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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

«War Plan Red»: le plan américain d’invasion du Canada

Photo tirée du compte Truth Social de Donald Trump.
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2025-02-16T05:00:00Z
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Élaboré aux États-Unis par le département de la Guerre, le «Plan de guerre rouge» (War Plan Red) a été approuvé en 1930 et mis à jour en 1935. Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939, aucune modification n’y fut apportée, mais il resta cependant «classifié» jusqu’en 1974.

Le plan supposait que la Royal Navy aurait initialement le dessus, mais que les Américains finiraient par vaincre les Anglais. On sait depuis que les militaires britanniques considéraient qu’il serait impossible de défendre le Canada contre les États-Unis et estimaient que la perte du Canada ne serait pas décisive pour la Grande-Bretagne.

La mise à jour de 1935 de ce «Plan de guerre» stipulait que les États-Unis conserveraient «à perpétuité» tout territoire conquis au Canada. Mais si jamais les États-Unis perdaient, on supposait que la Grande-Bretagne exigerait que Washington lui cède l’Alaska.

Invasions américaines repoussées

Deux fois, les Américains ont tenté – sans succès – de prendre le Canada. D’abord, pendant leur guerre d’indépendance, les colonies rebelles ont attaqué le Québec en 1776, et ensuite, lors de la guerre de 1812, alors que les États-Unis étaient proches de la France napoléonienne.

Mais la menace était toujours là. La capitale du Canada fut placée à Ottawa parce que les Britanniques voulaient l’éloigner de la frontière américaine et rendre sa prise plus difficile en cas d’invasion.

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Pendant la guerre de Sécession (1861-1865), on a craint une attaque par les forces de l’Union. L’Angleterre soutenait les sudistes. Des agents et des espions confédérés opéraient aux États-Unis à partir de Montréal.

C’est en partie pour assurer à ses colonies nord-américaines une meilleure capacité de défense que Londres les a unis dans le Dominion du Canada en 1867.

L’attaque américaine tous azimuts

Le Plan «rouge» prévoyait de prendre d’abord Halifax. Des troupes venant d’Albany dans l’État de New York et du Vermont marcheraient sur Montréal et Québec, tandis que des forces américaines de Détroit s’empareraient de Toronto. Des unités de Fort Drum près de la frontière canadienne avanceraient vers Ottawa.

Chose surprenante, contrairement aux conventions internationales, le plan de guerre américain autorisait «l’utilisation de la guerre chimique, y compris l’utilisation d’agents toxiques, dès le début des hostilités».

En 1935, les États-Unis ont encore dépensé 57 millions de dollars pour mettre à jour leur plan d’invasion du Canada. Ils construisirent trois aérodromes militaires camouflés en aéroports civils près de la frontière et organisèrent le plus grand exercice de guerre de l’histoire des États-Unis impliquant quelque 36 000 soldats à Fort Drum. Lorsque l’affaire fut révélée par inadvertance aux journaux, le président Roosevelt fut obligé de déclarer publiquement que les États-Unis n’avaient aucune intention d’entrer en guerre avec le Canada.

Jusqu’à présent, Trump n’a mentionné aucun recours à la force militaire pour s’emparer du Canada. Il a déclaré qu’il utiliserait plutôt la «force économique». Il faut exercer la plus grande méfiance quand un menteur sériel pathologique comme lui tient de tels propos.

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