William Cloutier s’insurge contre des vidéos grossophobes générées par l’IA
Alice Fournier
Le chanteur William Cloutier dénonce des vidéos grossophobes supposément drôles générées par l’intelligence artificielle (IA). Il en voit passer de plus en plus sur les réseaux sociaux, ce qui inquiète des experts interrogés par 24 heures.
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«Personnellement, ce genre de contenu suffit à me créer des troubles alimentaires. Je n’imagine même pas nos enfants qui tombent là-dessus», écrit le gagnant de Star Académie dans un message publié mercredi sur les réseaux sociaux.
L’artiste se souvient de personnalités publiques qui se sont fait blâmer pour des blagues de mauvais goût. Or, il s’inquiète maintenant que des gens se cachent derrière l’IA pour publier n’importe quoi, sans conséquences.
«Avec l’IA, on a le dos large», déplore-t-il en entrevue à 24 heures.
Selon lui, les vidéos créées avec l’IA cognent «sur les mêmes clous» de la grossophobie et du racisme et risquent de nous ramener en arrière comme société.
«Où s’en va l’humour? Où s’en va la création de contenu?», demande-t-il.
Des vidéos plus populaires
«J’en ai vu [des vidéos] qui touchaient à la xénophobie, au racisme ou à des trucs un peu sexistes», confirme la chercheuse Laurence Grondin-Robillard.
Elle remarque que ces vidéos, qui se veulent humoristiques, gagnent en popularité sur les réseaux sociaux. On risque d’ailleurs d’en voir de plus en plus souvent, prédit celle qui est professeure associée à l’École des médias de l’UQAM.
«Dans la dernière année, Sora d'OpenAI est apparue pour générer des vidéos, Veo 3 de Google aussi est souvent utilisé», explique-t-elle.
Il existe même des formations pour apprendre à monsieur et madame Tout-le-Monde à générer leurs propres vidéos en utilisant un ou l’autre de ces logiciels. Et le plus inquiétant, selon Laurence Grondin-Robillard, c’est que les créateurs de ces contenus peuvent «se dissocier du propos en disant que c’est l’IA qui l’a généré».
Des préjugés qui durent
Les vidéos comme celles dénoncées par William Cloutier contribuent à renforcer les préjugés vis-à-vis des personnes grosses, regrette pour sa part la nutritionniste Andrée-Ann Dufour Bouchard de l’organisme Équilibre.
«On croit que les gens ont facilement le contrôle sur leur poids, mais c’est faux», souligne-t-elle.
«On est encore dans une société où la minceur est valorisée, près de la moitié des Québécois croient encore que les personnes grosses ne sont pas en forme physique», poursuit Andrée-Ann Dufour Bouchard.
Elle insiste d’ailleurs: «La honte et la stigmatisation, ça ne va pas être favorable pour la santé de personne.»