Yvon Deschamps et Judi Richards nous ouvrent les portes de leur condo en Floride
Daniel Daignault
Joints par visioconférence, Judi et Yvon rayonnent. Ils sont en Floride, à leur condo, et la vie semble très bonne pour le couple aussi célèbre qu’attachant qui ne s’ennuie pas une seconde. Le prétexte de cette discussion est l’émission Yvon Deschamps: Intemporel, qu’on verra le 19 mai, une captation d’un spectacle-bénéfice pour leur fondation.
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Cette émission, intitulée Yvon Deschamps: Intemporel met en vedette des humoristes qui sont montés sur scène, le 19 septembre 2022, au Cabaret du Casino de Montréal, à l’occasion d’une soirée-bénéfice au profit de la Fondation Yvon Deschamps Centre-Sud. Ce n’était pas une soirée comme les autres, parce qu’on avait demandé à ces artistes de livrer chacun un monologue ou une chanson tirés de l’oeuvre magistrale de l’icône de l’humour. Chacun a donc «fait du Yvon Deschamps» à sa façon, mais sans en changer ou en enlever un seul mot. Bref, des monologues qui ont eu une autre vie, le temps de cette soirée, et que nous pourrons apprécier à la télé.
«C’était toute une idée et tout un défi pour les artistes qui ont été approchés! s’exclame Judi. Je n’en reviens pas qu’ils aient dit oui. Le défi était d’apprendre les textes d’Yvon mot à mot. On se souvient, Yvon et moi, que Martin Matte avait appelé à un moment donné pour dire: “T’sais, Yvon, la partie avec les petites roches toutes de la même couleur, toutes de la même grosseur, dans Les unions qu’ossa donne, quand ton personnage s’en va passer la tondeuse chez le boss, on peut biffer ça?” Yvon a dit: “Pardon?”» Le couple éclate de rire. «Finalement, Martin a tout appris mot à mot, et y a peut-être légèrement donné une petite swing à lui, parce que ça sortait très bien.» Autre anecdote, le couple avait rencontré Lise Dion quelques jours avant la soirée au Casino, et il paraît qu’elle était terriblement nerveuse à l’idée de «faire du Yvon Deschamps» en présentant le monologue Les baby-boomers. «Elle a dit: “Tout d’un coup j’oublie quelque chose!” Elle a eu chaud comme ça ne se peut pas, et elle avait ses lunettes, pour voir les écrans et la sécuriser. Finalement, tout s’est très bien passé, elle a été très, très bonne», ajoute Judi.
Yvon dit avoir grandement apprécié sa soirée à entendre ses mots dits et joués par d’autres humoristes. «Je ne me suis pas permis de juger, j’étais un public gagné d’avance. Je les aime tous, et tout ce qu’ils disaient, je trouvais ça bien bon», dit-il en laissant éclater son rire si caractéristique.
Un travail fabuleux
En réentendant ses monologues, Yvon dit avoir pris conscience qu’il y avait bien des choses qui étaient actuelles. «Par exemple, dans le monologue sur les dangers de la calotte polaire qui fond, un texte qui date de 1979, 1980. Aujourd’hui, tu dis que la calotte polaire fond et c’est très d’actualité, mais dans ce temps-là, y avait pas grand monde qui était au courant. Dans Les baby-boomers, Lise a été fabuleuse, comme le dit Judi. On aurait dit que c’était son rythme à elle, qui marche bien avec mon rythme. La difficulté pour eux, c’est que moi, j’ai un rythme très particulier. Il faut embarquer dans ce rythme-là, et ce n’est pas simple. En plus, ce n’est pas nécessairement quelque chose qui se suit parfaitement. C’est-à-dire que tu parles d’une chose, et la phrase suivante est ailleurs complètement. Tout le monde a fait un travail fabuleux. Assis dans la salle, j’écoutais ça, et j’étais très, très, très heureux.»
Lors de cette soirée, Stéphane Rousseau a servi aux spectateurs, devant un Yvon Deschamps ravi, le monologue sur la paternité. «Il connaissait le monologue, il l’avait fait en France, quand il était en spectacle au Bataclan, je pense. Son numéro était fini, mais les gens en voulaient encore et encore, et il a eu l’idée de faire ça parce qu’il s’en souvenait. Il le connaissait donc bien, il était moins nerveux que les autres quand il est monté sur scène», raconte-t-il.
C’est à Benoît Brière qu’avait été confiée la tâche d’animer cette soirée de gala et, outre les artistes mentionnés plus haut, Maude Landry, Judi et ses filles, Sarah-Émilie et Annie, Emmanuel Bilodeau, SU et le duo de danseurs Willow, ainsi que Robert Charlebois, sont montés sur scène. On a entendu entre autres les chansons Aimons-nous et Les fesses. Cette soirée a permis d’amasser plus de 407 000 $ pour la mission de la Fondation Yvon Deschamps Centre-Sud.
Un autre spectacle avec son oeuvre
C’est une grosse année pour Yvon, avec cette émission spéciale et, bien sûr, la présentation du spectacle Yvon Deschamps RACONTE LA SHOP en septembre prochain. «On n’a rien vu encore. Ce sont des acteurs qui vont jouer des scènes et qui vont se partager les monologues sans rien changer. Ça va être un très gros show, il y aura des chansons, des danseurs, des acrobates. Je lui souhaite beaucoup de succès! Moi, j’ai fait ma part, je ne serai pas sur scène, je fais six interventions sur vidéo», précise Yvon. Sylvain Marcel, Elizabeth Duperré, Stéphane Archambault, David Savard et David-Alexandre Després seront notamment du spectacle.
Yvon semble en grande forme. Lorsqu’on lui demande s’il lui arrive, un matin en se levant, d’avoir une idée et de vouloir écrire, la réponse ne tarde pas. «Non, je ne veux pas écrire. Ce que je veux, c’est raconter ma vie. Je ne voudrais pas écrire un autre spectacle, mais j’aimerais faire quelque chose qui s’appellerait “90 ans en 90 minutes”. J’ai tout ça dans ma tête, je pourrais le faire la semaine prochaine, mais j’ai peur qu’il y ait juste 90 spectateurs. (rires) Je ne sais pas si j’ai encore un public, mais je pense que oui, parce que ce sont les gens plus âgés, les 50 ans et plus, qui sortent le plus. Ils ont de l’argent et du temps, ce sont eux qu’on voit dans les salles.»
Une douceur de vivre
Yvon, qui célébrera son 89e anniversaire le 31 juillet, profite chaque hiver du soleil de la Floride. Et ce serait mal le connaître de penser qu’il se la coule douce et n’est pas actif. Aux côtés de Judi, il cuisine. Ils jouent à des jeux sur leur tablette, le piano se fait souvent entendre, et ils adorent jouer au pingpong. Judi et Yvon forment un couple heureux qui ne s’ennuie pas une seconde. «On s’est rencontrés en 1967, et ça fait 55 ans qu’on vit ensemble», dit-il. «Cinquante-cinq ans qu’on est mariés», dit Judi. «Non, on est juste mariés depuis 53 ans!»
«En vieillissant, j’ai encore énormément d’énergie et je peux aider à gérer les choses d’Yvon, les contrats qui arrivent, par exemple, confie Judi. On a une fin de vie solide ensemble, on n’est pas chacun de notre bord à faire des affaires. On a d’ailleurs un autre projet qui s’en vient pour la Fondation à l’automne: notre spectacle annuel, qui s’annonce très prometteur. Pour la première fois, ce ne seront pas des humoristes qui seront sur scène, mais des chanteuses et chanteurs. On aura l’occasion d’en reparler, mais je peux déjà te dire que Gilles Vigneault, Isabelle Boulay, Daniel Lavoie et Bruno Pelletier, entre autres, vont y participer. » Les billets pour ce spectacle qui promet d’être unique ne sont pas encore en vente.
Le couple, qui passe en moyenne quatre mois en Floride, avoue qu’il se déconnecte du quotidien. «On décroche, c’est un petit paradis ici. Et on a des amis, des membres de la famille qui viennent nous rendre visite. Pendant tout le mois de mars, on a eu du monde chez nous», dit-elle. Judi et Yvon aiment aussi aller voir des spectacles. Cet hiver, ils ont vu Laurent Paquin et Mario Jean au Club Tropical, à Hallandale. Deux fois par semaine, Judi suit des cours de claquette, elle a appris à faire du pain grâce à une amie, et tous les matins, Yvon et elle ont leur période au cours de laquelle ils se gardent les méninges alertes en jouant à des jeux sur leur ordinateur, notamment Connections et Spelling Bee. «J’apprends aussi l’espagnol tous les jours, avec l’application Duolingo. À part ça, il faut trouver du temps pour aller à la piscine, faire des repas et manger, appeler des amis. On en profite pleinement et on fait maintenant les choses par plaisir, et non par obligation. On savoure tous nos moments, et avec le beau temps qui s’installe au Québec, on va revenir chez nous bientôt», dit avec un grand sourire la chanteuse qui célébrera ses 75 ans en août. «On a toujours quelque chose à faire, ajoute Yvon, on vit à un autre rythme.» Force est d’admettre qu’à 88 ans, Yvon a trouvé la bonne recette pour garder la forme et l’esprit alerte.
Voyez Yvon Deschamps: Intemporel le dimanche 19 mai à 19 h 30, à TVA. On s’informe sur la Fondation Yvon Deschamps Centre-Sud à fydcs.ca.
