Xi Jinping, un dictateur à vie ?
Loïc Tassé
Il faut une bonne dose de prétention pour s’estimer irremplaçable. Il en faut une encore plus grande pour convaincre 1,4 milliard de Chinois d’une pareille folie.
Cet exploit, Xi Jinping semble sur le point de l’accomplir, au 20e Congrès du Parti communiste chinois qui s’ouvre demain.
Xi est parvenu à persuader les membres du parti grâce à des persécutions politiques, à des purges, à des campagnes idéologiques, enfin grâce à toute la panoplie de moyens amusants et intéressants qui sont à la disposition d’un dictateur qui veut durer.
1. Un prolongement du mandat de Xi pourrait-il être bon pour la Chine ?
Il serait possible de trouver un certain mérite à un tel prolongement de mandat si Xi était un dictateur éclairé. Mais il est devenu un dictateur obsédé par les enjeux de sécurité. Un dictateur dont les mauvaises décisions ont nui à la Chine.
2. Quelles ont été les mauvaises décisions de Xi ?
Les mauvaises décisions de Xi sont devenues plus nombreuses à mesure qu’il concentrait de plus en plus de pouvoirs entre ses mains. Ainsi, sa politique de mise en quarantaine de villes entières dès que quelques cas de COVID-19 y sont détectés enrage beaucoup de Chinois.
Avec raison, d’autant plus que cette politique draconienne mine l’économe chinoise et l’économie mondiale. De même, l’écrasement impitoyable du mouvement démocratique à Hong Kong et la loi liberticide sur la sécurité nationale ont fortement contribué à l’élection d’un gouvernement indépendantiste à Taïwan.
La gestion irresponsable des débuts de la COVID-19 et les mensonges sur la contagiosité du virus ont discrédité le gouvernement chinois.
Le génocide des Ouïgours est aussi inutile que coûteux pour l’image de la Chine. Sa politique de développement des régions pauvres a généré une quantité pharaonesque de mauvais prêts bancaires.
3. Pourquoi Xi est-il obsédé par les enjeux de sécurité ?
Xi est guidé par la peur. Il craint que les hauts membres du Parti communiste l’expulsent de son poste de président. Il craint que les minorités nationales se transforment en cinquième colonne. Il redoute que la démocratie de Hong Kong s’étende à toute la Chine.
Il a peur que les autres pays du monde cessent de coopérer avec la Chine, que son armée monte un coup d’État contre lui, que la population chinoise cesse de le craindre et ainsi de suite.
4. Xi est-il certain de garder son poste ?
Étant donné l’opacité de plus en plus forte du gouvernement chinois, il est difficile de savoir ce qui se trame. Il serait surprenant – mais pas impossible – que Xi ne soit pas reconduit dans ses fonctions.
La question semble avoir été réglée cet été à Beidaihe, la grande station balnéaire où les hauts dirigeants chinois passent ensemble leurs vacances. La plus grande inconnue concerne les grands dirigeants qui seront nommés aux côtés de Xi.
Xi parviendra-t-il à écarter des candidats de factions rivales, en particulier de celle de Jiang Zemin, un ex-président de la Chine, ou se fera-t-il imposer des collaborateurs qui ménageront ses ardeurs ?
5. Que pourrait impliquer le maintien de Xi à la présidence ?
Xi a profité de la lancée sur laquelle Deng Xiaoping avait placé la Chine. Comme Xi retourne à une logique maoïste, il pourrait tenter d’accélérer l’expansionnisme chinois. Il est probable qu’à long terme il affaiblira la Chine. Mao avait mené la Chine au bord du gouffre. Xi pourrait aller plus loin et précipiter son pays dans le gouffre.
