Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Yves-François Blanchet découvre l’art du possible

The Canadian Press
Partager
Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-04-22T04:00:00Z
Partager

La politique, dit-on, est l’art du possible. Après avoir peiné à s’adapter à une campagne électorale conditionnée par la tempête Trump et une montée sans précédent de patriotisme à travers le pays, Yves-François Blanchet semble l’avoir enfin compris. 

À preuve, depuis quelques jours, y compris dimanche soir à l’émission Tout le monde en parle, le chef bloquiste s’est montré réaliste, pragmatique et, ce faisant, plus stratégique.

Devant l’avance marquée du PLC au pays et au Québec, il a dit tout haut ce que bien des analystes, par prudence coutumière, n’osent pas encore dire tout haut.

Soit qu’à moins d’une remontée miraculeuse des conservateurs de Pierre Poilievre d’ici le 28 avril, une victoire des libéraux de Mark Carney est «plus que probable». Qu’elle soit majoritaire ou minoritaire.

Le fait est que la combinaison d’un président fou à Washington et de l’arrivée d’un Mark Carney vu depuis par plus de 40% des électeurs comme l’homme de la situation, a fait disparaître l’avance tenace de 20 points qu’avaient pourtant les troupes conservatrices de Pierre Poilievre depuis deux ans.

S’adaptant au réel, M. Blanchet en prend acte. D’où son appel in extremis aux électeurs bloquistes tentés de voter libéral d’y réfléchir à deux fois.

Publicité
Bloquer Pierre Poilievre 

Il est vrai que si des souverainistes de longue date veulent voter libéral, c’est tout d’abord parce qu’ils se cherchent eux aussi un premier ministre capable de protéger l’économie canadienne de la guerre commerciale insensée lancée par Donald Trump contre la planète.

Du même coup, c’est également pour bloquer Pierre Poilievre, dont les méthodes et les airs de mini-Trump canadien déplaisaient déjà à une vaste majorité d’électeurs au Québec.

Or, selon M. Blanchet, maintenant que la victoire de Mark Carney et la défaite de Pierre Poilievre seraient «plus que probables», voter pour le Bloc Québécois n’empêcherait plus ni l’une ni l’autre.

À Tout le monde en parle, cherchant à rassurer les électeurs, il s’est aussi montré prêt à «collaborer» avec un prochain gouvernement Carney.

«Notre travail à nous, a-t-il dit, c’est de protéger la différence québécoise. Si cette différence est respectée, je pense qu’on peut travailler ensemble.»

Judo politique 

Pratiquant son nouveau judo politique, M. Blanchet a également dit de Mark Carney qu’il «n’est pas de commerce désagréable». Une déclaration aussi aux antipodes du ton hyper partisan de M. Poilievre.

Après s’être souvent plaint de ne pas avoir été contacté par le chef libéral pour discuter de la situation face à la Maison-Blanche, le chef bloquiste, mesurant bien son effet, a alors révélé que les deux hommes, suivant le débat des chefs en anglais, avaient enfin échangé leurs numéros de cellulaire.

«En six ans avec Justin Trudeau, a-t-il laissé tomber pour tenter d’amadouer des électeurs bloquistes hésitants, je n’ai jamais eu son numéro de cellulaire.»

En plus d’une défaite probable de Pierre Poilievre, cette alliance toute circonstancielle qu’Yves-François Blanchet semble vouloir tisser avec Mark Carney réussira-t-elle à ramener au bercail une partie des électeurs bloquistes perdus?

La réponse lundi soir prochain.

Publicité
Publicité