Zones inondables: impacts majeurs sur votre hypothèque

Ghislain Larochelle
Depuis septembre 2024, le marché immobilier montréalais est en pleine mutation avec la publication d’une nouvelle carte préliminaire des zones inondables par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).
Des quartiers comme Pierrefonds-Roxboro, Ahuntsic-Cartierville et Rivière-des-Prairies sont désormais considérés comme à risque, bouleversant ainsi la dynamique d’achat, de vente et de renouvellement hypothécaire.
Cette révision, fondée sur des données climatiques avancées, oblige propriétaires et acheteurs à s’adapter à un paysage financier incertain et potentiellement alarmant. La nouvelle carte indique qu’il y a plus de 19 000 logements à risque.
Le financement hypothécaire devient plus restrictif
Face à la nouvelle carte des zones inondables, les institutions financières adoptent une approche plus prudente. Plusieurs d’entre elles refusent maintenant de financer les propriétés situées en zone de grand risque 0-20 ans, qui correspond à un risque d’être inondé au moins une fois sur un horizon de 20 ans, tandis que d’autres exigent une mise de fonds minimale de 35%. Cette situation affecte également les propriétaires existants lors du renouvellement de leur prêt.
«Le financement des propriétés en zones inondables devient de plus en plus difficile à obtenir», souligne Christelle Guenaing, courtière hypothécaire. «Desjardins, leader du marché québécois, a cessé de financer les propriétés en zones à haut risque, sauf à de rares exceptions. Cette tendance est suivie par plusieurs autres prêteurs.»
Elle ajoute que les institutions exigent désormais des preuves de protection adéquate contre les inondations. Sans assurance ou aide gouvernementale, elles demandent souvent des mises de fonds plus importantes et des garanties supplémentaires.
Charles-Antoine Boudreau, courtier hypothécaire chez Planiprêt, souligne qu’il y a certaines banques, comme la Banque Scotia, qui acceptent un prêt si le terrain est en zone inondable et que la maison ne l’est pas. Il souligne aussi que la Banque TD prévoit des exceptions possibles, par exemple s’il y a présence d’une digue ou si la maison est située en hauteur.
Des propriétés qui perdent de leur attrait
Les résidences situées dans les zones identifiées comme à risque sur la nouvelle carte des zones inondables font face à une dépréciation notable. Ces propriétés, qui sont moins attractives pour les acheteurs potentiels et plus complexes à financer, peuvent subir une baisse de valeur estimée entre 10% et 15%, selon mes recherches, même si le gouvernement estime que la nouvelle réglementation des zones inondables entraînera seulement une perte de 4% de la valeur des résidences situées dans ces zones.
De plus, la transparence concernant les sinistres antérieurs est obligatoire lors d’une transaction immobilière ou d’une demande d’assurance. Une propriété ayant subi des inondations peut devenir pratiquement impossible à vendre si elle ne bénéficie pas de protections adéquates ou d’une couverture d’assurance.
Des solutions envisageables
Le gouvernement fédéral développe actuellement un programme national d’assurance contre les inondations, visant à offrir une protection abordable aux citoyens tout en rassurant les institutions financières.
Conclusion
Pour de nombreux propriétaires montréalais, la nouvelle carte des zones inondables vient chambouler leur réalité: maisons qui perdent de la valeur, refus d’assurance, durcissement des conditions de financement... Les impacts sont réels et immédiats. Ce ne sont plus des scénarios hypothétiques, c’est une crise bien réelle. Pour y faire face, il faut s’informer, s’adapter et prendre les bonnes décisions.
Conseils pratiques
- Vérifiez le statut de votre propriété sur la carte officielle des zones inondables.
- Consultez un courtier hypothécaire avant une transaction ou un refinancement.
- Documentez tous les travaux de protection et sinistres antérieurs.
- Renseignez-vous sur les subventions disponibles pour améliorer la résilience de votre propriété.