théorique, le travail des biologistes a nécessité 35 000 heures d’utilisation des ordinateurs de Calcul Québec, organisme à but non lucratif qui nécessite l’utilisation de super-ordinateurs, des machines 3000 fois plus puissantes que celles qu’on utilise à la maison.  

Au terme de ce travail, une vingtaine de cas ont été retenus. Les chercheurs ont eu la surprise de constater que l’un d’entre eux, responsable de la variole chez la souris, avait effectivement été identifié comme responsable d’une éclosion dans une école chinoise en 1987.  

Leur découverte a permis de repositionner les espèces les plus à risque selon les connaissances actuelles de la science. Alors qu’on suspectait des espèces venues d’Europe, la recherche de l’équipe internationale déplace le regard vers l’Amazonie. C’est là, selon le professeur Poisot, que le potentiel d’évolution virale est le plus grand.  

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CHEVAL DE GAULE

Photo Adobe Stock
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(Equus caballus) 

Dans l’écurie, le cheval peut transmettre la teigne, la gale et la salmonellose. L’espèce sauvage est encore présente principalement dans l’Ouest américain et l’Ouest canadien. 

CHIEN

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(Canis lupus familiaris) 

Descendant du loup gris, le chien est la première espèce domestiquée par l’humain et vit partout dans le monde. Outre la rage, souvent mortelle, le chien peut transmettre des maladies bactériennes comme la leptospirose causant de la fièvre et des dysfonctions rénales. 

CHIMPANZÉ

Photo Adobe Stock
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(Pan troglodytes)

Suspecté d’être à l’origine du sida, un rétrovirus qui l’aurait affecté bien avant l’humain, le chimpanzé serait responsable de la transmission de l’Ebola, souvent mortel pour l’humain. 

GORILLE DE L'OUEST

Photo Adobe Stock
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(Gorilla gorilla) 

Le gorille de l’Ouest est présent dans les plaines de sept pays d’Afrique. Ebola aurait décimé une bonne partie de l’espèce aujourd’hui au bord de l’extinction. Il aurait pu jouer un rôle dans la transmission chez l’homme du virus du sida. 

GORILLE DES MONTAGNES

(Gorilla beringei) 

Ce primate également menacé d’extinction vit dans la région des Grands Lacs d’Afrique. Il porte des maladies comme l’influenza, la méningite et la tuberculose. 

RAT DE CAYENNE

(Proechimys guyannensis) 

En Guyane, on surnomme « maladie du rat » la leptospirose, aussi transmise par le chien. Cette espèce d’Amérique latine est distincte du rat brun (Rattus norvegicus), qu’on trouve dans les villes comme Montréal.  

SANGLIER D'EUROPE

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(Sus scrofa) 

Mammifère originaire d’Europe et domestiqué dans des élevages nord-américains, le sanglier porte une trentaine de maladies transmissibles aux humains, dont la brucellose et la tuberculose.  

SOURIS SYLVESTRE

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(Peromyscus maniculatus) 

Présente au Québec, la souris sylvestre est porteuse d’hantavirus dans son urine, sa salive et ses excréments. Symptômes chez l’humain : fièvre, frissons, maux de tête et douleurs musculaires. Non traitée, la maladie provoque des difficultés respiratoires. 

SOURIS TERRESTRE À GROSSE TÊTE

(Hylaeamys megacephalus)

Limité au continent sud-américain, ce rongeur est responsable de cas de leishmaniose, une infection parasitaire de la peau.

ZYGODONTOMYS BREVICAUDA

(Pas de nom en français)

Cette espèce de rongeur présente en Amérique du Sud a été identifiée comme réservoir du virus de la fièvre hémorragique du Venezuela.

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