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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Yves-François Blanchet: un adulte dans la pièce

Même s’il était ébranlé par la perte d’un tiers de sa députation, c’est avec stoïcisme et réalisme qu’Yves-François Blanchet a repris son rôle d’«adulte dans la pièce».
Même s’il était ébranlé par la perte d’un tiers de sa députation, c’est avec stoïcisme et réalisme qu’Yves-François Blanchet a repris son rôle d’«adulte dans la pièce». Photo Ben Pelosse
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-04-30T04:00:00Z
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Menée sous l’ombre menaçante de Donald Trump, cette élection atypique s’est terminée sur des résultats en montagnes russes. Même si, au moment d’écrire ces lignes, son gouvernement est minoritaire, la victoire de Mark Carney n’en est pas moins historique.

Présider à la résurrection d’un parti usé par 10 ans de pouvoir et devancé de 20 points par son adversaire depuis deux ans est déjà un exploit notoire. Remporter un quatrième mandat d’affilée, encore plus.

Je reviendrai plus tard sur le lourd carnet de charges de Mark Carney.

Au Québec, ce qui marque le lendemain de l’élection est d’une autre eau. Oui, le Bloc Québécois, soufflé lui aussi par la tempête Trump, a perdu un tiers de ses députés au profit des libéraux.

Or, l’appel à voter Bloc, lancé in extremis aux électeurs par son chef Yves-François Blanchet puisque, de toute manière, la victoire des libéraux était inéluctable, a contribué à le sauver de bien pire.

Mardi matin, le chef bloquiste persiste et signe. Il a aussi réitéré son offre de «collaboration non aveugle» faite au gouvernement Carney.

Même s’il était ébranlé par la défaite de collègues députés, c’est avec stoïcisme et réalisme qu’il a repris son rôle d’«adulte dans la pièce».

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Humilité et stabilité

Dans le tumulte ambiant, les deux mots que veulent entendre les Québécois, a-t-il lancé, c’est «humilité» et «stabilité».

«Humilité» devant la guerre commerciale et ses effets sur le Bloc. «Stabilité» face à la nécessité de montrer un front uni au Parlement pour mieux négocier la suite des choses.

Son prix? Qu’il y ait une «trêve partisane» à la Chambre des communes. Aussi, que Mark Carney fasse une «pause» de toute «attitude belliqueuse à l’endroit de la langue française, de la laïcité, de la capacité d’accueil du Québec en immigration», etc.

Son objectif? Tenter d’éviter de se retrouver à nouveau dans un Parlement paralysé comme il le fut jusqu’à sa prorogation par Justin Trudeau. Sans quoi faire face à Trump serait encore plus compliqué.

Ajoutons que la défaite de Pierre Poilievre dans son comté aidera aussi pour un temps à protéger le Parlement de sa présence perturbatrice et hyperpartisane.

Ne pas tirer sur l’ambulance

Plus étonnante est la réaction de Paul St-Pierre Plamondon. Mardi, en plus de critiquer la stratégie de M. Blanchet, le chef péquiste s’est désolé de le voir offrir sa collaboration à M. Carney.

Rappelant qu’il voyait lui-même le premier ministre canadien comme une «menace existentielle» à la nation québécoise, M. Plamondon a prédit qu’il ne voudrait jamais collaborer avec le Bloc.

«J’espère que le Bloc, a-t-il même ajouté, revienne un peu plus à ses racines indépendantistes.»

Face à un «parti frère» déjà éprouvé, un désaccord aussi majeur sur la place publique est bien la dernière chose dont le chef bloquiste avait besoin.

Depuis la fondation du Bloc, c’est sûr que les «chicanes de famille» n’ont pas manqué entre les chefs successifs des deux formations souverainistes.

Lorsqu’un des deux vit une épreuve, il serait néanmoins plus sage pour l’autre de s’abstenir de tirer en plus sur l’ambulance.

Qui plus est, avec la guerre commerciale, les deux chefs se retrouvent dans des dynamiques parlementaires complètement différentes. M. Plamondon en prendra-t-il acte?

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